Philip Prentice Anderson est le deuxième fils (illégitime) du célèbre magicien écossais John Henry Anderson, « The Wizard of the North ». De 1858 à 1867, il travaille dans le spectacle de son père. En 1867, il se présente tout seul, sous le nom de « Signor Rubini » et part en tournée en Europe et aux États-Unis, puis se produit sur la prestigieuse scène de l’Egyptian Hall, le programme d’un certain John Hayes, qui donnait un « spectacle de magie, de mime et de ventriloquie », l’annonçait comme « disciple du Colonel Stodare et de Herr Dobler ». Ayant peu de succès, il abandonne son propre spectacle et travaille pendant un an comme assistant du magicien Robert Heller.
Les femmes de Rubini ont également été impliquées dans ses spectacles. Sa première femme Louise Maude Anderson et sa seconde épouse Blanche Louise Daniels, présentée comme « Blanche De La Cour » ou « Mlle Blanche ». Juste avant la mort de son père, Rubini prit le nom de Prof. Anderson, « le sorcier du Nord », et parti en tournée en dehors des États-Unis. En 1900, il se retire du monde du spectacle et déménage en Australie, où il devient dentiste. Il déménage ensuite en Angleterre où il finira ses jours.
Le Prof. Anderson fut aussi un utilisateur précoce du cinématographe des frères Lumière dans ses numéros dès 1899, comme Carl Hertz un peu avant lui, date d’une tournée en Inde et en Asie du Sud qui durera une dizaine d’années. Il réalisera avec sa caméra baptisée Andersonoscopograph deux petits films : Poona Races et Train Arriving at the Churchgate station en 1898.
L’illusion de la décapitation est un classique de la magie qui rencontra un très grand succès public et commerciale. Nous retrouvons cet effet au théâtre dans les comédies de magie dès le XVIIIe siècle et ensuite tout au long des XIXe et XXe siècle. La décapitation est souvent associée à l’illusion d’optique des « Têtes parlantes ». Ce tour remonte à la haute antiquité et fut présenté par d’innombrables illusionnistes, puis dans les fêtes foraines par la suite, sous la forme d’entresorts et notamment chez Barnum. La tête, sans corps, était posée sur un plateau puis ouvrait les yeux et répondait aux questions posées par les spectateurs. Parmi les plus célèbres « Têtes parlantes » figure celle du Colonel Stodare, imité ensuite par Talrich, Delille, Cocherie et Gallici. Parmi les différentes décapitations réalisées par les illusionnistes, celle de Rubini était particulièrement morbide car montrée sous un jour parfaitement sérieux et terrifiant. Aucune douceur dans l’expression du bourreau, mais un sadique sentiment de satisfaction.
Dans la tradition des « coupeurs de tête », les autres magiciens prennent leur sujet plus légèrement et la terreur est neutralisée par des effets distrayants, comme en témoigne Le décapité récalcitrant de Georges Méliès, où la décapitation revêt une allure comique un peu exagérée ; ou The Great Decapitation Mystery de Servais Leroy et Bosco ; il y a aussi l’angélique beauté de Magie Hindoue d’Adélaïde Herrmann ; Nicola nous met à l’aise en nous disant que la décapitation est un « cri mêlé au rire » ; Kellar, Andress et Cazeneuve tenant leur propre tête, nous réconfortent par un gentil regard. Notons également d’autres bourreaux-illusionnistes comme Bénévol, le Professeur Gauthier, le Professeur Krosso, Max Reywills, Charles De Vere…
Cet article a été publié pour la première fois dans le MAGICUS magazine n°203 (janvier-février 2017). Crédits photos – Documents – Copyrights : Collection S.Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.