Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
C’est mon arrière-grand-mère qui est la première à m’avoir parlé de prestidigitation (c’était le terme de son époque). Elle me racontait le Musée Grévin de sa jeunesse c’est à dire en 1900. Et pour mes 8 ans, elle m’a offert ma première boite de magie.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Mon premier apprentissage est la découverte du livre de Robert Veno : Le cour Magica, puis la découverte de la boutique Mayette Magie Moderne époque André Mayette. Ensuite j’ai suivi des cours de magie dans la boutique de Dominique Webb. Je suis passé professionnel en 1983 en me produisant à La Vallée des Peaux Rouge un parc d’attraction qui se situait à Fleurines dans l’Oise.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
De 19 à 25 ans, même si je faisais toujours de la magie de temps en temps, j’avais une autre passion : la moto. J’ai fait des courses de moto durant 5 ans. Lorsque j’ai mis fin à ma carrière de pilote moto, j’ai rencontré Marc Albert, le directeur du JDLP de l’époque, qui se produisait au Musée Grévin, et qui m’a appris la scène.
Idem avec James Hodges par l’intermédiaire des spectacles qu’il montait au CFIJD. Lorsque je suis devenu professionnel avec mon numéro de ballon, Jan Madd m’a cédé tous son matériel de ballon et m’a donné de précieux conseils.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
J’ai travaillé comme attraction dans les cabarets et night-club pendant 20 ans. Ces établissements étaient programmés par des agents, donc il me suffisait d’avoir un agent dans chaque pays (France, Suisse, Belgique, Luxembourg, etc.) pour remplir mon calendrier. De même pour la saison d’hiver ce sont des agents qui remplissaient ma saison d’Arbres de Noël. Mais ça c’était une autre époque.
Aujourd’hui, je travaille en soirée privée, animation de bar, close-up, le tout par le bouche à oreille et Internet.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Ils sont nombreux, mais pour faire court. Pierre Brahma, pour l’attraction. Jacques Delord pour la poésie, Albert Goshman, pour le close-up. Siegfried and Roy pour les grandes illusions et le show et Fred Kaps pour l’ensemble de son œuvre, selon la formule consacrée. Je peux rajouter Cardini mais vu seulement en vidéo bien sûr.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Pour l’ambiance, je suis attiré par le Vintage et le style Old west, genre saloon et piano bastringue. Pour les tours, tous les grands classiques (anneaux chinois, jeu des gobelets, etc.) et tout ce qui touche à la manipulation. J’ai aussi un intérêt pour les arnaques (bonneteau, coquilles de noix, etc.) et les jeux de fête foraine, les camelots et les bateleurs. J’aime aussi la sculpture de ballon, c’est d’ailleurs avec un numéro de ballon que j’ai fait ma carrière au cabaret.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je regarde beaucoup de films anciens, surtout des films d’acteurs ; ils venaient du music-hall et donc avaient su se créer une personnalité (Gabin, Raimu, Bourvil…). Les films d’ambiance m’apportent également beaucoup, et peuvent apporter des idées de numéro et de routine.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
En premier lieu d’apprendre les grands classiques de la magie, avant d’être créatif, en clair apprendre à marcher avant d’apprendre à courir. Ensuite trouver sa propre personnalité et ses propres routines. Pratiquer le plus possible en public, c’est avec lui que vous parviendrez à vous améliorer. Evitez la famille et les amis trop proches, ils vous connaissent de trop et sont mauvais juges. Serge Gainsbourg disait qu’aux Beaux-arts, un de ses professeurs disait « Tant que vous plaisez à vos parents, vous faites de la merde ».
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Nous sommes passés de la magie cabaret/music-hall à la magie théâtrale, de plus l’arrivée d’Internet a profondément changé la façon de travailler, surtout pour les professionnels. Il y a surtout l’arrivée des plateformes vidéo, comme YouTube et Daily motion. Et là le meilleur côtoie le pire. Je pense qu’un magicien qui veut publier de la vidéo, devrait oublier qu’il est magicien et s’intéresser d’avantage à la mise en scène, au montage, à l’éclairage, etc. Si ça ne l’intéresse pas, il peut essayer de trouver dans ses amis des passionnés de vidéo, ou voir si vers chez lui il n’y a pas un club vidéo qui serait intéressé.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
La culture a une grande importance dans la magie. Si l’on prend le classique jeu des gobelets, par exemple, on s’aperçoit que ce tour a des versions différentes selon le pays où il se pratique (bateleurs du Pont-Neuf en France, Gali-Gali en Egypte, etc.) C’est intéressant d’étudier comment chaque individu partant d’une même base interprète l’effet différemment en fonction de sa culture et de son époque.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
A part la magie, je fais de la photo et de la vidéo, et je m’intéresse à l’informatique. Je fais d’ailleurs tout moi-même (site web, photo, montage vidéo, plaquettes publicitaires) sauf la prise de vue car je ne peux pas être devant et derrière la caméra en même temps.
– Interview réalisée en septembre 2015.
A visiter :
– Le site de Claude Kapp.
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