Comment êtes-vous entrée dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Comme tous les enfants, j’ai eu une boite de magie à treize-quatorze ans, mais au bout d’un mois, elle est restée sous le lit. En 1997, alors que j’étais G.O (Gentil Organisateur) au Club Med de l’Alpe d’Huez, j’ai eu un accident de ski alpin suite à un entraînement (rupture totale du tendon d’Achille) et, lors de la rééducation, je travaillais dans un night-club près de Londres ; un des videurs faisait un peu de magie et du mentalisme, et m’a donné le virus. Il m’a fait découvrir Davenport Magic Shop, et je suis devenue accro…
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Une fois que j’ai découvert Davenport, j’ai commencé à acheter un jeu radio et un jeu invisible, mais je me suis vite lassée et j’ai acheté des livres (Mark Wilson‘s course in Magic, Stars of Magic) et de retour en France les VHS de Bernard Bilis et Michael Ammar.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Je suis en grande partie autodidacte car étant dix mois de l’année en saison au Club Med, je n’avais pas l’occasion de rejoindre un club de magie, donc j’ai appris beaucoup par les livres et vidéos. A mes passages à Nice ou Paris, j’allais voir Jean-Pierre Vallarino qui m’a aidé, et s’il y avait des conférences à Paris, j’y étais (Michael Vincent, Juan Tamariz chez Guy Lore) et les boutiques de Carlos Cardoso et d’Henry Mayol.
A Bord du Club Med 2, superbe bateau de croisière ou j’étais G.O pendant un an entre Sydney et Tahiti, le chef des sports était magicien. Là, j’ai eu la chance de travailler avec Jean-Pierre Garnier et Obie O’Brien. Sinon mes grandes influences, d’après leurs livres ou vidéos, sont Dai Vernon, Fred Kaps, Slydini, Dani DaOrtiz et pour le mentalisme, Darren Brown, Max Maven, T.A Waters, Annemann et Corinda. Les saisons au Club Med, m’ont permis de pratiquer le close-up et la scène avec des spectateurs différents chaque semaine. Une excellente école !
Dans quelles conditions travaillez-vous ? Quels sont vos domaines de compétence ?
Je suis passée professionnelle à plein temps quand j’habitais en Australie en 2007. Comme j’adore écrire des histoires, je créée au moins un nouveau spectacle publique de 1h30 par an. Avant de commencer la magie, j’ai eu une formation d’art dramatique au Cours Simon à Paris, et avec John Strasberg de l’Actor’s Studio. J’ai donc toujours aimé la scène et le théâtre. Passionnée depuis toujours de cinéma et de théâtre, ça se ressent dans mes spectacles et je l’utilise beaucoup.
Sinon à part mes spectacles au théâtre, je travaille en close-up et sur scène dans l’événementiel, pour des soirées privées et parfois en EHPAD. En Australie, je faisais de la grande illusion, mais en rentrant en France en 2019, j’ai vendu mon matériel et je fais maintenant beaucoup plus de mentalisme.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Parmi les magiciens, que j’ai vu en live à mes débuts, et qui m’ont influencé, il y a Tommy Wonder, Jeff McBride, Tina Lennert, David Stone, Max Maven, Michael Ammar et Juan Tamariz. Mais beaucoup d’autres formes d’arts et d’artistes font parties de mes influences : Liza Minneli, Sammy Davis Junior et Johnny pour leur présence scénique et le contact avec le public. Les surréalistes pour leurs visions : André Breton, Magritte, Dali, Cocteau… Hitchcock a beaucoup influencé ma façon de construire mes routines et les moments de suspense, j’ai même fait un spectacle de 1h30 sur lui : La magie était presque parfaite.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
La scène avec du mentalisme, la « magie bizarre », la magie théâtrale. J’aime bien les histoires : qu’il y ait un début, une fin, un fil conducteur. En close-up j’essaie même de créer une atmosphère, un mini théâtre autour de ma présentation.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Mes années à travailler au théâtre, à la télé et au cinéma. Mes cours d’art dramatique ont façonné ma présentation magique. Hitchcock, bien entendu, mais aussi Cocteau, Spielberg, Chaplin et Orson Welles. Les œuvres de Picasso, Dali, Magritte m’ont aussi influencé.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Lancez-vous, essayez, acceptez tout au début et profitez de chaque occasion, chaque spectateur pour jouer et tester vos numéros. Mais avant ça, écrivez, répétez, filmez-vous et répétez encore ! Practice make perfect dit-on en anglais. Trouvez une présentation intéressante car la technique ne fait pas tout. Lisez l’histoire de la magie, car cela fait partie de la culture générale et n’hésitez pas à prendre des numéros classiques ou anciens et de les moderniser.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
J’aime bien la « magie nouvelle », et surtout Yann Frisch ! Sinon, ça fait du bien de voir de plus en plus de femmes magiciennes, plus de présence féminine à la télé, dans les spectacles. Il faut que ça continue !
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Je pense que c’est essentiel, que ce soit la culture artistique, scientifique, économique, politique… Ça permet de raconter une histoire intéressante et d’intéresser les spectateurs en ancrant une émotion familière au numéro de magie présenté.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La photographie, la cuisine, le théâtre, le cinéma, la lecture et les arts en général. J’ai également été sportive de haut niveau (après le Club Med), avec l’équipe de France de ski nautique et l’équipe d’Australie de ski nautique. Championne de France, Championne d’Australie, trois participations aux championnats du monde (deux avec la France, une avec l’Australie) et une médaille de bronze.
– Interview réalisée en novembre 2021.
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Note de la rédaction :
Zatanna est la seule femme transgenre magicienne et mentaliste professionnelle en France. Elle a fait quinze ans de sa carrière en tant qu’homme, en Australie, sous le nom de Jean-Luc « The Cool Conjurer ». Zatanna « existe » depuis 2014-2015. Cette information est divulguée avec la permission de Zatanna dans le but de faire évoluer les mentalités au niveau de la reconnaissance et de l’inclusion de la communauté LGBT+ dans la société, les arts du spectacle et la magie en particulier.
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