Les prestations de Tony Frebourg, sont rapides, électriques, et enflammées à l’image des attractions des fêtes foraines. Il procure au public une forte dose d’adrénaline. Il faut préciser que le jeune homme est muni d’un bagage impressionnant. Techniquement à la pointe, il pratique son art avec une virtuosité époustouflante. Il détient le record du monde avec un jonglage à quatre et cinq diabolos. Il est également acrobate de formation avec une bonne expérience des planches et de la gestion du public car il a été meneur de Revue au Moulin Rouge. Et pour couronner le tout, il a un physique d’Apollon !
Le numéro
Tony Frebourg s’impose dès l’entrée en scène. Il est vêtu d’un costume de guerrier japonais. Il est masqué et commence son numéro par la manipulation de deux éventails. Il va chercher un premier diabolo et exécute des figures entrecoupées d’acrobaties. L’artiste enlève son masque et jongle avec deux, puis avec trois diabolos. Enfin il tente et réussit le jonglage avec quatre diabolos.
Influences et esthétisme
Le diabolo a pour origine la Chine et date de plus de six siècles. Il est remis au goût du jour dans les années 1950. La création de figures qui étaient inconcevables il y a quelques années, et la technicité parfaite des pratiquants lui ont permis d’être considéré aujourd’hui comme une discipline de jonglerie à part entière. Tony Frebourg use en plus de tous ses atouts pour faire entrer cette fois-ci le diabolo dans l’ère du GRAND spectacle. Pour y arriver il choisit un univers remplit de mythes et de fantasmes.
Il puise dans la tradition nipponne pour le costume, dans celle des guerriers du moyen âge pour la gestuelle et l’esthétisme. Le théâtre Nô lui suggère le masque et les éventails. Le jongleur remonte aussi aux origines de son accessoire. Il fait référence, dès le début, à l’Orient par l’utilisation d’éventails marqués du symbole du Yin et du Yang. L’éventail le relie à la tradition car il est un accessoire fondamental du théâtre Nô. Mais il est surtout utilisé ici comme une arme. Comme dans l’art du Kung fu il devient une arme suprême capable d’annihiler le corps et l’esprit.
Le masque et le costume
Tony Frebourg entre sur scène sous les traits d’un Shite, acteur japonais du théâtre Nô, et effectue devant nous une danse traditionnelle avec des éventails.
Son masque, ainsi que son costume très élaborés reflètent aussitôt la nature du personnage, un concentré de l’essence du sujet à interpréter. Celui de notre jongleur représente un personnage blessé, avec de nombreuses scarifications ensanglantées, et un personnage vengeur, avec les yeux surlignés et la coiffure en désordre. Le costume, une jupe pantalon est inspiré des vêtements des samouraïs de l’époque Muromachi traditionnelle. Le haut est plus stylisé et plus contemporain. Le maillot, près du corps, reprend les motifs des scarifications du masque en noir et rouge, comme des coups de diabolos pris à même le torse. Cette esthétique transforme le diaboliste en diabolique vengeur masqué, en guerrier venu sur scène nous raconter sa dernière bataille.
La gestuelle
Les mouvements de Tony Frebourg s’éloignent alors de ceux du théâtre Nô et rappellent maintenant l’art martial japonais. Les baguettes du diabolo sont semblables à celle du Nunchaku et le diabolo lui-même peut représenter le Yin et Yang. En effet, celui-ci est composé de deux cônes reliés par une bague. Deux parties d’une même forme, deux entités complémentaires prisent dans le jeu de la dualité. Bardé de tous ces symboles, le diaboliste exécute une danse martiale, où chaque geste, chaque coup de fouet, qui accélère le diabolo est une libération, une thérapie : Expulser la haine, la faire éclater en plein jour pour mieux retrouver la paix intérieure. Les quelques acrobaties qui ponctuent le numéro, sont des moments de respiration indispensables. Elles donnent une légèreté et une grâce à l’ensemble.
Photo : William Condette
La technique
Au-delà d’une véritable recherche esthétique et symbolique, le numéro de Tony Frebourg impressionne également par sa technicité. Il y a une véritable progression du début à la fin. Pourtant dès le départ il place la barre très haut, car c’est une véritable gageur que de jongler avec un masque, celui-ci réduisant considérablement le champ de vision. Il va toujours plus loin en utilisant un, deux, trois, puis quatre diabolos entrecoupé d’acrobaties spectaculaires : pirouettes, équilibre, grands écarts dignes de Valentin le désossé. Concernant la technique pure du diabolo, Tony Frebourg maîtrise à la perfection le fouet, le tourbillon, le génocide, le départ fouet « duicide » ainsi que toutes sortes de satellites, de passages du ou des diabolos entre les bras ou les jambes, de lâchés de baguettes incroyables. Enfin il est reconnu pour ses spectaculaires grands carrousels de trois, quatre voire cinq diabolos.
Fusion
En l’espace de 8 minutes, Tony Frebourg a fait voyager le spectateur à l’autre bout de la planète. Dans un déluge de virtuosité et d’esthétisme, le jeune diaboliste nous a subjugués et prit à la gorge. Ce spectaculaire numéro, qui peut être regardé au premier degré recèle, en vérité, une mine de références. Sa richesse finit par révéler le sens profond qui était caché en chacun de nous.
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