Comment êtes-vous entrée dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Je me suis entraînée comme danseuse dès le plus jeune âge. J’ai ensuite intégré le Ballet national du Canada comme étudiante. Je regardais le magicien canadien Doug Henning comme une enfant à la télévision, mais je ne savais pas encore que la magie serait mon destin. Une blessure au tendon a changé mon orientation de ballet classique et j’ai passé des auditions et obtenu un emploi avec le cirque Tivoli au Canada ; qui m’a conduite à d’autres contrats dans d’autres cirques comme voltigeuse, trapéziste, perchiste et jongleuse. J’ai travaillé dans le spectacle Splash avec le jongleur Wally Eastwood, et à Las Vegas où j’ai été fascinée par le magicien vedette Barclay Shaw. Je l’ai observé du mieux que je pouvais.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’étais fascinée par les performances de Barclay Shaw et il m’a suggéré de devenir une magicienne à mon tour. Il a tout de suite vu que je voulais faire ce métier et devenir une magicienne comme Cléopâtre. Son manager m’a proposé de mettre au point un spectacle avec lui. Ce fut la première des nombreuses étapes pour devenir une magicienne professionnelle. Vivre et travailler à Las Vegas étaient une vraie chance pour moi. J’ai eu accès aux meilleurs spectacles du monde et j’ai pu m’inspirer de différents artistes pour créer mon propre style de magie.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Don Wayne m’a influencé et m’a appris le côté technique des illusions et de la performance magique. Joanie Spina a travaillé avec moi comme directrice artistique de mes spectacles. Shimada m’a appris mon numéro de colombe. Daniel Cros m’a aidé à développer mes compétences en close-up. Tim White a construit grand nombre de mes illusions originales et Geno Munari a été d’une énorme influence et fut mon mentor.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Mon créneau dans la magie est théâtral et physique. Je combine l’illusion, la danse, le mouvement et la mise en scène pour créer des scénarios. Mes spectacles sont techniques et sont créés pour les grands théâtres et des apparitions à la télévision dans le monde entier.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
J’ai été très chanceuse d’avoir côtoyé tant d’artistes talentueux. Les magiciens qui m’ont inspiré pour créer se nomment : Ed Alonzo, Lance Burton, David Copperfield, Christopher Hart, Norm Nielsen, Penn & Teller, Shimada, Siegfried et Roy, Arturo Brachetti et Kevin James. Les artistes féminines qui m’ont inspiré sont Cher, Bette Midler, Shirley Maclaine, Céline Dion, Liza Minnelli, et Madonna.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime la magie qui est artistique, drôle, intelligente et différente. J’apprécie les performances scéniques et la magie comique plus que le close-up. Je ne suis pas fan de la magie des cartes, bien que je respecte les compétences et la discipline qu’il faut pour le faire. Je plaisante, les seuls tours de cartes que je pratique sont ceux avec des cartes de crédit !
Quelles sont vos influences artistiques ?
J’adore toutes les formes de divertissements comme l’art (classique et moderne), la photographie, les films, d’autres artistes de scène et la musique. Tous ces éléments ont influencé mes choix au fil des ans.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Utilisez vos compétences et intégrez des choses que vous aimez et qui peuvent vous influencer dans votre numéro ou votre spectacle. Réfléchissez longuement et durement avant de dépenser de l’argent. Essayez de créer vos propres routines et effets magiques. Soyez audacieux, mais réaliste. Apprenez à coudre, dessiner, construire, concevoir et à réaliser. Laissez-vous inspirer par les autres, mais ne copiez pas. Ayez connaissance des classiques de la magie puis rendez les personnels et uniques. Utilisez la technologie pour réinventer des routines connues. Aimez ce que vous faites, respectez les autres et traitez les gens comme vous aimeriez être traité.
Rick Marcelli m’a dit une fois : « un timbre-poste est de la même taille qu’une voiture à la télévision ». Ce n’est pas l’argent que vous allez dépenser avec vos illusions qui vont faire de vous un bon interprète ; c’est la créativité, votre performance, votre charisme et le style qui feront vraiment la différence et vous consacreront en tant qu’artiste unique.
Le monde du divertissement souffre de la situation économique actuelle. Les réservations sont beaucoup moins nombreuses qu’avant et la concurrence est féroce. Considérez les coûts de votre numéro ou de votre spectacle avant de vous engager. Au cours des dernières années, les frais ont augmenté, de sorte que de nombreux acheteurs sont à la recherche d’artistes qui jouent gros, mais qui sont également rentables.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
J’aime la tendance actuelle de présenter la magie dans des environnements «réels». Cela rend les effets plus magique et tout semble spontané.
Personnellement, je préfère l’élégance, le glamour et la beauté, mais la tendance actuelle d’être décontractée et détendue rend la magie moins intimidante et l’interprète plus accessible et en prise avec le réel.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Il est extrêmement important d’être conscient des diverses cultures et de les adapter à la magie, au mentalisme et à l’illusion.
Quand j’ai commencé la magie j’ai joué dans des pays où les femmes n’étaient pas des magiciennes et n’avaient pas de postes à responsabilité. Au début, il était difficile pour beaucoup d’hommes de venir à moi afin d’obtenir des réponses à des questions de bases. Ils voulaient parler à mes assistants de sexe masculin pour leur dire d’aller me demander. Finalement, ils ont fini par parler avec moi et j’ai fait un effort pour être professionnelle, respectueuse et comprendre leur culture si différente.
Partout où vous êtes engagé, il est très important de connaître la culture d’un pays pour comprendre les défis et les avantages que vous pourrez en tirer dans votre travail.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La cuisine, les voyages, le Pilate, la lecture, l’écriture, le sudoku et la pêche.
A lire :
– Sirens at sea de Rory Johnston (MAGIC magazine, mars 2014).
A visiter :
– Le site de Connie Boyd.
A voir :
– Floating & Flying (1995).
– Romantic Illusion (1996).
– What ? A Duck ? (1996).
– Boyd’s Dove Act (1999).
– Guitar Suspension(1999).
– Shelf-Twisting Illusion (2000).
Interview réalisée en novembre 2014. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Connie Boyd. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.