Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai commencé en 1970, à l’âge de dix-huit ans, fasciné après avoir vu un magicien.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai commencé par des spectacles caritatifs. Une émission de huit minutes sur le programme télévisé le plus populaire de l’année au Portugal a changé ma vie. En 1973 j’ai participé à ma deuxième émission pour la télévision sur RTP1. En plus d’une démonstration de mes tours de l’époque, j’évoquais des moments importants de ma vie, ma carrière d’illusionniste et le désir de devenir prêtre. Peu de temps après, j’ai perdu ma vocation religieuse et durant cinquante ans je me suis engagé dans une carrière d’artiste magicien. Ma vocation a tout de même réapparue avec la pratique de l’illusionnisme et je suis devenu également missionnaire laïc pour un monde meilleur.
Durant mes premières années d’apprentissage, J’ai étudié uniquement avec les livres du père espagnol Wenceslao Ciuró. Après douze ans de séminaire et la fin de mes études de théologie à l’université de Lisbonne, j’ai étudié la psychologie et le journalisme, dans l’incertitude d’un avenir d’artiste ou d’intellectuel. J’ai suivi plusieurs cours d’enseignement supérieur et j’ai obtenu un diplôme en psychologie à l’UNL (l’Université Nouvelle de Lisbonne) en 1978. Ces études m’ont aidé à améliorer mes spectacles, à écrire trois livres (et notes de conférence) et faire des conférences sur la psychologie appliquée à la magie.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Ceux qui m’ont le plus aidé sont les illusionnistes viennois Willy Seidl et son fils W. Seidl Junior. Dans leur usine Metaldrukerei, j’ai construit plusieurs de mes inventions. Mon plus grand rêve au début était d’avoir un prix à la FISM. Ma plus grosse erreur a peut-être été de concourir quand j’étais amateur. Je me suis donc consolé avec « les Prix du public » et « Grand Prix du jury » dans un concours pour Bratislava TV avec plusieurs grands noms de l’époque, dont deux premiers prix FISM.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
J’ai travaillé dans les meilleures et les pires conditions sur les quatre continents. Pour le meilleur, je me suis produit pour des programmes télévisuels où j’étais « accusé » de gagner en dix minutes ce qu’un architecte gagnait en deux ans et demi en travaillant huit heures par jour. Pour le pire, j’ai travaillé dans des boîtes de nuit avec un seul client qui était plus intéressé par les dizaines d’hôtesses renversant du champagne pour gagner 10% de ce qu’il avait payé en boisson…
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Les premiers dont je me souviens et qui m’ont influencé sont Silvan et Shimada à la FISM de Paris en 1973. Gaëtan Bloom, Otto Wessely et Wittus Witt étaient les plus grands concurrents dans ma catégorie préférée : la magie comique.
Luís de Matos a été l’illusionniste qui a le mieux réalisé nombre de mes rêves. David Copperfield, Siegfried & Roy et les Ehrlich Brothers sont pour moi des mythes de la magie. Richiardi Jr., Dody Willtohn et Gaëtan Bloom étaient les illusionnistes les plus célèbres de leur époque avec lesquels j’ai eu le plaisir et l’honneur de travailler.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
La magie comique est ma préférée. C’est avec ce genre que j’ai gagné le plus de prix et participé à de nombreuses émissions de télévision.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Pendant près de trente ans j’ai assisté à presque tous les congrès de la FISM où j’ai analysé l’influence des modes du moment. Chaque congrès ou festival magique auquel j’ai participé en tant que candidat au concours, artiste invité aux galas, conférencier ou simple spectateur a toujours été une source d’inspiration.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Avoir un bon professeur peut être le moyen le plus simple de devenir un grand magicien. La psychologie est le meilleur moyen de transformer un tour en spectacle magique. L’étude et la pratique du théâtre, du mime, de la pantomime et de la diction pour les spectacles parlés sont très importantes pour améliorer un numéro. Ma pire erreur a été de présenter en public ce qui n’était pas encore bien travaillé et répété. Une erreur en public a tendance à se répéter si nous ne travaillons pas assez.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
La vie actuelle avec Internet et les nouvelles technologies est pleine d ‘« effets magiques » qui rivalisent avec l’illusionnisme « traditionnel ». Cela peut être un problème ou une opportunité.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
La magie est appelée « la reine des arts ». En fait, de nombreux arts peuvent contribuer à améliorer les spectacles de magie et de nombreux effets magiques peuvent améliorer d’autres arts du spectacle.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Avec le nom littéraire de « PiresPortugal » je suis l’auteur d’idées pour un monde meilleur (MMM – Mission du monde meilleur). J’ai publié Tempo é Vida (Le Temps c’est la vie), un eBook sur les valeurs, le bonheur, la santé, l’amour, l’intelligence, la mémoire et la créativité.
Note de la rédaction :
SERIP, né à Guarda au Portugal en 1952, a fêté ses cinquante ans de magie en 2020. Au cours de sa carrière, il a obtenu dix-sept prix internationaux. Il a été pendant quelques années l’illusionniste portugais le plus récompensé au Portugal et à l’étranger et l’un des meilleurs spécialistes en magie comique. Il s’est installé en Italie et a parcouru l’Autriche, la Suisse, l’Espagne et la Pologne pour s’installer définitivement en Allemagne, il y a une dizaine d’années. Il est l’auteur de trois livres de référence traduits en quatre langues, de vidéos spécialisées et de conférences sur la psychologie appliquée à la magie dispensées à travers sept pays.
Sa carrière d’interprète touchant à sa fin, il a actuellement l’idée d’aider d’autres magiciens, ainsi que les plus jeunes, en développant un projet international nommé MAMiii (Magic-Akademy-Museu invenções inovações ideias de criatividade e psicologia para mágicos ilusionistas) Une académie de magie et un musée des inventions / innovations et d’idées de psychologie pour magiciens-illusionnistes et l’avenir de la magie.
C’est un projet international de vidéos, cours, publications, livres, eBooks, blogs, sites web et réseaux sociaux pour une collaboration entre magiciens avec trois objectifs
– Apprendre et améliorer des spectacles avec la psychologie et la créativité au service de certains membres et collaborateurs ou de tout magicien.
– Gagner de l’argent grâce aux collaborations, services, traductions, corrections, etc.
– Sauver les inventions, innovations, idées originales et matériels de Serip pour l’avenir d’autres magiciens. Certaines choses seront proposées gratuitement sous certaines conditions et d’autres seront proposées à la vente à la meilleure offre.
Ce projet pourra se développer grâce à un président co-fondateur dans chaque pays. Si vous êtes intéressés, contactez directement Serip à l’adresse mail ci-contre : piresportugal@hotmail.com
À voir :
- Le deuxième passage télé du jeune Madeira Pires en 1973
- Le passage télé de Serip en 1979 dans l’émission Temos Festa sur RTP
- La chaîne MAMiii
À lire :
- Psychologie appliquée au magicien par le Docteur Pires (Autoédition, 1982)
- NEO
- PEPMC
- SMC
- PICMIP
Interview réalisée en avril 2021. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Serip. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.