Comment êtes-vous entrée dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Mon introduction à la magie a été mon audition et ma participation au spectacle de magie de Cahoots N.I., une compagnie de théâtre pour enfants de classe mondiale. J’avais vingt et un ans et on m’a placé dans une grande illusion (Bo-staff) sur la scène de l’hôtel de ville de Belfast. En travaillant sur ce spectacle, j’ai rencontré le merveilleux inventeur, illusionniste et magicien Rafael. Pouvoir travailler dans ma ville et être entourée de magie au quotidien pendant un mois m’a fait reconsidérer mon projet initial de devenir une actrice professionnelle. Au lieu de cela je suis devenue une magicienne professionnelle.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Tout en travaillant sur ce spectacle, j’ai reçu l’ouvrage Mark Wilson’s Course in Magic à lire comme un cadeau. Etant dans un spectacle de magie théâtrale, j’ai pu en découvrir les coulisses et la façon dont la magie fonctionnait réellement. Tout cela m’a inspiré. Chaque soir, j’apprenais des tours de cartes et des fioritures (étonnamment, j’étais assez bonne pour ça). La première fois que j’ai pris un jeu de cartes, j’ai pu parfaitement les éventailler ! C’était comme si j’utilisais naturellement mes mains pour la magie.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Mon club de magie local The Ulster Society of Magicians a été d’un grand soutien dans ma carrière. De la présentation de mon travail lors des soirées du club aux conventions, en passant par l’élection de la toute première femme présidente du club en 2012. Ils m’ont donné l’opportunité d’organiser le festival Belfast MagiCon en 2016 en engageant des artistes du monde entier dans ma ville natale, comme Roberto Giobbi, Shane Cobalt, Malin Nilsson, Rafael, John Lenahan et présentant également de nombreux artistes locaux. Depuis mes modestes débuts avec Cahoots N.I, cette même compagnie et son metteur en scène Paul Bosco McEneaney, ont continué à m’embaucher comme box jumper durant les dix années suivantes. J’ai pu visiter l’Irlande du Nord avec un spectacle de magie appelé Math ‘a’ Magic qui est devenu, par la suite, un énorme spectacle interactif appelé Mathematical Mysteries avec Danny Carmo. Il est parti en tournée deux fois à travers l’Amérique avec un public de 300 à 3000 personnes.
Le travail avec Cahoots N.I.
Depuis 2018, et au début de mon parcours en tant qu’interprète de close-up, j’ai eu de formidables opportunités de développement et d’étude. Beaucoup de personnes ont contribué à façonner l’interprète que je suis devenue aujourd’hui. Quelques noms que j’aimerais mentionner : l’I.B.M British Ring qui m’a élu vainqueur de leur concours de close-up en 2019, Davido du Magic Club en Norvège, Benjamin Barnes du Chicago Magic Lounge, Jack Goldfinger du Magic Castle à Hollywood et Mystique à Stockholm.
Championne de close-up au I.B.M British Ring 2019.
Enfin, il y a quelqu’un que je dois mentionner et qui m’a aidé à me rappeler que je peux faire tout ce que je veux, c’est Tom Stone. Depuis que j’ai suivi ses cours d’été en juillet 2018 à l’école folklorique suédoise, j’ai commencé à penser à mon personnage et à la magie différemment. J’ai appris qu’il n’y a vraiment pas de règles en magie. Et je comprends maintenant comment intégrer une vraie misdirection dans mes performances ; ce qui est au-delà du plaisir ! J’ai eu beaucoup de chance dans ma carrière, mais je n’ai pas non plus attendu que les choses arrivent à moi. Je crois que si vous voulez quelque chose, vous devez vous lever et aller le chercher !
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je me concentre sur deux domaines que j’aime particulièrement. Je joue pour des spectacles d’enfants avec mon personnage FizzWizzPop et pour les adultes en tant que Nikola Arkane, dans des représentations de close-up et de salon.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Quand j’ai découvert les livres de Tommy Wonder, il y a deux ans, j’ai réalisé que c’étaient les livres que j’attendais de lire toute ma vie et j’aurais vraiment aimé pouvoir le rencontrer. Depuis le peu de temps que je suis dans le monde magique, j’ai toujours voulu pratiquer ma propre magie. Quelque chose que personne d’autre n’a fait auparavant. Cela ne m’intéresse pas du tout de copier ce que d’autres ont fait avant moi. Chez Tommy, j’ai trouvé quelqu’un qui partage la même passion et la même réflexion que moi. Je vous révèle un sombre secret… je suis obsédée par Paul Harris et Max Maven. Ces deux artistes m’intriguent et m’amusent énormément tant dans leur écriture que dans leur création.
Nikola Arkane au Magic Castle en Septembre 2019.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
La magie épique ! Si c’est dramatique, théâtral avec une musique émotionnellement captivante, je suis là ! Pour moi, la magie doit vous attirer et changer la façon dont vous croyez que le monde fonctionne.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Lorsque j’ai commencé à jouer de la magie en tant qu’actrice, le théâtre eu une grande influence. Un de mes objectifs est de trouver un équilibre, de mêler théâtre et magie dans le but de rendre mes performances immersives.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
SORTEZ et JOUEZ. Dites oui à tout. Essayez et n’ayez pas peur d’échouer parce qu’en échouant vous devenez meilleur. Ce n’est jamais aussi mauvais que ce qu’en dit votre tête !
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
J’ai été très reconnaissante de l’opportunité que la pandémie, due au Covid-19, m’a offerte. Au cours des douze derniers mois, j’ai développé un studio de théâtre dans ma petite chambre à Belfast, que j’appelle mon « Isolation », une station de création diffusant des spectacles de magie partout dans le monde. Ce médium m’a permis de créer dix-sept nouveaux personnages et spectacles en l’espace de deux mois. D’une certaine manière, être restreinte à l’intérieur a libérer mon imagination et ma créativité. Je me sens plus connectée que jamais avec les magiciens, les collègues, les amis et la famille. J’ai aussi grandi pour apprendre à produire du bon son, de la lumière et de la technologie pour présenter mon travail à l’écran. Et je crois que ces compétences continueront d’être utilisées à l’avenir. Je pense que les magiciens ont vraiment testé et travaillé ce nouveau média plus loin que toute autre industrie à travers le monde. Heureusement que tout le monde a été prêt à partager, parler et aider à la progression de ce mouvement virtuel. L’attitude est vraiment inspirante.
Une des mises en place du studio de Nikola Arkane pour son travail « d’isolement » et de création. Un spectacle de super-héros.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Étant irlandaise et originaire de Belfast, j’essaie de faire entrer cela dans ma magie, que ce soit à travers la narration, la musique ou la langue que j’utilise. Il est vraiment important d’être sans équivoque et de se démarquer. Alors n’ayez jamais peur d’être qui vous êtes.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
99,9% de mon temps est consacré à réfléchir, à explorer, à créer, à écrire, à regarder, à répéter et à faire de la magie ! Mais j’adore aussi lire des livres et j’ai récemment commencé à lire des bandes dessinées. Au cours de la dernière année, j’ai également appris à imprimer en 3D, à programmer un circuit Arduino et à créer des accessoires magiques. Je publie actuellement deux livres. In Plain Sight, un travail expérimental en close-up et Pop!, une exploration de mon travail pour jeune public avec mon personnage FizzWizzPop.
– Interview réalisée en mai 2021.
A visiter :
– Le site de FizzWizzPop.
– Le site de Nikola Arkane.
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