Carl Rosini1 est né en Pologne. A treize ans, après avoir assisté à une séance du Professeur Baker à Lodz, il décide de devenir magicien. A quinze ans, il part en Russie avec un cirque itinérant pour devenir l’assistant du magicien Nathan Schwartz, puis part en tournée en Allemagne.
En 1900, Rosini arrive en Angleterre. Il change son nom en John Rose et prend comme nom de scène Carl Rosine (puis plus tard Carl Rosini). Il commence sa carrière professionnelle en étant le partenaire de The Great Anthony, un modeste magicien anglais qui se présente comme le « swankiest Swank » (« Le plus chic des esbroufeur »). Dans leur numéro, Anthony hypnotise Rosini, lui donnant soi-disant la capacité d’effectuer des exploits magiques incroyables. Un jour, alors que Rosini se produit sur scène, son « honnête » compère s’enfuit avec ses biens. Après avoir quitté Anthony, Rosini rencontre l’agent de Harry Houdini, Harry Day. Day est tellement impressionné qu’il engage Rosini pendant deux ans à Ramsgate et Eastbourne. Rosini déménage ensuite à Londres, où il rencontre Sims, un magicien connu pour ses manipulations de pièces de monnaie et de cartes. Sims travaille alors à l’Alhambra Theatre of Variety. Obligé de partir pour d’autres contrats, il recommande Carl Rosini comme son successeur sur la célèbre scène anglaise. C’est alors que commence vraiment la carrière scénique de Rosini qui rencontre l’illusionniste japonais Ten Ichi et sa fille Tenka. Ils s’échangent des tours. Ten Ichi lui apprend ses fameux pouces liés et Rosini enseigne à sa fille une manipulation de billes de billard.
En 1906, Rosini est la vedette d’un spectacle comprenant des numéros de danse. C’est là qu’il rencontre l’une des ballerines, Peggy Barclay, qui devient sa femme et son assistante. En 1909, le couple qui se fait appeler « les Rosinis » part plusieurs mois en tournée en Allemagne. En 1910, il parcourt l’Amérique du Sud et revient en Angleterre avant d’émigrer définitivement aux États-Unis en 1911 (Rosini devient citoyen américain en 1918). Il intègre le circuit des Vaudevilles pour de longues années. De 1913 à 1914, Rosini fait une tournée avec Harry Lauder. Comme nombre de ses collègues magiciens, il rejoint le mouvement anti-spirite de l’époque pour dénoncer les faux médiums et leurs méthodes. Rosini quitte temporairement l’Amérique pour parcourir le monde en jouant dans presque tous les pays jusqu’au Groënland et en Islande ! Il joue pour les têtes couronnées d’Europe et étonne le Kayser Guillaume ainsi que le roi Edouard VII. Le roi Farouk d’Egypte lui fait même cadeau d’une table de cuivre incrustée d’argent. Il voyage en char à bœufs dans les jungles d’Amérique du Sud. Rosini donne une représentation devant Roosevelt, Churchill et Staline lors de la première réunion des « Trois Grands », tenue à Téhéran en novembre 1943. Il assiste aux bombardements en Angleterre, est le témoin d’une révolution au Mexique et va divertir les troupes américaines en 1943 dans le cadre de la tournée USO pendant la Seconde Guerre mondiale.
Après quarante-cinq ans dans le monde du spectacle, Carl Rosini prend sa retraite en 1948 et se retire en 1957 avec sa femme à Clearwater Beach, en Floride. Contrairement à beaucoup de magiciens, il peut profiter pleinement de la fin de sa vie grâce à son argent qu’il a mis de côté.
Son répertoire
Le répertoire de Carl Rosini comporte des numéros de manipulations et d’illusions scéniques. Il reprend à son compte le numéro d’évasion des pouces liés (The Thumb Tie), appris de l’illusionniste japonais Ten Ichi, et en fait un grand moment de magie.
Dans les années 1930, au musée de curiosités de New York, Carl Rosini exhibe le corps sans tête d’une femme qui bouge et salue les visiteurs. Elle est prétendument maintenue en vie grâce à un assortiment d’appareils scientifiques impressionnants, dont des moteurs, des tubes et des pompes. Cette illusion de La femme sans tête est l’envers de la tête vivante, un célèbre entresort de fêtes foraines. Carl Rosini est l’inventeur de La canne qui disparait (The Vanishing Cane) en1906. Un effet très similaire à celui commercialisé par Russ Walsh dans les catalogues de Holden’s et Tannen’s. Rosini apporte également sa contribution à la cartomagie en 1948 avec Card transposition, une variante de l’effet classique de cartes voyageuses (card across) avec l’utilisation d’un plateau spécial et d’un sac pour contenir les cartes.
Note :
1 Carl Rosini, à ne pas confondre avec Paul Rosini (1902-1948), magicien d’origine autrichienne de son vrai nom Paul Vucic ayant émigré aux Etats-Unis en 1912, il devient l’élève puis l’assistant de Carl Rosini et adopte son pseudonyme en gardant son prénom.
A lire :
- Carl Rosini – His Life and His Magic by Robert E. Olson (1966).
Cet article a été publié pour la première fois dans le MAGICUS magazine n°224 (juillet-août 2020). Crédits photos – Documents – Copyrights : Collection S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.