Tony Slydini est né en Italie. De son vrai nom Quintino Marucci, il est le fils d’un magicien amateur qui l’a encouragé dès son plus jeune âge à persévérer dans la prestidigitation. C’est la psychologie de cet art qui a attiré le jeune Tony au début, ce qui permettra à Slydini de devenir un expert dans l’utilisation du détournement d’attention (misdirection). Il a également été intéressé par la relation qui se crée entre le magicien et son public, ce qui l’amena à devenir un artiste de close-up. Encore jeune, Slydini et sa famille quittent l’Italie pour l’Argentine. C’est là-bas qu’il commence sérieusement la magie. « En Argentine », dit-il, « j’ai créé ma propre magie. Il y avait plusieurs moyens pour y arriver. J’ai pris le plus direct. » Slydini travaille quelque temps en Amérique du Sud dans un spectacle de music-hall, mais bientôt la crise arrive. En 1930, il déménage à New York, où le travail reste rare, particulièrement pour un jeune homme qui ne parle pas anglais. Finalement Slydini trouve un job dans un musée de la 42ème avenue. Parallèlement, il continue à travailler dans les carnavals et dans diverses attractions.
Alors qu’il rendait visite à sa sœur de Boston, il rencontra, par chance, un imprésario qui lui trouva un job rémunéré 15$ par jour. Tous ceux qui purent l’admirer pendant ce cours lapse de temps ont remarqué son professionnalisme. Il continua ainsi et travailla à Boston pendant 7 ans. Mais New York rappelait le désormais célèbre Slydini, et il y déménagea à nouveau. Il est important de noter, qu’à cette époque, le close-up n’existait pas comme aujourd’hui. Il n’était présenté qu’en première partie des spectacles de scène. Slydini ouvrit de nouvelles perspectives mais il était le seul à s’en rendre compte. C’est en 1945, à la Nouvelle Orléans, qu’il prit pleinement conscience des nouveaux aspects de la magie qu’il explorait.
C’est à ce moment, lors d’un congrès de magie, que Slydini en profita pour montrer ce qu’il apportait de nouveau. « Personne ne reconnaissait l’art du close-up en tant que tel », dit-il, « on ignorait que j’avais trouvé quelque chose d’aussi beau. Même les magiciens ne savaient pas ce que c’était. A la Nouvelle Orléans j’ai eu une standing ovation de 20 minutes. Les gens ont dit : La magie de Slydini c’est autre chose « . Évidemment Slydini n’a pas inventé le close-up ; il existait depuis des décennies. Mais son style était quelque chose de nouveau. Il était le premier à montrer le close-up comme un art à part entière et non comme une simple entrée en matière pour des grandes illusions. La magie de Tony Slydini était improvisée : au lieu de prévoir un enchaînement de tours, il laissait les spectateurs lui dicter son spectacle. Il disait, « je fais mieux un tour si j’aime ce tour, mais si le public l’aime et que moi je ne l’aime pas je le fais quand même pour eux. »
Pour lui, la magie c’est bien plus que des tours. « Il faut connaître tous les détails, car à chaque instant, il se passe quelque chose. Il faut comprendre chaque moment. Il faut savoir tenir son public, le distraire. Vous devez avoir conscience de la signification de tout ce que vous faites, des mouvements de votre corps, OU regarder et comment vous asseoir ou vous tenir debout ». Un homme d’un charme européen, d’un esprit vif, d’une indéniable habileté et subtilité, Slydini prenait beaucoup de plaisir à faire ses spectacles, autant devant des profanes que devant des magiciens. Il faisait ses spectacles avec beaucoup de précision, de grâce et d’intelligence et était capable de surprendre tous ses spectateurs aussi bien que de les distraire. Dick Cavett a demandé, un jour, à Dai Vernon qui pouvait encore le duper ? Le Professeur répondit comme un regret, « personne »? puis rajouta avec un sourire, « Si bien sûr, Tony ».
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