Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
En 1970, avec un ami animateur, responsables des spectacles en milieu hôtelier, nous avons monté, sur l’impulsion d’Alex Metayer, un sketch dans l’esprit de celui de Pierre Dac et Francis Blanche qui se terminait avec un numéro de divination de numéros de téléphones choisis dans un annuaire (grâce a un complice planqué dans un placard avec un talkie–walkie !)
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
En 1971, à bord du paquebot Massalia, j’ai eu le bonheur de faire la connaissance de Géo Georges, magicien président du Cercle Magique Marseillais, il m’a prodigué mille conseils et offert une carte aux points fabrication maison (ma première routine !) que je conserve aujourd’hui encore avec énormément de gratitude et de reconnaissance… L’ironie de la vie fait que, musicien, technicien-régisseur, animateur et illusionniste, j’ai pendant plus de quarante ans, surfé entre la technique son, les lumières, la régie, la scène, la musique et la magie ! Ce sont toutes ces disciplines qui ont constitué l’ensemble de ma « carrière » si tenté que l’on puisse utiliser ce mot pour un métier de saltimbanque toujours considéré à la marge… encore aujourd’hui en 2023 !
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. À l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
J’ai eu le privilège de fréquenter, lors de mes engagements aussi multiples qu’insolites (paquebots, galas, hôtels de loisirs évènementiels, etc.), plusieurs magiciens qui m’ont aidé à enrichir et peaufiner mon répertoire. Dans l’ordre des rencontres inoubliables et enrichissantes : Stéphane Gali, Géo Georges, Bernard Andreï, Jacques Delord, Jan Madd, Finn Jon, Juan Mayoral… Magicien et régisseur des spectacles vivants (hors télé !) de Casimir, celui-ci s’était mis en tête un jour de 1995 de me faire tourner un bout d’essai pour Canal J mais, alors que je suis totalement formaté pour le « spectacle vivant ». Je n’ai aucune fibre, ni un ego suffisant pour la caméra et contrairement à certains, j’ai toujours appliqué le « PRINCIPE DE PETER » qui consiste à savoir apprécier ses limites de compétences… et donc de raisonnablement renoncer à l’inaccessible !
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos créations, spectacles et numéros.
À ce jour, à soixante-seize ans, j’ai bien sûr un peu « décroché ». Mais je travaille encore occasionnellement pour d’autres magiciens en assurant la mise au point des détails techniques pour leur prestation qui utilise l’électronique ou la « bidouille » nécessaire à la réalisation d’un gimmick. La création dont je suis assez fier, c’est l’apparition de plusieurs saxophones (musicien oblige !) que j’ai réalisé à bord des paquebots l’été 1989 avec l’aide de Finn Jon qui se trouvait à bord de Mermoz. Il fut un conseiller implacable et redoutablement efficace !
Parlez-nous de votre collaboration avec Jean-Paul Favand et de votre rôle au sein des Pavillons de Bercy
C’est totalement par hasard, que je fut amené à remplacer le régisseur général du Musée des Arts Forains en décembre 1999. Celui-ci ayant fait un burn out suite à la charge de travail énorme de ce lieu devenu incontournable. Je l’ai remplacé au pied levé pour, à partir de 2004, me consacrer jusqu’en 2017 uniquement aux effets spéciaux dont Jean-Paul Favand était demandeur. J’en fut l’ordonnateur et le régisseur. La partie de ces travaux qui m’aura le plus marqué c’est l’extraordinaire intuition de Jean-Paul Favand face aux nombreuses toiles dioramiques qu’il avait sauvé miraculeusement de l’oubli et de la destruction. Nous avons pu en sublimer le potentiel de manière exceptionnelle… Aujourd’hui, je reste consultant des effets spéciaux pour les innovations et les manifestations extérieures que Jean-Paul Favand, infatigable innovateur, met en oeuvre dans son quadruple univers merveilleux des Pavillons de Bercy.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Les mêmes qui ont énormément compté dans ma vie : Jacques Delord, Stéphane Gali, Finn Jon, Jan Madd et Juan Mayoral.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Comme aimait à le répéter Jean Gabin, pour faire un bon film, il faut trois ingrédients indispensables : une histoire, une histoire et une histoire… En magie, c’est le même objectif ! Hélas trop souvent oublié par les jeunes magiciens 2.0 qui nous assomment de techniques et de fioritures sans poésie…
Quelles sont vos influences artistiques ?
Ceux dont j’ai partagé les aventures en tant que technicien ou régisseur (toujours dans l’ordre de mes engagements !). Alex Metayer, Pierre Repp, Avron & Evrard, Les Compagnons de la Chanson et ce cher Michel Galabru dont j’ai été le dernier régisseur de plateau et des effets spéciaux pour la pièce Jofroi de 2014 à 2015…
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
NE PAS IMITER OU SINGER LES AUTRES, LIRE (BEAUCOUP), RENCONTRER ET PARLER AVEC LES ANCIENS…. INVENTER SES PROPRES HISTOIRES ET SURTOUT LEVER LE PIED AVEC YOUTUBE !
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Croyez-vous vraiment qu’il soit nécessaire qu’elle se nomme ainsi et qu’elle ait apporté du nouveau ? « Soit le magicien », incontournable maxime de Jacques Delord, résume à elle seule la question fondamentale que tout magicien doit se poser…
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
La culture web ne remplacera jamais la soif d’apprendre par les connaissances, la lecture et les rencontres « non-virtuelles ». Il est indéniable qu’une culture générale et la soif de connaitre ne peut qu’améliorer le contenu d’une routine.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
J’ai constitué, en quarante ans, une très belle collection de microphones vintage et collector’s (150 environ) dont certains spécimen rares ou insolites.
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Interview réalisée en décembre 2023. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Paul Houron. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.