Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Mon entrée dans le milieu magique a été très successif, d’une boîte de magie Fantasia 2000 à 3 ans à laquelle je n’ai pas trop touché, d’un vague souvenir de magicien en restaurant à 5 ans, Sylvain Mirouf à la télé qui était un modèle dans les années 2000, puis être bluffé par Bernard Bilis, regarder deux tutoriels sur YouTube et enfin sauter le pas d’entrer dans une boutique de Magie !
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
C’était le 10 mai 2010, j’ai la date car j’ai retrouvé un post Facebook annonçant fièrement à mes 34 contacts : « j’ai enfin les Bycicle ! » (faute d’orthographe d’origine).
La seule boutique à l’époque à Toulouse était Magicaplanet, et Jérôme le gérant m’a montré un tour de cartes avec du double face qui m’a retourné le cerveau et une routine de balles mousse du coffret de Steve Dacri, sans me l’expliquer.
J’ai fait une insomnie en pensant à cet effet mille fois dans ma tête et j’ai acheté le coffret deux semaines après, le virus était là.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Comme aux Oscars, je vais dire que je dois tout à mes parents, qui ont déboursé gros pour mes premiers DVD et livres, même si la majorité de mon savoir vient des… DVD pirates trouvés sur Internet. Je sais c’est mal mais c’est de là que tout a vraiment commencé lorsqu’on est insatiable de savoir au début. Savoir trier les meilleurs effets de la masse d’information est vraiment une bonne école même si l’on ne peut pas vraiment pousser à consommer du contenu pirate.
Puis ce sont les magiciens toulousains comme Armand N’Guyen ou les prestations des clubs locaux qui m’ont vraiment permis de mettre le pied à l’étrier.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je travaille comme magicien professionnel sur Paris principalement, mais également dans le Sud comme à Cannes, Nice et évidemment Toulouse.
Créateur de happening close-up pour les cocktails et table-à-table, mes clients sont des entreprises, des agences, et je travaille aussi en mariages.
Je cherche à présent à me produire en close-up pour des musées car j’ai créé un concept spécialement pour eux : Magie Storytelling.
Il s’agit de mettre en avant les œuvres d’art d’un musée via la magie de proximité, tous les tours sont créés sur mesure et c’est un nouveau défi à chaque prestation de retranscrire le message des expositions.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Le premier magicien professionnel que j’ai eu la chance de voir jouer était Bruno Vitti, lors d’une prestation avec l’Amicale Robert-Houdin de Toulouse, il y a quatre ans de cela, son professionnalisme, sa gestion des spectateurs et ses effets puissants ont été un exemple à atteindre.
Plus récemment, la plupart des spectacles magiques joués à Paris me marquent tous d’une manière ou d’une autre, que ce soit en terme technique, jeu d’acteur, originalité ou de contre-exemple à ne pas reproduire.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Si j’ai longtemps essayé de suivre l’exemple de Helder Guimaeres et sa magnifique magie de salon où ses gestes sont précis et élégants, je me sens plus à l’aise dans une approche à la David Stone et Jean-Luc Bertrand, où le détournement d’attention, les multiples effets de surprise et la connexion avec le spectateur sont les plus importants.
Quelles sont vos influences artistiques ?
J’aime énormément James Brown (le magicien) et sa philosophie du « Professional Opportunist » ; je me suis approprié cette idée de pouvoir être la personne la plus inattendue dans un groupe d’invités qui transporte les personnes dans un autre univers sans qu’ils y soient préparés.
C’est avec ce principe en tête que j’ai créé mon concept phare de « Magicien Polaroïd » : je me présente comme le photographe de la soirée, prends en photo les invités avec un appareil instantané, et une fois la photo prise, je révèle que je suis en fait le magicien, et que la photo va être au cœur des tours de magie à venir.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Je lui conseillerais d’abord de s’intéresser à la présentation des effets et au lien humain avec le spectateur qu’à la technique, mais comme la majorité des apprentis magiciennes et magiciens, ils sont d’abord intéressés par l’aspect technique. Je leur conseillerais de lire les livres de Tommy Wonder et Darwin Ortiz pour se poser les bonnes questions.
Je ne remercierai jamais assez les Books of Wonder d’avoir fait voler en éclat toutes mes certitudes sur la magie que je présentais ; aussi dur cela a-t-il été pour tout reconstruire derrière.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
J’ai l’impression que l’on gardera de notre décennie de magie une seule appellation majeure : « magie nouvelle », car c’est une forme très noble de la magie qui éclipsera à mon avis toutes les autres dans le futur, dans le roman qu’est l’histoire de la magie. Je la mets en concurrence avec les innovations technologiques qui ont permis de créer « la magie numérique » et la magie sur les réseaux sociaux qui sont celles qui touchent le plus de public actuellement, mais qui seront potentiellement regardées de haut dans les années à venir avec les autres changements techniques à venir.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
La culture permet de relier notre magie à d’autres arts, que ce soit le cinéma, la musique, l’histoire… De ces fusions naissent, la plupart du temps, de belles routines ou de beaux spectacles.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Ils sont en rapport avec la scène ou me servent en magie. Je prends par exemple depuis deux ans des cours de comédie musicale ; j’aime beaucoup étudier le stand-up en tant que spectateur ou comédien, et je suis de plus en plus cinéphile depuis quelques années. Résider sur Paris me permet de voir ce qui se fait de mieux dans tous ces domaines et aiguise mon esprit critique, pour un jour créer une œuvre dans l’un de ces domaines, qui sait.
– Interview réalisée en janvier 2019.
A visiter :
– Le site de Hugo Bauguil.
Crédit photos : Chloé Vollmer-Lo et Hugo Bauguil. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayant-droits, et dans ce cas seraient retirés.