Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
Mon amour pour la magie est apparu dans les années 1970, en France, quand j’étais petit, en regardant les programmes télévisuels avec José Garcimore et Gérard Majax.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Dans les années 1980, à l’âge de quinze ans, habitant au Portugal, en feuilletant une revue, j’ai vu une publicité d’un magicien qui proposait des cours. C’était Tony Reis qui, par correspondance, m’enseigna des tours de magie (à l’époque il n’y avait pas d’Internet). L’apprentissage ne fut pas facile. Il fallait que j’apprenne tout seul les techniques parce que je ne connaissais pas de magicien proche de chez moi pour m’aider.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. À l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
En août 1985, en voyage à São Paulo au Brésil, je suis tombé sur une boutique de magie qui s’appelait Templo das Mágicas, de l’illusionniste Morgan. Comme il donnait des cours de magie, je me suis inscrit et, pendant le mois de mes vacances, j’ai appris à devenir magicien et obtenue un diplôme. Jusqu’à mes vingt ans, j’ai fait quelques spectacles pour l’école et des associations humanitaires. Cette passion est restée en standby à cause de ma vie militaire professionnelle jusqu’en 2001. C’est à ce moment que j’ai commencé à fréquenter les associations et festivals de magie et depuis je ne me suis plus arrêté, réalisant beaucoup de spectacles au Portugal et en Espagne. Avec toutes ces rencontres et aussi avec l’aide de quelques magiciens, principalement avec Miguel Ângelo, mes techniques et mes connaissances se sont grandement améliorées.
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos créations, spectacles et numéros.
J’aime la globalité des domaines magiques (magie générale, close-up, cartomagie, mentalisme, etc.), mais je me suis spécialisé dans la magie générale, principalement en scène. Je travaille aussi souvent dans des conditions de salons ou en pleine air. Dans mes numéros je réalise des routines classiques de cordes, de mouchoirs, d’anneaux chinois, ainsi que des tours parlants avec la participation des spectateurs.
Vous faîtes partie de l’association Museu da Magia Portugal qui a ouvert un musée à Ermesinde. Pourquoi, quand et comment est né ce projet ? Quel est votre rôle dans cette association ?
Miguel Ângelo et moi sommes copains depuis de longues années, et nous sommes des passionnés de magie. Pour ma part, je m’intéresse beaucoup à l’histoire de l’art magique, principalement portugaise. Miguel, lui, s’intéresse plus à la préservation et à la mémoire des magiciens nationaux. Au tout début, on se promenait et on cherchait des appareils et des livres anciens de magie. Un jour, nous avons été contactés par le magicien Dick Marvel qui était très malade. Il nous a proposé son matériel. En visitant sa maison, et en voyant toute cette matière, nous nous sommes dit que si nous ne les acquérions pas, tout cela disparaitrait à jamais. C’est à ce moment-là qu’on a eu l’idée de faire un musée dans le but de préserver l’histoire des magiciens portugais et aussi de faire connaître à la société portugaise l’importance de la magie. Pour pouvoir soutenir financièrement ce projet, nous avons créé une association : Associação Museu da Magia Portugal, dont Miguel est le président et moi le vice-président.
Pouvez-vous nous parler des différentes associations et clubs de magie du Portugal ? Comment sont vos relations ? Collaborez-vous ensemble ?
Au Portugal il existe l’API – Associação Portuguesa de Ilusionismo (Lisbonne), le CIF – Clube de Ilusionistas Fenianos (Porto), le CAM – Clube Amigos da Magia (Montalegre) et Magic Valongo (Ermesinde). Nos relations avec eux sont bonnes.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Les magiciens qui m’ont le plus marqué dans ma vie sont José Garcimore, Gérard Majax, Doug Henning, David Copperfield et Lance Burton.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Tous les styles m’impressionnent, tant que l’artiste exécute parfaitement son numéro et qu’il arrive à transmettre la « vrai magie ».
Quelles sont vos influences artistiques ?
Ma vraie influence c’est le style français, poétique. Mais j’aime aussi le style espagnol, plus dynamique et joyeux.
Quels conseils et quels chemins conseiller à un magicien débutant ?
Quand on est débutant, on essaye toujours d’acheter tous les trucs pour savoir comment ça marche et c’est normal. Ce que je conseille c’est d’assister au maximum de conférences de magicien, dans toutes les catégories, non seulement pour apprendre des techniques et des « nouveaux tours », mais aussi, et surtout, pour apprendre la philosophie magique. Arturo de Ascanio, Juan Mayoral, Roberto Giobbi, Topas sont, par exemple, des magiciens qui ont cette philosophie. Apprendre les techniques théâtrales et les techniques d’éclairages sont aussi importantes.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
La magie actuelle a beaucoup évolué, en techniques, en artistiques et en innovations, aussi grâce à la facilité de communication entre les magiciens.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Tandis qu’on voit, dans d’autres pays, l’intérêt des gouvernements et des institutions pour la culture et l’art magique, au Portugal ce n’est pas le cas. Pour ceux qui veulent monter un spectacle ou un festival, cela est très difficile à cause des aides de l’état qui n’existent pas.
À visiter :
– Le site du Museu da Magia Portugal
Interview réalisée en octobre 2024. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Miguel Ângelo / Cristóvão de Lima / Montalegre. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.