Le spectaculaire numéro de magie égyptienne de Rameses, comme beaucoup d’autres, acquit une considérable renommée dans les premières années du XXe siècle, mais, avec le déclin du music-hall et des variétés, il sombra dans l’oubli. Le britannique Albert Marchinski était issu d’une famille de bouchers cachères de l’Est End de Londres, et, avant de se lancer dans le métier de magicien, il avait été acteur yiddish. Quand il décida de quitter la profession d’acteur et de devenir artiste de music-hall, il eut la chance d’obtenir que l’épouse d’un certain professeur Harcourt lui vende à peu de frais les « trucs » de son mari.
En plus de ces tours, il décida de créer un numéro avec des décors et des costumes égyptiens, dans lequel il jouerait le rôle d’un grand prêtre. Albert Marchinski devint donc Rameses, le grand magicien égyptien car les music-halls étaient déjà remplis d’illusionnistes « chinois ». Annoncé comme « le grand producteur égyptien des merveilles » ou « le mystique d’Orient », assisté par sa femme et ses deux frères, Rameses améliore peu à peu ses exploits jusqu’à ce qu’ils soient parmi les plus populaires et les plus appréciés de son époque. Le clou de son luxueux spectacle était une illusion de crémation (une femme brûlée en public renaissait de ses cendres).
En 1910 un imprésario de théâtre américain, Martin Beck (qui avait très bien réussi en faisant travailler Houdini), engagea Rameses pour faire une tournée aux Etats-Unis. Il commença à l’Orpheum théâtre de Denver, dans le Colorado, le 31 juillet 1910, et devait terminer sa tournée à New Orléans en février 1911. Mais il eut tant de succès que deux ans plus tard il tournait encore. En avril 1914, il était de retour en Angleterre et donnait une représentation commandée par la Cour.
En 1917, Rameses, avec l’argent qu’il avait gagné dans ses tournées, acheta l’Empire Théâtre, à Southend-on-Sea, ou il monta entre autre Marchandises avariées, pièce qui fut alors très controversée. Son expérience théâtrale ne fut pas concluante et au bout de cette année-là, il retourna au music-hall. Vers la fin de sa vie, il ne jouait que de « petits tours de magie » au lieu des numéros spectaculaires comme ceux qu’il présentait souvent du temps de sa splendeur.
Sur l’affiche The Eastern Mystic, on voit Rameses et sa suite devant les pyramides et une oie assez imprévue (on ne se serait pas attendu à voir cet animal en plein désert égyptien). En fait dans son numéro il faisait apparaître une jeune fille et une oie d’une structure pyramidale. L’oie était hypnotisée, et on la réveillait après que Rameses avait fait quelques tours de magie. La boule et le madrier que porte le personnage derrière lui représentent la Boule de Golliwog, numéro bien connu à l’époque et qui fut créé par David Devant. Il s’agissait d’une boule montant et descendant le long du madrier, défiant en apparence les lois de la gravité.
Cet article a été publié pour la première fois dans le MAGICUS magazine n°205 (mai-juin 2017). Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Msgr Vincent Foy / The Magic Circle Collection / Collection S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.