Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai été marqué très tôt par la magie, vers quatre ans. Mon père avait un cabaret dans lequel il jouait ses spectacles avec un de ses amis, Bertran Lotth. J’étais fasciné, j’ai vu le même spectacle plus d’une centaine de fois. Depuis cette ambiance particulière qui se dégage des salles de spectacle me ramène à ce souvenir d’enfance.
Ben Rose enfant (à droite avec le micro) et son cousin.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
À l’adolescence j’accompagnais mon père sur ses spectacles cabaret, et j’ai touché un peu à tout, la technique, la scène… je l’ai beaucoup observé. Cela restait cependant un loisir, je ne m’imaginais pas en faire mon métier. Je n’étais pas un féru de magie.
Ben Rose en compagnie de son père.
Par la suite j’ai fait une licence en audiovisuel, une école de théâtre et une formation en psychothérapie. Je continuais à voir beaucoup de spectacles de magie sans me projeter dans ce métier. J’ai redécouvert des magiciens via mes études de cinéma, Georges Méliès, Orson Welles, Fregoli, Christian Fechner…
À la fin de mes études, je me suis rendu compte que j’étais vraiment attiré par le spectacle vivant, et je me suis intéressé plus sérieusement à l’illusion. Quelques années plus tard, j’ai commencé à travailler avec Bertran Lotth et son équipe, j’ai énormément appris à leurs côtés.
J’ai suivi des formations en burlesque, mime, masque, notamment à l’école Jacques Lecoq, et plus récemment la formation magie nouvelle de la compagnie 14:20.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Mon père m’a beaucoup accompagné dans ce métier, le travail avec Bertran Lotth également. L’amitié avec Damien Bonnel, compositeur et scénariste, m’a énormément nourri en créativité. Une grande opportunité a été La France a un Incroyable Talent, avec la rencontre d’Éric Antoine, Yves Doumergue, Blake Eduardo.
Avec Eric Antoine dans son émission La soirée magique d’Eric Antoine sur France 4 (2017).
La collaboration avec Arnaud Dalaine a été une expérience enrichissante, il m’a proposé de mettre en scène en 2019, un spectacle à la Maison de la Magie Robert-Houdin de Blois. Le nom du spectacle : Curiosa, sur la vie de Léonard de Vinci.
Curiosa – Maison de la Magie Robert-Houdin 2019 avec Soria Ieng (crédit Nicolas Wietrich).
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
J’ai une affinité pour la magie de scène et la magie cabaret. J’aime également beaucoup le close-up, cette magie d’intimité, j’ai la sensation que la technique et la dextérité dépasse l’effet magique.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Je ne pourrai pas tous les citer mais j’aime beaucoup Derek DelGaudio, Derren Brown, David Copperfield bien sûr, Yann Frisch, Mac Ronay, Gaëtan Bloom, Garcimore, James Hodges, Éric Antoine… j’aime aussi beaucoup les pièces d’Etienne Saglio.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Tous les styles de magie m’attirent, comme tous les styles de spectacles m’attirent en général. Ce que j’aime, c’est la surprise, la découverte. J’aime observer le travail de scénographie, d’écriture, de rythme, du jeu… J’aime la générosité qui se dégage d’un spectacle. Qu’est-ce que l’on donne, offre au spectateur. La magie est un art où l’on se préoccupe particulièrement de la perception du spectateur, pour qu’il puisse vivre quelque chose de surprenant, je trouve ça chouette.
Ben Rose dans IllusiO, une création de Bertran Lotth et Raphaël Navarro (directeur artistique) au Futuroscope (photo : Antoine Motard).
Quelles sont vos influences artistiques ?
Keaton, Tati, Chaplin, Étaix, avec leur univers empli de poésie. Il y aussi Orson Welles, Christopher Nolan, Philippe Genty, James Thierrée, Jacques Delord. J’aime bien les œuvres des photographes, des peintres, car ils arrivent à nous raconter quelque chose en une image, et c’est très inspirant.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Je lui conseillerai dans un premier temps de faire une psychanalyse 🙂 pour comprendre pourquoi il veut faire ce métier.
Plus sérieusement, je pense qu’il y a deux choses importantes : le savoir-faire et la connaissance de soi. Le savoir-faire, j’entends par là : s’entrainer, se former, apprendre, découvrir, être curieux… qui est un travail tourné vers l’extérieur, vers les autres. Et la connaissance de soi pour mieux comprendre qui l’on est, pourquoi on est ici, et qu’est-ce que l’on a à raconter. Et cela est un travail tourné vers l’intérieur. Il y a une citation de Pierre Richard qui résume cela très bien, en parlant des artistes qui l’ont marqué : « Ce que je ressentais comme tout le monde, ils m’en ont parlé comme personne ». Nous faisons tous les mêmes tours de magie, nous racontons tous les mêmes choses, mais comment les raconter pour que cela devienne authentique.
Crédit photo : Guillaume Calendreau.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Ce que j’aime, c’est de voir évoluer la magie en fonction des époques. Elle s’adapte à ceux qui la présentent. Les artistes comme Éric Antoine, Viktor Vincent, Gus, Antonio, Luc Langevin, les Frenchs Twins, Mathieu Stepson et bien d’autres ont permis une belle visibilité de la magie. J’aime aussi beaucoup les créations de la compagnie 14:20, d’Étienne Saglio, de Yann Frisch, de Blizzard Concept…
Crédit photo : Etienne Jeanneret.
La magie prend de plus en plus de place dans les théâtres, dans les programmations culturelles et se mélange à d’autres arts. Cela fait naître un nouveau regard sur cette discipline. Cela encourage les gens à aller voir des spectacles de magie.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Je pense que c’est intéressant d’être curieux de tout en général. Mais au-delà de ça il y a une citation d’Albert Einstein que j’aime bien : « L’imagination est plus importante que le savoir ».
– Interview réalisée en mars 2021.
A visiter :
A voir :
– La mini-série magique Magie en Rose.
Crédits photos : Antoine Motard, Etienne Jeanneret, Nicolas Wietrich et Guillaume Calendreau. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.