Comment êtes-vous entrée dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
J’ai toujours aimé les histoires fantastiques et magiques dans les livres, les films et le théâtre depuis que je suis petite. Et j’aimais faire travailler mon imagination. Quand je suis entrée à l’université, à dix-huit ans, j’ai découvert un club de magie dans l’établissement. J’étais enthousiasmée à l’idée que la magie que je voyais uniquement dans les livres ou sur scène puisse être réalisée dans mes propres mains, en fonction de mes idées, et partagée avec d’autres. C’est ainsi que j’ai commencé à apprendre l’art magique auprès de mes aînés universitaires. Mon premier numéro a été la manipulation de cartes à jouer sur scène.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Dans ce club de magie, je me suis exercée aux éventails de cartes. C’est un étudiant senior qui m’a enseigné la pratique et il a été un très bon professeur. Il ne m’a jamais prodigué trop de conseils ou d’instructions, mais m’a appris à m’entraîner tout en réfléchissant et en inventant par moi-même, car chaque personne a une forme de main différente. Il m’a également fait découvrir la magie en tant que forme d’art globale, m’a montré des vidéos de grands illusionnistes du monde entier et m’a appris beaucoup de choses importantes.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. À l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
La plus grande rencontre pour moi a été celle avec mon coach Toru Suzuki. Je l’ai rencontré après avoir obtenu mon diplôme universitaire et nous avons commencé à travailler ensemble pour préparer des compétitions mondiales telles que la FISM. Nous avons réfléchi à la manière de faire en sorte que la magie atteigne davantage le cœur des gens et de la rendre « plus magique ». Grâce à lui, j’ai pu participer à la FISM 2018 en Corée, à la FISM 2022 à Québec, et me produire dans l’émission Fool Us. Je travaille toujours avec lui pour partager mon inspiration et construire des numéros. J’ai beaucoup de chance d’avoir une personne qui a la même passion et les mêmes rêves pour l’art magique.
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos créations, spectacles et numéros.
Avant de répondre à votre question, vous-vous demanderez peut-être pourquoi on m’appelle aussi Izuma ? Je m’appelle Nao Murata et Izuma est mon nom d’interprète au Japon. En tant que concurrente dans les conventions magiques, je travaille comme Nao Murata. À l’étranger, je suis souvent approchée par des personnes qui me connaissent grâce à ces rassemblements, c’est pourquoi je suis souvent appelée par mon vrai prénom. Je me produis sur des scènes de spectacle, des conventions de magie, des dîners-spectacles, des festivals, etc. au Japon et à l’étranger. J’ai deux numéros signatures : un numéro poétique et minimaliste en chemise blanche et un numéro de fleurs, très coloré, à la japonaise. On me dit souvent que ma force réside dans ma délicatesse et dans mon approche douce et émotionnelle. Je travaille pour me connecter avec des gens du monde entier ; grâce à des tours de magie qui les touchent et créent de l’empathie.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
C’est Mary Poppins (le film de Disney) qui m’a fait « découvrir » la magie pour la première fois quand j’étais petite. J’ai été inspirée par ses nombreuses péripéties magiques. Ensuite, quand j’étais au club de magie universitaire, j’aimais regarder les vidéos de Topas, Tina Lenert et Jérôme Murat. J’ai appris d’eux comment combiner illusion et mise en scène. J’ai également découvert la forme d’expression dans le numéro de la magicienne japonaise Yumi. Depuis, Voronin et Juan Tamariz m’ont expliqué ce qu’est la performance.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Ma spécialité est la magie de scène, mais j’aime regarder tous les genres et tous les styles (scène, close-up et illusions). Je suis particulièrement attirée par les numéros où l’interprète me donne un fort sentiment d’humanité.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Les studios Ghibli, Disney, des films musicaux et de nombreux livres fantastiques (Les Chroniques de Narnia de C.S. Lewis, Die kleine Hexe d’Otfried Preußler, etc.). Ils m’ont tous provoqué de nombreuses images magiques dans mon enfance ! Après avoir commencé la magie, beaucoup de grands artistes du spectacle m’ont impressionné comme Peter Brook, Matthew Bourne, Pina Bausch, Philippe Genty…
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Selon moi, la magie est un excellent moyen de communiquer et de partager ses émotions avec son public. Pensez d’abord à ce que vous souhaitez transmettre à vos spectateurs, car je pense que c’est l’une des choses les plus importantes. Je vous suggère donc de regarder beaucoup de numéros magiques mais aussi d’autres disciplines pour trouver l’inspiration.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
La magie semble évoluer de plus en plus différemment. Les idées pour combiner la magie avec d’autres formes artistiques se multiplient, et j’attends avec impatience le développement de nouveaux effets dans le futur.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Selon moi, il y a toujours une influence de la culture dans laquelle une personne a vécu, et le numéro d’un artiste doit est imprégné de cette spécificité identitaire. La performance a toujours un peu de culture en elle. Même si la magie est un langage universel, c’est une chose merveilleuse que de pouvoir partager nos cultures à travers notre art, pour rendre notre monde plus beau.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
J’aime l’art et la nature. Pendant mes jours de congé, je vais au théâtre, au musée, au jardin botanique. Je grimpe parfois en montagne ou je pêche, et j’aime aussi voyager ! Toutes ces activités me donnent beaucoup de nouvelles stimulations et me procurent aussi un sentiment de calme.
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Interview réalisée en avril 2024. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Franck Boisselier, Kaori, Nao Murata. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.