Comment êtes-vous entrée dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Mon père était un passionné de magie et il a ouvert une petite boutique dédiée à cette pratique. À l’âge de deux ans, j’étais assise sur le comptoir et je jouais avec les accessoires de la boutique. Je ne faisais pas de magie avec, mais je les traitais comme des jouets. En grandissant, j’ai commencé à « faire des effets » pour les clients, et je suis lentement tombée amoureuse de cet art.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
C’était le 23 décembre 1997. J’ai fait mon premier spectacle de scène au rassemblement annuel de mon école à l’âge de cinq ans. Pour ma première représentation, mon père m’a appris des tours qu’il vendait à sa boutique. Comme les informations magiques n’étaient pas facilement disponibles avant Internet, mon père se rendait aux conventions magiques et apprenait de ses collègues. Ensuite, il m’enseignait des choses à son retour. C’est ainsi que j’ai développé un petit spectacle en me produisant professionnellement à l’âge de cinq ans. Avec le temps, mes goûts se sont focalisés sur les grandes illusions. Nous avons monté un spectacle d’illusions et travaillé dans un théâtre. Depuis, il n’y a pas eu de retour en arrière. Pour mes spectacles d’illusions, j’ai été fortement influencée par un collègue interprète.
J’ai joué dans un grand spectacle de théâtre depuis l’âge de huit ans, et comme nous étions toujours sur la route, je n’allais pas à l’école régulièrement. J’apparaissais aux examens qu’une fois par an. La magie m’a apporté des expériences de vie à un très jeune âge. J’ai eu la chance de pouvoir répandre la magie auprès des masses. J’ai adoré pouvoir faire oublier le train-train quotidien des gens pendant un moment. Après le spectacle, certains me disent que je les inspire aussi à ma façon.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Ma famille a été le plus grand soutien. Mon père me gère, ma mère s’occupe des comptes et mon frère Guru est l’épine dorsale de mes performances en m’aidant à la conception du spectacle et des décors. Il est « l’esprit » derrière mes spectacles magiques. J’ai aussi la chance d’être entourée d’une équipe formidable.
Je viens d’une région semi-isolée de l’Inde (Bajor au Rajasthan) où les filles qui se produisent sur scène sont mal vues. Cependant, ma famille m’a toujours soutenu et m’a aidé à réaliser ma carrière. Dernièrement, mon meilleur ami, l’illusionniste Amazing David est devenu une partie intégrante dans mon travail. Il est consultant et co-directeur de tous mes futurs projets.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je suis l’une des dernières illusionnistes nomade en Inde. J’ai mon propre hangar et nous nous installons le plus souvent dans un terrain dégagé et organisons les représentations deux ou trois fois par jour pendant trente à soixante jours. Cela représente plus de six heures de scène par jour à travers l’Inde. J’ai également participé à un certain nombre d’émissions de télévision indiennes. Ces derniers temps, j’ai jeté mon dévolu sur la télévision internationale (notamment Fool Us de Penn & Teller) et j’espère également commencer à travailler sur des événements d’entreprise et des navires de croisière.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Ma plus grande influence en magie est David Copperfield. J’aime aussi le travail de Brett Daniels, Steve Wyrick et Melinda Saxe.
La magie est présente dans la vie de tous les jours en Inde, notamment dans les rues, avec des magiciens-fakirs qui exécutent certains tours classiques. Comment voyez-vous cette pratique ? Cela vous a-t-il influencé ?
Il fut un temps où l’Inde avait beaucoup de magiciens de rue que nous appelions « Madaris ». Ils erraient dans les rues, attiraient le public autour d’eux et produisaient un spectacle. Mon père a été attiré par la magie à cause de ces « Madaris ». Dans son enfance, il avait l’habitude de les suivre pour découvrir leurs tours de magie. Malheureusement, il n’a pas réussi mais est devenu un grand amateur de magie. J’ai toujours joué des spectacles d’illusion sur scène et je n’ai jamais fait de magie de rue, mais j’aime et respecte vraiment ces « Madaris » parce qu’ils se produisent de manière très étonnante entouré du public.
Mais il y a une triste vérité qu’en Inde. Il y a beaucoup de gens qui abusent des tours de magie pour répandre des superstitions et faire croire aux gens qu’ils ont un pouvoir super naturel. Ils leur prennent beaucoup d’argent en disant qu’ils résoudront les problèmes de leur vie avec leur pouvoir ! Je n’aime absolument pas cette pratique malhonnête à laquelle je m’oppose.
Le fameux tour de La corde Hindoue est un véritable fantasme occidental. Est-elle encore pratiquée dans votre pays et comment ?
L’Indian Rope Trick est l’un des meilleurs tours de magie de l’Inde. Malheureusement, je ne l’ai jamais vu en direct mais j’en ai entendu parler et j’ai vu des vidéos. De nos jours, il y a encore des magiciens qui exécutent ce tour.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Je suis plus attirée par les illusions et les évasions à grande échelle.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je suis très influencée par le style de danse occidental. J’adore les acteurs Hrithik Roshan et Tiger Shroff. Mais mon préféré est Michael Jackson.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Je conseille aux jeunes magiciens d’essayer d’être plus originaux lorsqu’ils jouent. Il est acceptable d’imiter au début, mais essayez quand même d’ajouter votre propre touche, que ce soit dans la méthode ou la présentation. Cela encouragera votre créativité. Maîtrisez quelques effets et faites-les mieux que quiconque dans le monde, plutôt que de connaître des centaines de tours et de ne pas pouvoir les exécuter correctement.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Avec tant de magies partagées et révélées sur les réseaux sociaux, il est maintenant très facile de « découvrir » cette pratique restée secrète durant de nombreux siècles. Quand j’étais jeune, les ressources magiques étaient rares et il était très difficile d’apprendre la magie ; il fallait mendier et implorer un magicien expérimenté pour apprendre les méthodes. Il est maintenant très facile d’apprendre et cela suscite plus d’intérêt pour cette forme d’art. Cependant, cela a également réduit la « profondeur » de l’art, car le public peut désormais regarder beaucoup plus de magie sur Internet. L’impact positif est que cela pousse les magiciens à trouver de nouvelles méthodes et de proposer du matériel original.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
La culture est l’occasion de rendre unique un numéro, magique ou non. Ainsi, nous pouvons nous inspirer de notre histoire et de nos coutumes pour créer des présentations jamais vues auparavant. Comme je viens d’Inde, qui est un creuset de cultures, je m’inspire de nos nombreux costumes, festivals, musiques, arts et danses. Je pense donc que la culture joue un rôle important dans l’approche de la magie.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
En plus de la magie, j’adore écouter de la musique Bollywood et des histoires de développement personnel. Une de mes passions préférées est la danse ! Mais depuis que je suis sur la route, la majeure partie de mon temps, je n’ai pas vraiment le temps de cultiver d’autres passe-temps.
– Interview réalisée en novembre 2021.
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