Artiste atypique, Paul Maz développe une magie pour enfant qui ne ressemble qu’à lui. Un univers très personnel et sensible, emprunt d’une belle poésie des mots et du verbe. Une magie qui s’accomplie dans une logique propre à la littérature, et qui se réalise presque exclusivement avec du papier. Là est le challenge de ce spectacle : comment construire des tours autour d’un seul matériau, sans se répéter et sortir du déjà vu ?
Introduction
Sur la minuscule scène de la comédie de la passerelle est installée une forêt de colonnes en papier et trois guéridons. Sur un air d’accordéon arrive le père Quénot, « le magicien de papier » d’origine italienne. Il transforme alors des vieux papiers en nouveaux sous la formule magique « Perché no, perché ni, perché na ! »
Il se présente aux enfants : « Un magicien de 23 mètre avec un lapin sur la tête, un magicien tout en papier tricotant avec ses pieds, ça n’existe pas ? Je suis le père Quénot. Quand je suis arrivé en France, mon métier était de recycler les journaux et les enfants ! Je suis Presquedigitateur. »
Jojo, le poisson
« Avant, je ne croyais pas vraiment à la magie sauf le jour du 1er avril avec ses poissons dans le dos, où les gens se retournent et sourient. »
Le magicien prend une feuille de papier qu’il découpe en poisson et qu’il transforme en vrai. Jojo apparaît alors dans un verre d’eau. Jojo est timide, il rougit (normal pour un poisson rouge).
Le noeud
« Grâce aux enfants, j’ai dû ensuite faire de la magie pour de vrai. Un jour que je ramassais beaucoup de papier en haut de Montmartre, une petite fille, essoufflée d’avoir monté les 270 marches des escaliers, me dit qu’il faut que je l’aide car elle est la seule de sa classe à ne pas savoir faire un nœud. »
« Je fais une boucle et quand je passe à l’intérieur il ne se passe rien ! » dit la petite fille. Le magicien prend alors une ficelle et fait une boucle pour construire un nœud, mais celui-ci s’évanouit. Il recommence plus doucement et trois nœuds se forment pour aussitôt disparaître. « Ca ne marche pas… »
« Fait de la magie père Quénot ! » demande la petite fille. Le magicien demande alors à une autre enfant de venir l’assister sur scène sur un air de concertina (jouant du bandonéon).
Le magicien prend un bout de journal et le roule en cône pour constituer un « cornet magique ». Il place la ficelle à l’intérieur en laissant dépasser une extrémité. Il demande à la petite fille d’imaginer des nœuds invisibles, de les attraper et de les envoyer dans le cornet. Après la formule magique de circonstance « Perché no, perché ni, perché na ! », la ficelle ressort du cornet avec trois noeuds dessus.
« Moi, j’ai appris à faire les nœuds tout petit. Ma mère me disait toujours de faire un nœud sur mon mouchoir pour me souvenir de quelque chose. » Sur ces paroles, le magicien constitue un nœud sur son mouchoir et l’anime magiquement à la manière du foulard dansant.
L’arbre magique
« Pendant 20 ans j’ai récupéré du papier sur les boulevards parisiens, des tonnes et des tonnes ! On fait du papier avec des arbres, et bien moi dans mon rêve c’était le contraire, le papier se transformait en arbre. »
Un petit garçon est invité sur scène pour apprendre à confectionner des arbres magiques en papier. Le magicien lui confit une baquette magique et enroule autour une feuille de papier cinq fois de suite. Il enlève ensuite la baguette du cône, ce qui constitue un magnifique tronc d’arbre. Pour fabriquer les feuilles de l’arbre, le magicien prend une paire de ciseaux et entaille le cône à 4 endroits différents, ce qui laisse apparaître un poireau ! Ce poireau est alors étiré sur sa longueur et transformé en arbre avec ses feuilles, à la manière d’une canne à apparition. L’apparition est étonnante et vraiment magique !
Le magicien de papier, avec ses ciseaux, sculpte un oiseau et une étoile. Il construit un cornet en papier d’où sort magiquement un serpentin coloré. Il prend ensuite une double feuille, la coupe en rectangle et la transforme en rond en la dépliant.
Joseph le marin
« Un jour, l’ancien marin Joseph et son collègue récupérateur échouèrent sur les trottoirs de Paris. Le rêve de Joseph était de retourner en mer. Obnubilé par cette idée, celui-ci prenait les klaxons des voitures pour des cris de mouettes ! Un matin Joseph fabriqua un immense bateau en papier qu’il posa sur la seine et remonta jusqu’à la mer ! Un violent orage éclata, ce qui provoqua une tempête mémorable. Huit petits marins apparurent et le navire rentra au port… Il paraît que cette histoire est vraie. »
Après cette introduction, le magicien plie et découpe une feuille de journal qu’il sculpte en silhouette. Celle-ci se dédouble trois fois pour laisser apparaître huit marins. Les personnages sont « assemblés » et se transforment en barre de bateau. Après un coup de ciseaux, les huit silhouettes disparaissent derrière un guéridon.
Le chiffonnier
Le père Quénot raconte ensuite l’histoire du chiffonnier qui passait une fois par mois chez lui, en Italie, pour ramasser des vêtements avec sa charrette et son cheval. Sur ses paroles, le magicien présente un sac noir dans lequel il place des morceaux de tissu rose et bleu (« chiffon, chiffon »). Avec ses tissus, le chiffonnier faisait du papier cadeau pour Noël (transformation de tous les foulards en grand tissu à damiers colorés.
La bouteille de ketchup
Le magicien montre ensuite aux enfants comment réaliser un sac magique avec un vieux sachet de récupération. Il place une bouteille de ketchup à l’intérieur et essaie de la faire disparaître une première fois en retournant le sac, ouverture vers le bas (Gag). Il recommence en appliquant, cette fois ci, la formule magique adéquate : « Perché no, perché ni, perché na ! », et la bouteille disparaît lorsque le sac est froissé.
Le paquet de céréales
« La deuxième fois que j’ai fais de la magie sur les hauteurs de Montmartre, je jouais de l’accordéon ». Devant le magicien se trouvait un petit garçon qui l’aida à transformer un bout de carton en paquet de céréales et faire apparaître un sac plastique avec des flocons à l’intérieur, ainsi qu’une souris.
Les réveils
Dans une belle séquence sur fond de sonnerie, le magicien produit 12 réveils d’un petit sac en papier froissé.
Final
Le magicien accompagne la musique des petits papiers de Gainsbourg à l’accordéon. Il transforme ensuite une feuille de bristol en chapeau d’où apparaît un lapin en origami. Il éventail quatre cartes qui se transforment en château de cartes au contact d’un journal. Pour conclure le spectacle, le père Quénot ramasse une multitude de papiers par terre qui s’assemblent magiquement en un journal avec le mot « FIN » écrit dessus.
Paul Maz a conquit le jeune public présent par son personnage décalé, en marge du système, en déroulant très justement son histoire de récupérateur/colporteur/magicien/musicien emprunt d’un lyrisme suranné sur fond de chronique sociale. A cent mille lieux des spectacles pour enfants « traditionnels » avec marionnette, quêteuse et baguette magique, Paul Maz tire son épingle du jeu en jouant la carte de l’originalité, de la tendresse et de la poésie. Il utilise les moyens de la prestidigitation à des fins initiatiques, dans le souci de donner chair à son parcours de marginal et de délivrer au passage un beau message de tolérance. Pari réussit que d’utiliser un matériel unique en variant les effets avec brio, pour emporter les « âmes innocentes » vers des continents encore vierges.
Le magicien de papier a été élu « Spectacle Magique de l’année 2012/2013 » par la Fédération Française des Artistes Prestidigitateurs dans la catégorie « jeune public ».
A lire :
– L’interview de Paul Maz.
– Le souffle magique.
A voir :
– L’interview vidéo de Paul Maz.
A visiter :
– Le site de Paul Maz.
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