Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai commencé comme beaucoup de magiciens à l’âge de 12 ans en passant par hasard devant chez Mayette. Mon premier tour acheté fut celui des anneaux chinois, que j’ai toujours et que je conserve comme une véritable relique… même si le chrome s’est un peu estompé !
J’ai eu ensuite la chance, en 1977, de prendre des cours le mercredi après-midi à l’Académie de magie de L’Olympia crée par Carla et Jean Claude Haslé (Al Carthy) pour lequel j’éprouve toujours une très grande admiration.
J’ai commencé par apprendre les bases de la manipulation avec comme professeur Jean Delaude, Jean était un excellent manipulateur qui présentait un numéro avec beaucoup de classe dans les cabarets parisiens.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Après une courte période dans la coiffure et avant de passer mon CAP, je suis parti comme animateur pour un club de vacances bien connus où j’ai pu faire mes débuts sur scène, c’était une très bonne école pour apprendre le contact avec le public et s’exercer devant des spectateurs différents chaque semaine.
Mais je pense que le déclic de ma carrière a commencé lorsque j’ai débuté mon premier contrat à l’étranger au Hansa Théâtre de Hambourg. J’avais monté un numéro de 10 minutes avec 3 grandes illusions et cela m’a permis de me vendre auprès des agences en Allemagne et de commencer à être engagé dans les cabarets et les casinos.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un événement vous a-t-il freiné ?
J’ai la chance de parler anglais couramment et de pouvoir présenter mon spectacle pour un public anglophone. J’ai eu ainsi l’opportunité de partir plusieurs années aux USA et de travailler pour des compagnies de croisières américaines et de jouer dans des théâtres de plus de 1000 spectateurs avec des conditions dignes des théâtres que l’on peut trouver à terre.
Ah ! Un événement qui m’aurait freiné…. et oui c’est tout à fait le terme « freiné » le 12 février 1996 en rentrant d’un contrat d’un casino en Slovénie, nous avons eu un accident sur la route, ou le car que nous avions affrété pour mon équipe avec la remorque transportant tout le matériel, a été pris au milieu d’un carambolage de plusieurs centaines de véhicules. En quelques minutes j’ai vu sous mes yeux l’ensemble de mon spectacle disparaître en fumée…. mon matériel étant toujours en flycase, il nous a protégé lors du choc et nous a très certainement sauvé la vie… j’ai donc dû repartir de zéro et reconstruire petit à petit l’ensemble de mon spectacle… The show must go on !
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Nous avons un spectacle d’une durée de 90 minutes maximum, avec une dominance pour les grandes illusions, selon les budgets et les moyens scéniques nous adaptons notre programme,
et essayons de présenter l’apparition de notre voiture l’AC COBRA le plus souvent possible, qui est devenu notre signature.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
A l’aube de mes 50 ans la liste pourrait être longue…, mais j’ai surtout était inspiré par des artistes comme Shimada, Richiardi, Siegfried and Roy, les Pendragons, Doug Henning et bien sûr comme beaucoup par David Copperfield.
Copperfield dans les années 1990 a révolutionné notre art, il avait un charisme et un pouvoir de séduction unique, il crevait l’écran à chaque nouvelle apparition.
Il reste à ce jour, inégalable, même si depuis quelques années, nous sentons bien lors de ses shows une certaine petite lassitude…
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’ai toujours beaucoup de plaisirs à découvrir des shows de grandes illusions, comme celui de Rick Thomas, mais je pense que tous les styles peuvent séduire un public, l’important est de réussir à embarquer les spectateurs avec soit, regardez Yann Frisch… Wouah, quel personnage et quel univers, ou Jean Philippe Loupi, des styles complètement opposés et pourtant si passionnants !
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je suis assez curieux et je m’intéresse à beaucoup de choses, notamment au cirque moderne, à l’opéra, aux comédies musicales et au BOF… les musiques de films… pas les autres !
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Je pense que le plus important dans notre art est avant tout de ne pas se prendre au sérieux…. et d’avoir du plaisir à partager avec les spectateurs.
D’essayer d’avoir un maximum de culture magique, il y a des tonnes de bouquins extraordinaires, souvent, il est vrai en anglais, mais je m’étonne toujours que de jeunes illusionnistes ne connaissent pas Richiardi ou peu de choses sur notre maître Robert-Houdin.
Mais si j’avais un conseil à donner à un jeune magicien et bien ce serait de prendre des cours de comédie, de diction et surtout de danse afin d’avoir les vraies bases avant d’affronter le public….que ce soit pour faire du close-up ou de la scène.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je ne fais partie d’aucune association, ni d’aucun clan… car je constate que malgré notre passion commune, beaucoup de personnes veulent tirer la couverture toujours dans leur sens et c’est dommage !
Il suffit de traîner sur certains forums pour le vérifier…
Il y a pourtant des jeunes de talents, avec une certaine sensibilité, mais qui souvent privilégies la technique au détriment d’effets destinées au grand public. Combien de numéros ne font que les congrès et ne pourront jamais affronter un public lambda parce que leur numéro n’est absolument pas commerciale…
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
La culture est primordiale dans notre vie de tous les jours et pour un artiste ayant le moindre contact avec le public, elle est souvent le lien qui permet de créer cette alchimie avec un spectateur.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
J’ai depuis quelques années découvert ou plutôt redécouvert les flippers et je me suis mis à collectionner les flippers, mais uniquement sur un thème précis : la magie !
Si si, cela existe… avec des flippers où les billes lévitent… disparaissent dans un coffre, etc.
C’est encore très proche de notre passion puisque cela permets un échange et une convivialité lors des parties.
– Interview réalisée en octobre 2013.
visiter :
– Le site de Phil Keller.
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