Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Assez tardivement en fait, à 17 ans, j’étais au lycée en seconde à Toulouse, j’ai vu Bernard Bilis faire du Close-up dans l’émission de Christophe Dechavanne, Coucou c’est nous ! Ça a été le déclic.
J’ai vraiment décidé de devenir magicien devant ma télé. Quelques minutes avant j’étais un ado un peu perdu, un peu rebelle, en échec scolaire qui allait en cours un jour sur deux et qui passait des heures à trainer dans la rue et à jouer du piano.
« Peut être mes premiers pas en magie ».
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Quelques jours après je suis allé à la Fnac où j’ai emprunté, je l’avoue, la cassette vidéo de Bernard Bilis, La magie par les cartes n°1, qui contenait un jeu de carte bicycle, mon premier d’une très longue série évidemment !
Je me suis ensuite renseigné s’il y avait un magasin de magie à Toulouse, et par chance il y en avait un. J’y suis allé, ça s’appelait Le Sphinx (Il existe toujours d’ailleurs), j’y ai passé toutes mes journées à partir de ce jour où j’ai arrêté l’école qui, comme vous le savez maintenant, n’était vraiment pas mon truc. Le propriétaire m’a laissé toucher un peu à tout et m’a montré pas mal de choses. J’ai découvert le F.P, toutes sortes de tirages et de gimmicks, c’était un nouveau monde pour moi qui m’a tout de suite passionné.
« Au Lido de Paris avec Otto Wessely. »
J’ai vraiment franchi le premier pas en clubs de vacances, où j’ai fait l’animateur et le responsable animation quelques années un peu partout dans le monde. J’y ai connu mes premières fois artistiques, comme magicien, chanteur, musicien, danseur, comique … Ca a été une très bonne école pour vaincre mon stress et ma timidité.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Un jour ma tante par alliance me dit que son frère, Yves Marx, est magicien professionnel et me conseille de l’appeler de sa part. Je l’ai donc fait et je suis allé le rencontrer chez lui à Claye Souilly. Il a été très accueillant, on a tout de suite sympathisé et tout a vraiment commencé grâce à lui.
« Avec Yves Marx, celui qui m’a tout appris. »
J’ai eu en plus la chance de rencontrer une famille magique, Sylviane Marx sa femme et ballooneuse, et leur fille Caroline, magicienne.
Ca fait aujourd’hui 20 ans qu’ils sont mes meilleurs amis et ma famille de cœur.
Yves m’a d’ailleurs permis de faire mon premier spectacle pour enfants dans un hôpital à Paris, ça s’est très mal passé et j’ai cru que se serait le dernier à ce moment-là ! Heureusement les autres se sont très bien passé mais c’est resté marqué dans un coin de mon cerveau, c’est peut-être pour ça qu’aujourd’hui je ne travaille pas pour les enfants, excepté dans les hôpitaux bénévolement une ou deux fois par an.
« A l’Olympia en 2013 avec Caroline Marx, ma soeur de cœur. »
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je travaille essentiellement en close-up dans toute la France et à l’étranger, principalement avec les agences évènementielles.
Je travaille régulièrement mes nouveaux tours en « Street magie » pour me perfectionner, comme cet été où je suis parti 3 mois à Montréal faire le Festival Juste pour rire, et à New York faire de la magie de rue.
Il m’arrive aussi de faire du coaching au cinéma ou à la télé comme pour la série XIII sur Canal+, ou des caméras cachées comme Sosie or not sosie pour TF1.
« Avec Marie-Anne Chazel pour Sosie or not sosie sur TF1. »
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Evidemment Bernard Bilis, qui a été le déclencheur. Je suis également un grand fan du travail de Tom Mullica, de la folie de Charlie Frye et de David Williamson.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime beaucoup le close-up, mais présenté de façon impromptue, originale, moderne, avec humour, sans se prendre au sérieux.
Je ne suis pas un grand fan des grandes illusions ou alors lorsqu’elles sont vraiment très très bien présentées, je suis assez critique et difficile. J’ai besoin d’une histoire, d’une belle mise en scène et en lumière, d’un charisme. Je ne supporte pas le défilé de boites plus grosses les unes que les autres !
Quelles sont vos influences artistiques ?
J’ai toujours été influencé par Buster Keaton, sa double personnalité comique/dramatique. Sinon je suis un amoureux du spectacle sous toutes ses formes, j’aime le côté performer des artistes Américains, polyvalents, comiques, mimes, chanteurs …
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
En premier de ne pas arrêter les études, c’est très dur de vivre de la magie et l’école permet de se préparer à affronter la vie d’artiste, encore faut-il savoir comment ? Je conseille toujours de travailler l’Anglais et les langues en général, ça m’a permis de trouver de très importants galas. S’intéresser également au côté commercial car le plus gros de ce métier est de savoir se vendre, la concurrence est rude ! Et bien sûr travailler tous les jours et ne pas dévoiler les secrets.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
J’aime assez l’image que l’on a des magiciens, cet art continu à faire rêver les gens, à chaque fois que je dis mon métier c’est toujours les mêmes réactions de surprises ! J’aime l’évolution de la magie, la modernité, les innovations. Ça reste pour moi un des plus beaux métiers du monde.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
L’approche du public est importante, surtout en close-up, chaque soir ou presque je rencontre des gens du monde entier autour d’une même table, c’est très important de savoir les aborder, ça passe par la psychologie mais aussi la culture. Un magicien doit savoir s’exprimer, s’intéresser, être intéressant et fluide dans son discours.
J’aime aussi personnaliser les tours ; dernièrement j’ai dû travailler sur l’univers de Salvador Dali et forcément m’y intéresser. Ça ne peut être que bénéfique de s’intéresser à tout et enrichir sa culture générale.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
J’ai beaucoup de passions et pas assez de temps malheureusement. J’aime la peinture, la photographie, le graphisme et la retouche (ce qui me permet de faire mes propres visuels, ma communication et mon site internet, d’être assez réactif). Je suis aussi passionné de musique et pianiste depuis tout jeune, ça me sert aussi beaucoup dans mon métier pour réaliser mes bandes sons.
– Interview réalisée en novembre 2013.
A visiter :
– Le site de Yann Roulet.
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