Vendredi 26 septembre à 15h30.
Nous attendions tous cette conférence avec impatience car l’art du quick change a été gardé secret par de rares spécialistes.
En France, seule Valérie a dévoilé quelques trucs lors d’ateliers du Cipi en 2004, 2005 et 2006.
C’est grâce à Pascal Marc que le contact a été établi et que cette conférence unique, venue des USA a pu avoir lieu. David expliquera au cours de celle-ci les motivations et l’envers du décor de cet Art singulier. La principale étant d’expliquer et d’apprendre aux spectateurs présents pourquoi ne pas le pratiquer !
Sur la scène de gauche à droite : David, un paravent coloré en trois bandes, Diana une magnifique femme, une table et une chaise recouvertes de monceaux de robes et de tissus.
David commence par interroger la motivation des spectateurs : Certains sont venus par curiosité, d’autres pour apprendre, d’autres enfin on été séduits et meurent d’envie de faire comme David et Dania.
Nous n’obtiendrons pas de révélations fracassantes ni d’astuces précises pour confectionner ces vêtements, mais de bons conseils seront prodigués.
Tout d’abord, selon David, tout doit avoir une raison en magie. Il prend l’exemple du tour de la femme coupée en deux qui ne veut rien dire du tout et accessoirise la femme en l’enfermant dans un rôle de potiche. (Cf : Conférence d’Otto Wessely et Eric Antoine)
Pour lui il est fondamental que la partenaire soit aussi importante que le magicien. Elle doit être son égal sur scène le tout constituant donc une entité.
Ce sont deux personnages qui ne font plus qu’un comme en danse de salon. Il donne l’exemple des championnats du monde de valse où les corps fusionnent magiquement. Il est donc pour la parité !
Paradoxalement, il pense que le fait d’inclure un ou deux changements de costumes dans un numéro de prestidigitation est une erreur et n’est pas justifié.
Pour lui c’est un Art à part entière du début à la fin du numéro, qui doit constituer un show complet.
Mais passons aux travaux pratiques
Une valise est apportée et son poids est testé parmi les spectateurs du premier rang. Celle-ci contient l’équivalent en poids de tous les habits que Dania portera pendant le numéro de quinze minutes tout en dansant.
David répètera souvent que leur numéro est le fruit de quinze années d’expérience et de mise au point.
Préparation
Pour illustrer ses propos, le couple propose de nous montrer leur technique pas à pas. L’habillage commence bien entendu par la fin et la préparation remonte à l’envers jusqu’au début du numéro en couches successives.
Cette préparation prend, en temps normal, quarante cinq minutes avant chaque représentation. Il leur faut ensuite une heure trente pour tout replier et ranger.
Chaque robe est mise en une seule fois.
Ils s’habillent le plus tard possible car tous ceci est extrêmement physique.
On assiste alors à l’enfilage de robes sous nos yeux médusées.
La robe blanche finale est surmontée d’une robe rose qui tranche nettement avec la précédente.
Pour David c’est là un des grands principes du quick change pour qu’il soit bien compris de tout le monde. Le change doit être radical, visuel et contrasté.
La composition, la texture et la forme du vêtement entrent en ligne de compte.
Chaque robe représente un style, une musique, une couleur et un parfum différent.
De nombreux copieurs de leur numéro n’ont pas compris ça et présentent par exemple un changement d’une robe bleue vers une robe verte. Ce n’est pas assez radical.
Continuons le compte à rebours et passons à la troisième robe, noire à gros pois blancs rehaussée d’un petit ruban jeté sur l’épaule, un détail important dit David car il rend le changement plus dramatique, ce ruban n’est pas là pour paraître plus mince mais pour une autre raison.
Cela a pris quinze années (encore !) pour trouver le bon tissu, et pour décider l’usage de pressions ou de zip.
Le but est aussi à chaque fois d’affiner la silhouette pour avoir l’apparence la plus haute et la plus fine possible.
La taille de Dania (Un mètre soixante douze) et les chaussures à talons, entreront dans cette démarche.
NB : Les chaussures seront enfilées vers la fin de l’habillage.
Après la robe noire à pois, vient une robe violette. Celle-ci comporte des strass en bandes verticales sur le buste allongeant la silhouette, une sorte d’effet d’optique donnant l’illusion de légèreté accentué par la fluidité de la matière.
Dania a de plus en plus de difficulté à respirer et va s’asseoir entre chaque habillage pendant les explications détaillées de David.
La robe verte suivante est très échancrée au niveau des jambes pour élever le plus possible le corps de Dania. Au niveau de la poitrine, un décolleté couleur chair renforce cette impression générale.
Suit une robe jaune et noire avec des rayures dorées verticales pour paraître plus fine.
Dania enfile à ce moment les chaussures à talon. On ne peut pas imaginer qu’elle porte déjà cinq robes longues.
Puis elle enfile une robe rouge et noire bouffante avec des raies noires et des franges, style espagnol, fermée avec un zip par-dessus cette préparation.
Une robe longue légère de couleur violette avec quelques plumes sur les épaules pour accentuer la légèreté et le camouflage, vient ensuite par dessus.
(Nous ne savons plus où nous en sommes et nous avons peut-être oublié une robe dans nos commentaires).
Toujours est-il qu’à la fin si nous n’étions pas dans la confidence de la préparation, nous ne nous douterions pas une seconde que Dania porte sur elle en tout sept ou huit robes ! Et pour certains galas il lui arrive d’en porter quinze !
Pour décourager les vocations hâtives, David précise que chaque robe coûte entre 8000 et 10 000 $ !
Le tissu est acheté à new York. Le jupon est fignolé en Russie, la robe parvient en deux morceaux à Chicago où elle est construite en une seule pièce.
Est-ce une manière de garder le secret pour le rendre impossible à remonter ? David ne l’a pas précisé.
Présentation
Pour le changement de la première robe un tunnel de tissu est utilisé. Nous apprécions la rapidité de l’exécution et la netteté du changement de couleur.
Le deuxième changement est effectué derrière le paravent dont nous avons parlé au début, avec les couleurs rouge d’un côté, noir au milieu et jaune de l’autre. Outre le fait de masquer la partie secrète du changement, il permet un meilleur suivi par le spectateur car la robe rouge se transforme logiquement en robe jaune.
Le troisième changement se fait avec un tunnel de tissu. Mais cette fois-ci David rend l’effet encore plus superbe.
Il donne la future robe à Dania. Le public peut anticiper ce qui va se passer et cela donne plus de force au numéro.
Cette idée est venue après plusieurs années de travail (encore !) et de conseils. Cette modification va tout changer.
Les critiques disaient en effet que David et Dania ne faisaient que de retirer des robes comme on épluche un oignon.
Comment donner l’impression inverse : de mettre une robe ? Ce n’est plus une substitution pour les gens mais une addition. Ce qui rend la chose encore plus impossible.
Bref, la robe jaune se transforme alors en robe verte.
Le quatrième changement est possible avec un simple cerceau à franges violettes passé autour et par dessus de Dania. La robe verte devient donc ensuite violette.
David précise alors au passage qu’ils sont les seuls à pouvoir présenter leur numéro complètement entouré à 360°.
Ils passent dans des stades de 20 000 spectateurs par exemple au cours des championnats de basket de la NBA.
Le cinquième changement donne aussi l’illusion de mettre une robe. Il se pratique avec un voile violet tendu par David et enroulé autour de Dania qui apparaît aussitôt en robe noire à pois.
Le sixième changement utilise le même principe avec un immense drapeau pour laisser apparaître une robe rouge/rose.
Le septième et dernier changement est une création originale du couple qui a maintenant été pillée, copiée et reproduite dans le monde entier par d’autres transformistes.
Le procédé est protégé aux USA par la loi. Gare aux copieurs.
Ailleurs les gens peuvent copier mais avec la honte sur eux, dixit David !
(Cf : Débat sur VM à propos du numéro de Dominique le pickpocket inégalé !)
Il s’agit d’un change final époustouflant sous couvert simplement d’un paquet de confettis lancés par David au dessus de Dania.
Les particules argentées retombent et laisse apparaître la robe blanche du final. C’est vraiment magique. Le mythe de Cendrillon dont les haillons se changent en robe de princesse est certainement réveillé dans l’inconscient des femmes présentent dans le public.
David nous annonce qu’après quinze années (encore !) de travail de création à partir de la simple idée d’une fille qui change de costume, le moment est venu d’expliquer. Ils ont peut être un désir inconscient de reconnaissance par rapport aux nombreux plagias.
Mais à la fin, certains resterons sur leur faim car face aux assauts de questions concernant les petits trucs pratiques ils ne les ont été dévoilés (pressions, zip etc.). David appelle les personnes réellement intéressées à s’inscrire à des stages pratiques qui se dérouleront en Europe en 2009 ! Bien vu ! On ne les a pas sentis arrivés…
Au Gala
Lors du gala du samedi soir nous avons pu assister à la totalité de la prestation du couple.
Nous nous sommes rendu compte que le mélange de magie (apparition de bouquets de fleurs en plume !) et de changements de costumes n’était pas très design malgré la qualité professionnelle de la présentation.
Deux sentiments ont pu aussi aggraver cette désillusion :
1- David avait annoncé à la fin de sa conférence que leur numéro avait été présenté trois fois devant des Présidents des Etats-Unis., devant la reine d’Angleterre et cent cinquante fois pour des télévisions du monde entier, devant le prince Rainier de Monaco etc. Chose à ne pas dire.
J’ai remarqué depuis longtemps qu’une annonce dithyrambique avait souvent un effet délétère sur le numéro annoncé. Des phrases comme : « Voici le plus grand comique du monde, le plus grand magicien du monde » sont terribles pour celui qui va se présenter, car on ne peut qu’être déçu.
2- Nous connaissions le secret. Et qu’on le veuille ou non la magie repose aussi sur la notion du secret.
Au final nous avons tous éprouvé néanmoins une grande fascination pour cet art particulier.
A lire :
– L’interview de David et Dania.
Crédits photos – Copyrights avec autorisation : David et Diana. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.