Comment êtes-vous entré dans la magie ? Quel fut votre premier tour ?
Quand j’avais huit ans, j’ai vu un magicien à une fête qui voulait me faire le tour de la guillotine à bras sur moi. J’avais tellement peur que je me suis enfui. D’une certaine manière, c’est avec cette expérience que je me suis intéressé à la magie. J’ai eu la chance d’avoir comme voisin Wayne Rogers (l’inventeur de nombreux effets magiques tels que Appearing broom, ladder, etc.) qui m’a encouragé en me prêtant de nombreux livres de magie pendant que je grandissais. Le premier tour que j’ai réalisé était la boule dans le vase. J’aime toujours cet effet et j’ai récemment vu le suédois Tom Stone l’effectuer avec une version qui m’a bluffé.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Dès l’âge de huit ans, j’ai été fasciné par la magie et la ventriloquie. J’ai grandi en Nouvelle-Zélande, nous n’avions pas beaucoup accès aux magiciens d’outre-mer et si nous voulions acheter des accessoires nous devions attendre six mois pour qu’ils arrivent ! Magazines et livres prenaient autant de temps pour arriver.
Paul Romhany à l’âge de 8 ans avec sa marionnette de ventriloquie.
J’ai eu la chance d’avoir un mentor qui partagea ses secrets et ses livres avec moi. Je pense qu’avoir « un maître » est la meilleure façon d’apprendre la magie ; c’est une vieille tradition. Aujourd’hui, avec les DVD et Internet, il est difficile de trouver une vraie personne qui vous prenne sous son aile et vous enseigne l’art de la magie. Par la suite, j’ai rejoint un club de magie local qui aidait de jeunes magiciens et les encourageait à s’intéresser à la magie.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Au cours de ma carrière, j’ai eu la chance d’avoir des gens formidables autour de moi. Pendant mon adolescence, j’ai été entouré et encouragé par des magiciens locaux. La Nouvelle-Zélande est une si petite « scène » que tout le monde a été serviable.
Paul Romhany et son frère exécutant l’homme zig-zag.
Mon premier contact avec le show-business est intervenu quand j’avais 20 ans, j’ai été embauché pour une tournée avec l’illusionniste américain Chuck Jones et j’ai travaillé avec de grands artistes comme Marvyn Roy, Ricki Dunn, Christopher Hart, et bien d’autres. J’ai tourné avec ce spectacle pendant cinq ans et ce fut une grande expérience que de travailler avec des gens qui ont fait le tour du monde. Le meilleur conseil que j’ai reçu avant de partir en tournée était de « garder le silence, ne pas frimer avec des tours de cartes et les professionnels s’ouvriront à moi. » Un bon conseil que j’ai suivi. Plutôt que de vouloir leur montrer des tours et vouloir les impressionner, j’écoutais leurs histoires et ils étaient plus ouverts à partager leurs années d’expériences avec moi.
À l’âge de 18 ans j’ai vu Marvyn Roy donner une conférence sur la création d’un numéro à thème. Cela a changé ma vie parce que c’est là que j’ai commencé à travailler sur mon numéro de Charlie Chaplin.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
J’ai travaillé à peu près dans toutes les conditions que vous pouvez imaginer. J’ai fait de la télévision pendant deux ans en Nouvelle-Zélande, j’ai fait des foires commerciales, des fêtes d’anniversaire, des close-up, des mariages, des fêtes d’enfants et des spectacles en tous genres. Durant mes 15 dernières années, j’ai voyagé dans le monde entier à bord des navires de croisière et des spectacles corporatifs.
Paul Romhany en Lévitation avec Wayne Rogers en 1991.
Depuis que j’ai eu mon fils avec ma femme, il y a trois ans, j’ai réduit mes déplacements et je travaille surtout pour des entreprises ; je cherche également à reprendre mes spectacles pour enfants. J’ai oublié combien j’aime faire cela ! Tout est bouclé et parce que je n’aime pas être loin de ma famille pendant de longues périodes, je cherche à travailler près de chez moi.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
À mes débuts j’ai travaillé avec Marvyn et Carol Roy. Ricki Dunn et Chuck Jones ont également joué une influence sur moi. Mais ma plus grande inspiration fut Charlie Chaplin et le fait de regarder ses vieux films en noir et blanc. Il y a tellement de choses à apprendre en regardant un film de Chaplin, en particulier sur la structure et la manière qu’il a de raconter une histoire. Les magiciens auraient vraiment besoin d’étudier le théâtre et d’élaborer leurs spectacles afin qu’ils transmettent une histoire en donnant au public des émotions, tout comme un grand film. Chaplin embarque le public dans un voyage, comme par exemple avec The Kid (1921), qui est un grand film rempli de pathos et d’humour.
Mes magiciens préférés s’appellent Raymond Crowe d’Australie, Tommy Wonder, Tom Stone, et ceux qui comprennent et ajoutent le théâtre dans leurs performances. Mon numéro de manipulation préféré est celui de Cardini – la seule personne qui a rendu logiques ses manipulations et qui leur a donné un vrai sens.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime tous les types de magie, du moment qu’ils soient bons et bien pensés. Mes performances préférées iront toujours vers ceux qui pensent en dehors de « la boîte » et montrent leur originalité.
Quelles sont vos influences artistiques ?
LA MUSIQUE – peut-être la partie la plus importante de mon numéro. J’écoute une grande variété de musique. Cette discipline est très inspirante lors de mes créations où je développe de nouveaux matériaux. J’aime aussi le théâtre et les arts visuels. Je suis souvent inspiré par l’art visuel et les artistes.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
LIRE, LIRE, LIRE autant de livres et de magazines magiques que vous pouvez. Si vous êtes sérieux ne vous contentez pas d’apprendre des techniques, étudiez aussi le théâtre et la façon de créer un spectacle. Il y a une différence entre avoir un « numéro » et avoir un « spectacle ». Étudiez tous les aspects du théâtre et cela vous donnera une longueur d’avance sur tous les autres magiciens.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Les magiciens d’aujourd’hui semblent avoir perdu un peu de respect vis-à-vis de notre art et des artistes qui ont passé des années à perfectionner leur domaine. Cela est dû principalement à Internet et à sa nature instantanée de la bêtise. La magie passe par des étapes, depuis de nombreuses années. Copperfield a rendu ses illusions mondialement populaires. Puis David Blaine est arrivé avec du close-up appelé « Street Magic », qui n’existe pas réellement, sauf à la télévision et sur des DVD promotionnels. La magie de rue est un « art de la rue » et non pas ce que nous voyons à la télévision.
Paul Romhany dans son numéro de Charlie Chaplin.
Le mentalisme est aussi passé par une phase très populaire ces derniers temps comme la jonglerie avec des cartes à jouer. La magie et les magiciens suivent les tendances mais il serait agréable de voir quelqu’un d’original qui sort du moule avec un spectacle novateur et rafraîchissant. Je pense que le spectacle en tournée intitulé The Illusionists est la meilleure chose pour rendre la magie « cool » et donner à cet art un statut de « rock star ».
Une des raisons pour lesquelles j’ai créé Vanish – International Magic Magazine a été de donner et d’offrir à chacun la possibilité d’élargir ses connaissances de base dans leur métier. J’espère sincèrement que Vanish aidera à développer une nouvelle façon de penser et que les jeunes magiciens réaliseront qu’il ne suffit pas de produire une belle « levée double » pour créer un tour ou un numéro…
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Vanish s’est servi des médias sociaux et a prospéré avec. Comme producteur, créateur et rédacteur en chef de ce magazine, qui a plus de 100 000 lecteurs maintenant, il est important que je prenne ma mission au sérieux et je me rends compte combien il est crucial de viser la population de masse. Ce magazine offre aux lecteurs la possibilité d’acquérir des connaissances et la perspicacité d’artistes professionnels qui ont fait carrière dans la magie.
Aujourd’hui, la culture est basée sur les médias sociaux et il est important de les adopter si vous voulez faire carrière. N’ayez pas peur d’utiliser la pop culture comme telle ; elle s’ajoutera à votre expérience et interagira avec vos projets.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
J’adore rédiger, éditer et filmer. Je produits actuellement un pilote pour la télévision qui a été en préparation pendant presque un an. C’est beaucoup de labeur, mais le résultat final en vaudra la peine.
J’aime aussi la musique. J’ai un diplôme en piano et je joue de cet instrument depuis l’âge de 6 ans, ainsi que du violon. J’aime également le golf. Nous jouons, ma femme et moi et espérons que notre fils en fasse de même quand il aura 4 ans (ne pas le brusquer, mais juste pour que nous ayons une activité à faire en famille.)
A visiter :
– Les sites de Paul Romhany : www.paulromhanymagic.com – www.paulromhany.com – www.chaplinmagic.com/index.html
A lire :
– Le site du VANISH Magazine.
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