Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
Je me souviens que mes frères et sœurs aînés avaient une boîte de magie quand j’étais enfant, mais je n’y ai jamais pris goût. À vingt ans seulement, ma petite amie m’a montré un tour de cartes (il s’agissait de Mutus Nomen Dedit Cocis) qu’elle avait appris de son grand-père. Cela m’a beaucoup intrigué.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai tout de suite appris quelques tours sur YouTube, une plateforme alors toute nouvelle en 2009. Après les avoir montré à ma copine, elle m’a tout de suite dit qu’elle savait comment je les réalisais. Je me suis donc dit qu’il devait y avoir autre chose. Deux mois et quelques recherches plus tard, j’étais le fier propriétaire des deux premiers tomes de Card College de Roberto Giobbi.

Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. À l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Le Cercle Magique Suisse (MRS) et ses clubs locaux m’ont été d’une grande aide pour tisser des liens avec la communauté. Avant cela, je ne connaissais pas l’immensité du monde de la magie. C’est au sein de cette association de magiciens que j’ai rencontré mon ami Lorenz Schär, qui m’a toujours beaucoup soutenu, aidé et enseigné (même s’il n’était pas d’accord). Grâce à lui, j’ai découvert le vrai travail d’illusionniste.
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos créations, spectacles et numéros
J’ai toujours pensé que mes compétences principales résidaient dans les techniques de cartes complexes comme les empalmages ou les faux mélanges. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert une force sans doute bien plus importante : être bienveillant, se comporter comme une personne normale et être à la hauteur des spectateurs. Le public ne se souvient pas des techniques difficiles, mais du plaisir passé avec vous. Mais je suis loin de suggérer qu’un magicien ne devrait pas apprendre de techniques complexes, car elles sont inestimables. Les conditions dans lesquelles je travaille sont exigeantes : je fais souvent du table-à-table, dans un environnement bruyant. Dans ce cas, il est crucial d’avoir un vaste répertoire pour pouvoir improviser. Outre la magie de table et de déambulation, j’aime le stand-up et la scène. Et pourtant, je n’ai pas encore de spectacle solo ! C’est mon projet actuel. Jusqu’à présent, j’ai toujours organisé des spectacles mixtes tels que Magic Circle, Magie Genuss-Express, La Via Magica et maintenant The Golden Rabbit Show. C’étaient et ce sont des projets très amusants où j’ai pu apprendre beaucoup de choses grâce à eux.



Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Je suis sans aucun doute très influencé par mon ami et professeur Roberto Giobbi et, à travers lui, par l’école espagnole et ses excellents professeurs. J’adore le travail précis de Dai Vernon, l’approche humaine de Juan Tamariz, l’humour incroyable de David Williamson, la créativité de Tommy Wonder, les idées de Paul Harris, l’ingéniosité de Pit Hartling, Denis Behr et des autres membres exceptionnels du groupe Cardworkshop.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Pour généraliser un peu : tous les styles qui interagissent réellement avec les spectateurs, en tant qu’êtres humains, à égalité avec eux, comme c’est mon objectif lorsque je me produis. J’aime les approches humoristiques où le magicien communique avec son public.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Outre tous les artistes exceptionnels mentionnés précédemment, je voudrais parler de mes parents. Ma mère est peintre. C’est auprès d’elle que j’ai appris diverses techniques. Mon père a toujours eu un talent pour l’artisanat, un talent qu’il m’a transmis.

Quels conseils et quels chemins recommander à un(e) magicien(ne) débutant(e) ?
Restez curieux et ne croyez pas aux raccourcis, souvent vantés sur le marché de la magie. Concentrez-vous d’abord sur un domaine, comme la magie des cartes. Je crois qu’elle contient des enseignements pour toutes les autres branches de la magie. Profitez de la sagesse des anciens maîtres, mais n’oubliez pas de laisser libre cours à votre créativité.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Apprendre la magie, bien sûr ! Comme mes spectacles nécessitent beaucoup d’interactions sociales, je pratique pendant mon temps libre des « loisirs silencieux » comme les échecs, le sudoku, la lecture et la randonnée.
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Interview réalisée en octobre 2025. Crédits photos – Documents – Copyrights : Tom Davis / Christine Joy. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.