Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier
déclic ?
Depuis que je suis tout petit je suis attiré par le spectacle en général, enfant je voulais être clown, j’ai eu comme tout le monde la boite de magie mais elle est restée dans un placard à prendre la poussière et je suis devenu grand spectateur de spectacles en tous genres.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai passé le cap à l’âge de 27 ans pour amuser mon fils qui avait 2 ans… Je passais tous les vendredis devant un magasin de jouets anciens à Marseille et il y avait un petit rayon « Magie », je suis entré et j’ai acheté mon premier tour, la disparition d’un foulard avec un F.P. Je me suis ensuite inscrit dans une école de magie de ma région, les « Magiciens Pennois ».
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A
l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Je pense que chaque rencontre que j’ai faite m’a permis de faire un pas en avant sur mon « Chemin Magique ».
Mais il y a des personnes un peu plus importantes que d’autres. Je pense par exemple à Erik PARKER qui enseigne à l’école de magie où j’ai commencé. J’ai beaucoup appris et j’apprends encore à son contact, il est le premier « Vrai » magicien que j’ai rencontré, il est le premier à m’avoir fait confiance et à m’avoir fait travailler professionnellement, je n’exagère pas en disant qu’il a réellement changé ma vie.
Mon entourage est également très important et j’ai un soutien sans limite de ma femme qui a beaucoup de patience et qui accepte mes délires !
Pour les opportunités, il est clair que mon aventure au sein de l’équipe de France a été un vrai tournant dans mon parcours. Des rencontres importantes, des moments forts, des réussites, des échecs, bref des moments qui m’ont marqué en profondeur.
Quant à ce qui m’a freiné… je ne vois pas. A part peut être moi-même, mes préjugés, mes propres barrières, j’en parlerais à mon psy ou dans mon prochain spectacle…
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je suis ce que certains appellent un « semi-professionnel » même si je n’aime pas ce terme (sur mes fiches de paye d’artiste, je ne paye pas des « semi-charges »…). En France nous avons un besoin de mettre les gens dans des cases, dans d’autres pays le fait d’avoir plusieurs activités professionnelles n’est pas forcément un problème. Certains sportifs professionnels font des conférences, écrivent des livres font du Team Building, et ça ne pose aucun problème.
Je suis actuellement toujours enseignant d’Education Physique et Sportive en Collège, et je fais également des prestations professionnelles en tant que magicien, j’ai juste plusieurs fiches de paye…
Pour les conditions de travail concrètes, elles sont variables. Je travaille avec plusieurs agences dans le milieu de l’évènementiel, que ce soit en magie de scène ou en close-up. Sur scène je prends autant de plaisir avec le format stand-up qu’avec des numéros visuels. Généralement, quand je travaille sur des numéros visuels en musique, je tombe vite dans les musiques douces et dans les numéros participatifs. J’aime bien mettre une bonne dose d’humour dans la mise en scène… Deux facettes de ma personnalité…
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Il y en a beaucoup…
Philippe GENTY pour son inventivité, sa créativité, son utilisation de l’effet magique pour donner du sens à ses histoires.
Miguel Angel GEA pour sa capacité à rendre chaque geste, chaque effet absolument magique.
Etienne SAGLIO pour son ouverture vers une autre écriture.
Ta Na Manga avec leur numéro FISM, un des numéros qui m’a le plus touché.
Barry & Stuart pour leurs shows TV.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Difficile de faire un choix, je suis plutôt un boulimique…
Je me régale devant un show de grandes illusions à l’américaine, j’adore l’approche stand-up et je suis fan de la « magie nouvelle« . Je ne suis pas exclusif, j’ai besoin de vivre et de ressentir des émotions différentes.
Disons que je suis attiré par les émotions, peu importe ce que fais l’artiste à partir du moment où c’est bien fait et où il est là pour partager avec le public.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Question difficile… Tous les artistes que j’ai pu voir ont probablement influencé mon parcours, dans un sens ou dans l’autre.
Et ces influences ne sont pas les mêmes dans mon approche stand-up et dans mon numéro de cordes RenaiSens.
Pour le côté magie-cabaret, les magiciens américains comme The Amazing JONATHAN ou Eric LEBLON en France m’ont probablement inspiré dans le rythme, l’énergie sur scène, et pour mon numéro de cordes, l’univers du réalisateur Tim BURTON a forcément été un élément fort dans mon travail de création. Le spectre est donc plutôt large entre ces deux univers.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Je ne pense pas avoir suffisamment d’expérience pour donner des conseils, je me considère encore comme nouveau dans le milieu de la magie, mais je peux donner des pistes de réflexion.
– Rapprochez-vous des professionnels qui vivent exclusivement de la magie et respectez leur métier. A mon avis c’est le meilleur moyen de travailler dans ce milieu.
– Allez voir des spectacles, quels qu’ils soient !
– Faites des rencontres, le plus possible !
– Travaillez vos numéros en cherchant à provoquer une émotion. Peu importe laquelle, le rire, la peur, la tendresse…
– Soyez sincère avec votre public, proposez leur une histoire, une aventure, partagez !
– Jetez tout matériel de magie composé à plus de 50% de glitter (bon j’avoue, j’ai un tube très brillant dans mon One Man show, mais il y a une cohérence dans l’histoire et… euh, non en fait je n’ai pas d’excuse, j’ai juste un tube brillant…)
– Faites ce dont vous avez vraiment ENVIE.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je ne pense pas qu’il y ait une magie. Quand je regarde autour de moi je vois des spectacles avec des fleurs en plumes et des guéridons pleins de glitter, des magiciens humoristes, des spectacles contemporains, des effets à visée commerciale pour les entreprises…
On peut penser que certaines formes de magie sont un peu old school et relèvent du passé, mais qu’on le veuille ou non le magicien en queue de pie avec un chapeau brillant et une baguette magique existe encore en 2016.
Et finalement je pense que c’est aussi ce qui en fait un domaine artistique car chacun s’approprie cet outil pour l’intégrer à son univers.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Déjà la magie EST culture en soi, en tant qu’activité humaine qui propose une vision et une appropriation du monde et du réel.
Après il y a bien entendu une culture magique qui regroupe un certain nombre de connaissances, mais on remarque vite que chacun définit quels sont les fondamentaux…
Au-delà des connaissances techniques, je pense qu’il y a des personnalités, des figures magiques qui sont incontournables dans les différents domaines de la magie. Il serait dommage (et étonnant) par exemple de travailler sur la magie des cordes sans croiser des noms comme Jacques DELORD ou Francis TABARY, ou encore Juan TAMARIZ pour la cartomagie.
Pour la culture historique, il n’est bien entendu pas nécessaire de tout connaître mais il me semble important de savoir ce qui s’est fait avant, comment s’est construite la magie et quels sont ses fondements, savoir d’où l’on vient, pour mieux tracer notre chemin.
De plus les gens sont souvent curieux et posent parfois des questions sur l’histoire de la magie et il est intéressant de les renseigner sur le sujet.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Le Beach Volley, les théories de l’apprentissage et le fonctionnement du cerveau, la construction de tour Eiffel en allumette et les dîners de cons.
– Interview réalisée en mars 2016.
A visiter :
– Le site de Sébastien Fourie.
Crédit Photos : S.Bazou, E.Constant, S.Fourie. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayant-droits, et dans ce cas seraient retirés.