Extrait de L’Illusionniste, Vol.1, N°1 de janvier 1902
Joseph Pinetti de Wiledal, romain chevalier de l’ordre Mérite de Saint Philippe. Professeur de Mathématiques et de Physique. Protégé par la Maison Royale de France, Pensionnaire de la cour de Prusse, etc. Tels sont les titres qui s’étalent à la première page d’un ouvrage de Pinetti que nous avons sous les yeux. Le dessin (ci-dessous) orne la préface de l’ouvrage de Pinetti.
Cette édition date de 1785. A ce moment Pinetti venait de quitter la France et jouait en Angleterre. Un journal de l’époque nous dit que parmi ses tours surprenants on remarquait une petite tête d’or mise dans un gobelet et qui répondait par signes aux questions des spectateurs. (Nos lecteurs reconnaîtront ici Benjamin ou la pièce bavarde) ainsi que le canif désigné par un spectateur qui mit avec deux autres dans un gobelet d’eau s’élançait seul hors du verre (ceci c’est le tour de l’orange qu’on verra plus loin).
Extraits de Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres en France, depuis MDCCLXII, ou Journal d’un observateur
Par L. Petit de Bachaumont, M.-F. Pidansat de Mairobert et Moufle d’Angerville. Editions John Adamson, Tome 25 (Londres, 1783-1789)
1er Janvier 1784 Le Sieur PINETTI attire un monde prodigieux et de la plus haute volée. Ses tours sont aussi variés que surprenants et s’il n’était pas étranger, qu’il s’énonçât plus facilement, dans notre langue, il séduirait infiniment davantage.
On admire Surtout une petite tête d’or, grosse comme une noix, qui, mise dans un verre transparent et fermé d’un couvercle d’argent, devine tout ce qu’ont lui demande et l’indique par des signes. La pièce que cet habile escamoteur appelle bouquet philosophique est un arbre composé de petites branches d’oranges dont les feuilles sont fraiches et naturelles. Il le met sous une bouteille de cristal et, en lui jetant de loin quelques gouttes d’une eau de sa composition, les feuilles changent le bouquet, donne des fleurs et enfin des fruits. L’illusion que produit ce morceau ne laisse rien à désirer.
M. Pinetti présente aux spectateurs un jeu de cartes neuves. Plusieurs personnes de la compagnie en pensent ou en cachent une. Après quoi le jeu est inféré dans une petite boite d’argent ouverte dans sa partie supérieure et dont la partie inférieure est terminée par un petit tuyau qu’on introduit dans le goulot d’une bouteille. Laquelle, préalablement, est livrée à l’examen des spectateurs et placée ensuite sur une table isolée. Au commandement les cartes sortent du jeu et s’élancent en l’air.
Il fait Sortir d’un œuf un serin vivant, auquel il donne alternativement la vie et la mort. A l’aide d’une commotion électrique, qu’il parait communiquer avec une bande de papier ordinaire, il tranche le cou d’un pigeon vivant sans qu’il y ait aucune goutte de sang répandu. M. Pinetti exécute cinquante, cent, mille tours de cette espèce, qu’on ne finirait pas de détailler. Mais il promet une merveille supérieure. Il fait l’annonce d’un serin organiste qui exécutera les pièces de musique qu’on lui offrira. L’oiseau sera isolé et ne contiendra rien de ce qui pourrait le faire assimiler à une serinette. Au surplus M. Pinetti reste constamment en présence des spectateurs pendant ces opérations et il est difficile de deviner quelle est la communication établie, entre lui et les différents objets qu’il offre à la curiosité de la compagnie. (…) Le 19 Février, le Sieur Pinetti ne s’est pas montré ici moins bienfaisant qu’ailleurs. Il a donné trois représentations de ses jeux au profit des pauvres. Il a piqué d’émulation nos grands spectacles et les comédiens italiens ont annoncé qu’ils donneraient, le samedi 21, dans la même intention la seizième représentation du Droit du Seigneur suivi de Blaise et Babet.
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