Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Mon père était un détective d’homicide et lorsque des événements horribles de son travail ont commencé à peser trop lourdement sur lui, il a cherché à s’évader par des loisirs et des hobbies qui l’ont rendu joyeux et plus léger. Il a étudié ainsi, à un niveau professionnel, les clowneries et la magie et tout cela s’est produit au cours de mes années les plus formatrices au début des années 1970. J’ai grandi en compagnie de magiciens, de jongleurs, de clowns, d’avaleurs de sabre et d’autres artistes de variétés. J’ai commencé à pratiquer la magie quand j’avais 8 ans et j’ai fait mon premier spectacle en public à l’âge de 10 ans. Je crois que j’avais 12 ans quand j’ai rencontré Doug Henning et j’ai ensuite rejoins un club de magiciens local.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’avais un cousin (qui est maintenant un médium assez célèbre) qui travaillait dans un magasin de magie quand j’étais très jeune. Il ne voulait jamais me dire les secrets de ses tours. J’en ai eu vite marre et j’ai commencé à apprendre par moi-même. J’ai vite rencontré d’autres magiciens qui m’ont encouragé et qui étaient très généreux de leur temps.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Mon père m’a aidé à m’intégrer dans la communauté magique et il a organisé ma première apparition à la télévision (c’était horrible).
J’ai gagné l’amitié de nombreux artistes reconnus et de célébrités américaines. Ces amitiés m’ont certainement aidé par la suite dans un grand nombre de mes spectacles que j’ai réalisé. Chaque année, j’essaie de faire au moins deux spectacles qui sont plus grands et mieux réalisés que l’année précédente.
En 2013, j’ai co-conçu et joué dans le ballet magique A Gothic Folk Tale avec une compagnie appelé « Wonderbound ». Autant vous dire qu’avant cela je n’avais aucune éducation ou formation en ballet. Dans ces conditions, ils ne s’attendaient pas à me voir danser, mais nous avons créé un beau spectacle où j’ai réalisé plusieurs illusions scéniques comme un hommage à mes mentors. Le succès du spectacle nous a permis de signer de nouvelles dates, mais je suis toujours à la recherche d’un autre challenge, aussi difficile, pour cette année…
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
J’ai commencé comme artiste de rue dans les années 1980. J’ai également passé de nombreuses années à travailler de table en table dans les restaurants et pour des événements corporatifs. Je ne sais pas combien de représentations j’ai réalisé… environ une dizaines de milliers.
J’ai commencé à jouer sur scène dans un spectacle de variétés style Vaudeville et dans des pièces burlesques. Par la suite, je me suis lancé dans la production et la conception de spectacles du même genre. Actuellement mon nouveau spectacle s’intitule : Professor Phelyx and the World’s Most Dangerous THING ! J’embauche toujours un artiste de variété local à chaque fois que je présente ce spectacle. Il interprète deux à trois saynètes lors de la représentation. Ce sont généralement des artistes qui vivent dans ou à proximité du marché où je joue ; ce qui est amusant pour moi parce que chaque spectacle est très différent. Cette approche permet également d’annoncer mes représentations dans chaque nouveau lieu.
De plus, je produis mon nouveau spectacle de salon intitulé : Professor Phelyx, From the Vest, avec l’intention de le jouer devant un public restreint à 20 personnes pour chaque représentation. Je joue encore, en parallèle, dans des spectacles burlesques (plus de 2500 représentations).
J’ai également une conférence destinée aux entreprises de marketing. Elle est conçue pour enseigner aux vendeurs certaines techniques et tactiques que les magiciens et mentalistes utilisent.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Bien que mon personnage soit très différent, mon travail est semblable à celui de Derren Brown. J’ai aussi été très influencé par Harry Anderson, les artistes de vaudeville et le Rat Pack des années 1960 (un groupe d’amuseurs populaires qui réunissait quelques-unes des stars les plus populaires de l’époque comme Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr., Joey Bishop, et Peter Lawford).
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Je suis un mentaliste mais j’ai travaillé très dur pour apprendre la magie des cartes que j’inclus maintenant dans mes spectacles. Je crois que ma femme aime la magie des cartes plus que tout autre chose !
J’ai passé une grande partie de ma vie à étudier la psychologie, la sociologie, le raisonnement déductif, les techniques d’observation, la programmation neurolinguistique, l’hypnose… J’étais certainement programmé à devenir un mentaliste.
J’ai également pris le temps d’étudier le mime, le clown et la marionnette. Des pratiques qui m’ont aidé dans mon jeu scénique et dans la fluidité de mes gestes et mouvements.
En tant que mentaliste, j’aime réaliser un spectacle complet de 2 heures à partir d’un « seul cas ». Parce que je n’emploie aucuns « trucs » de marchands spécialisés, je peux aller dans un magasin de fournitures de bureau et acheter tous les matériaux pour mon spectacle pour environ 30 $ USD. Cela facilite mes déplacements et je n’ai plus de mal à entrer dans un autre pays.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Nous avons tous tendance à mettre l’accent sur la technique et l’habileté en présentant des tours en forme de « puzzles », mais je crois que l’on devrait plus se focaliser sur la construction de son personnage et travailler les costumes. Il est important de bien connaître son matériel et de maîtriser sa technique, assez pour développer sa présentation et son personnage au-delà du script de départ.
Le public, qu’il soit composé d’adultes ou d’enfants, peut détecter un artiste inexpérimenté et impoli qui n’est pas sincère avec lui. Celui qui ne veut pas être interrompu (n’ayant pas la capacité à improviser) a généralement de mauvaises surprises face à un nouveau public.
Si vous êtes à l’aise, authentique et sincère comme un vrai artiste, vous pouvez développer une relation privilégiée avec votre public.
Si vous présentez « un truc », c’est juste « un truc ». Il y a beaucoup mieux à faire dans l’art de la magie !
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
J’aime la variété dans la magie, qu’il y en ait pour tous les publics. Cette variété permet à notre l’art de se développer et de se transcender au-delà de la stigmatisation commune que nous avons tous vécu quand nous travaillons pour des goûters d’anniversaire pour enfants et que nous faisons tous les mêmes trucs avec beaucoup de tours de cartes…
Le problème actuel est un marché qui devient de plus en plus saturé, et nous avons de grandes difficultés à créer des spectacles originaux qui se distinguent. Cependant, ce défi devrait être passionnant car bien qu’il y ait toujours eu des artistes en herbe qui imitent leurs héros, les vrais artistes originaux, eux, se hisseront au sommet de l’art magique.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Internet a indéniablement influencé un rapide processus de mondialisation, diminuant la taille de notre Monde. Maintenir son art dans l’authenticité et sa culture est devenu plus difficile. L’importance de la culture dans l’art est primordiale. Nous devons aussi pouvoir créer un art qui reflète notre culture contemporaine, tant que nous maintenons et préservons son histoire.
Je crois que l’art magique est un langage universel qui nous oblige et nous responsabilise à enseigner la culture et l’histoire à nos enfants et à d’autres cultures. La magie est un art dans lequel les possibilités sont illimitées !
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Je réalise des travaux d’art visuel. Je suis connu pour créer des œuvres avec de l’eau de Javel sur du tissu. J’aime ce processus d’élimination de la couleur au lieu d’ajouter cette même couleur pour créer une image. C’est comme de la magie !
– Interview réalisée en mars 2014.
A visiter :
-Le site du Professor PHELYX.