Présentez-nous votre compagnie
La compagnie à été créée en 2002 à Lyon. De 2002 à 2005, un travail artistique a été effectué auprès d’agences évènementielles lors de différentes manifestations culturelles et commerciales à travers la France, la Suisse et la Belgique. Par l’intervention de comédiens ayant pour support la magie et l’illusion dans leur travail.
Deux types de spectacles étaient proposés : Le close-up qui est une magie s’effectuant proche des spectateurs avec des objets du quotidien. Et des spectacles de théâtre pour enfants utilisant l’illusion comme outil pédagogique.
Depuis janvier 2006 la compagnie souhaite travailler la magie comme un langage artistique à part entière et propose une nouvelle approche, un autre regard sur cette discipline.
Sur quelle(s) thématique(s) travaillez-vous ?
La magie comme langage artistique. La compagnie Pentimento souhaite intégrer la magie dans un processus de recherche et de création. Nous souhaitons retrouver et se réapproprier les fondamentaux de la magie à travers une écriture théâtrale ou chorégraphique qui constitue le fil dramaturgique de nos créations. La magie permet « un détournement du réel dans le réel » et peut être le moteur d’expression d’images nouvelles au travers d’autres langages. Ainsi cet art ne se présente plus en terme de performance mais en terme de sens, au service d’un propos. Depuis Janvier 2007, la compagnie a pris cette direction artistique et nous développons cet axe de travail et de recherche en collaborant avec des lieux culturels ou d’autres collectifs. Nous souhaitons accroître nos outils et supports d’expressions. Nous travaillons sur les thèmes de la manipulation, du réel et son double.
Parlez-nous de vos spectacles
MANIPULATION(S), création en 2009 de Olivier Porcu. Inspirée de la série britannique Le prisonnier , de l’univers de George Orwell dans 1984, ou Le procès de Kafka, MANIPULATION(S) est un spectacle de théâtre qui utilise la magie comme langage artistique à part entière. Cette création est l’allégorie d’une société où l’individu dépourvu d’identité n’est qu’un matricule parmi d’autres, une société où même le droit de rêver nous est octroyé. Le public est sollicité et participe à cette dramaturgie de l’absurde poussée à l’extrême.
L’histoire : Un personnage appelé N (Numéro 6), est contrôleur général des immatriculations minimales. Son travail : Contrôler, vérifier, effacer avec dextérité les dossiers des immatriculés (le public) sous la vigilance absolue du C.O.M.I.T.E. N6 est un employé modèle, en apparence… Les images d’un rêve l’envahissent et le rongent jour après jour. Il ne peut se le permettre. Il devient inefficace, vulnérable. Le public venu pour un contrôle sera l’autre personnage, le témoin privilégié des dernières certitudes, des dernières solitudes de N6.
DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON de Bernard-Marie Koltès (création 2012)
L’histoire : Deux hommes que tout oppose se rencontrent à la tombée de la nuit. Il s’ensuit un dialogue philosophique, humoristique et tragique sur le sens de la vie, de ses propres désirs. Cette lutte les mènera jusqu’à l’épuisement de leurs mots et de leurs certitudes.
Cette pièce écrite pour deux comédiens ne sera interprétée que par un seul comédien qui jouera avec son hologramme, un personnage virtuel qui représentera son double, cette « crise de l’altérité » exprimée par le personnage du client. Le personnage pourra ainsi au fur et à mesure du texte se dédoubler ou se démultiplier à partir du corps du comédien réel, apparaître ou disparaître au gré des mots, du sens des mots, de la construction des images poétiques, du rythme, explorer le texte de Koltès différemment, le morceler, le découper, le séquencer en fractions multiples. Faire entendre le texte comme un écho sonore et visuel.
Le comédien jouera également avec son ombre qui le suivra ou aura sa propre dépendance.
Quelles sont vos influences artistiques ?
J’apprécie tout particulièrement les créations de Philippe Genty ou encore celles de Philippe Decouflé. La scénographie, la lumière et les matières utilisées sont d’une originalité et d’une puissance poétique singulière dans le paysage du spectacle vivant français. Dans un autre registre Aurélien Bory et son sens de l’image me passionne et sont d’une créativité étonnante.
Quel regard portez vous sur la magie actuelle ?
J’aime les artistes qui se remettent en question et font évoluer leur travail. La magie évolue, se transforme notamment grâce à certains artistes épousant la magie nouvelle mais aussi d’autres pratiquant la magie moderne. Une majorité de magiciens pratiquant la magie moderne ont peur de ce mouvement qu’ils ne connaissent pas ou mal et craignent un dénigrement de leur travail. Je pense que cela est une erreur et que c’est exactement le contraire qui se passe. Le public bénéficie d’une image plurielle de la magie et du magicien et ce phénomène ne peut que renforcer leur existence et leur importance au sein du spectacle vivant. Je pense sincèrement que ce n’est qu’un début.
A visiter :
– Le site de la compagnie Pentimento.
Interview réalisée en avril 2011. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Yves Jourdan, Cie Pentimento. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.