- Auteurs : Pierre Taillefer et Thibault Ternon
- Éditeur : Le Cabinet d’Illusions
- Date de parution : Octobre 2023
- Nombre de pages : 221
- Format : 17 x 24 cm
- Nombre d’exemplaires : 200
- Autres caractéristiques : Reliure cousue et couverture rigide
Présentation
Fruit d’un travail de recherche de plus de dix ans dans les collections privées et publiques du monde entier, ce livre retrace pour la première fois la vie d’une artiste magicienne du XIXe siècle au destin exceptionnel : Bénita Anguinet. Au travers de plus de 200 pages richement illustrées de documents inédits, plongez au cœur de la vie de cette artiste hors du commun qui posséda même son propre théâtre parisien.
Préface de Georges Naudet
Quel honneur, quel plaisir mais quel défi d’avoir la responsabilité de bâtir, avec des mots, un pont entre, d’un côté, ces deux historiens de l’illusionnisme, Pierre Taillefer, conservateur du patrimoine et auteur prolifique et Thibault Ternon, créateur de sa maison d’édition, Le Cabinet d’Illusions, et, de l’autre côté, des lecteurs passionnés et curieux de l’histoire de notre art qui ainsi accèderont à la mise en lumière d’une femme exceptionnelle : Mlle Bénita Anguinet !
Nous les connaissons bien pour leurs recherches, pour leurs écrits, Pierre Taillefer, qui a traduit du portugais et annoté les Memorias e Confidencias de Faure Nicolay, artiste prestidigitateur et joueur virtuose de billard français et Thibault Ternon qui a fait revivre, dans son Munito, le chien savant, un artiste canin et joueur inattendu de dominos. Dans le numéro 641 bis de la Revue de la prestidigitation de janvier-février 2021, Pierre Taillefer et Thibault Ternon avaient déjà appréhendé l’importance de cette géante de l’illusionnisme du XIXe siècle et annoncé sa biographie. Nos deux coauteurs commencèrent leurs recherches anguinèennes en 2015, alors que Thibault Ternon, âgé d’une quinzaine d’années, était déjà dévoré par sa passion et fourmillait d’idées, et que Pierre Taillefer, avec quelques années de plus, avait déjà moissonné des dizaines de milliers de références et publié des articles remarqués dans différentes revues spécialisées. Les résultats de leurs recherches s’enrichirent pour faire renaître d’un passé quasi oublié, Mlle Bénita Anguinet, la première magicienne de renommée internationale en son temps, et pour lui rendre aujourd’hui la place qui lui revient dans l’histoire de l’illusionnisme. Elle délaissa les oripeaux « nécromantiques » pour des robes de soirée ou de bal toujours plus élégantes, ne se produisit pratiquement que dans des salles de spectacles en dur, sut s’inspirer tout d’abord de Philippe Talon puis de Robert-Houdin, et magnifia avec maestria des tours mécaniques, achetés chez le fabricant d’appareils André Voisin, servis par un discours à la fois raffiné et jovial.
Les féministes pourraient aussi se revendiquer de cette enfant de la balle qui débuta à l’âge de sept ans comme assistante de son père, et qui, en 1840, à l’âge de vingt ans, renversa les rôles. Elle prit son destin en main, une artiste magicienne était née. Durant cinquante années, les représentations s’enchaînèrent de ville en ville, en France, en Europe, dans les plus grandes salles parisiennes. Le Pré-Catelan lui donna un théâtre de magie où le Tout-Paris l’applaudira durant trois années, comme il le fit quelques années plus tôt pour un certain Robert-Houdin au théâtre des Soirées fantastiques, rue de Valois. Mlle Bénita Anguinet franchit les Pyrénées en 1863, et sa carrière devint alors définitivement ibérique. Elle aimera l’Espagne, et toute l’Espagne l’aimera comme la Reine des prestidigitatrices.
Pierre Taillefer et Thibault Ternon ont su retracer l’itinéraire de cette femme infatigable en l’enrichissant de commentaires et d’anecdotes qui nous éclairent sur ses rapports avec le monde extérieur, avec les autres magiciens et particulièrement avec Robert-Houdin. Dans le numéro 653 de la Revue de la prestidigitation de janvier-février 2023, Pierre Taillefer nous gratifia d’un beau papier intitulé George Sand ou la passion de l’illusion, une autre femme exceptionnelle s’il en est. Comment ne pas emprunter les passerelles qui s’appellent les Frères Bonheur, que George Sand reçut à Nohant et qui partagèrent la scène avec Bénita, ou les spectacles de curiosités auxquels assiste l’écrivaine et que présente Mlle Bénita Anguinet pendant un demi-siècle. Même si leurs histoires de vie sont bien différentes, et si elles ne suivirent pas les mêmes chemins (par exemple et ce n’est pas anecdotique, l’une s’habillait en homme et l’autre en robe en soie), ce sont des femmes libres, puissantes qui choisirent chacune leur destin, leur vie d’artiste guidée avant tout par leur passion.
Parallèlement à ces années de gestation et de recherche d’un éditeur ? Pierre Taillefer et Thibault Ternon poursuivirent leurs recherches et leurs travaux qui promettent d’autres articles, d’autres livres, d’autres conférences qui feront le miel des lecteurs curieux et gourmands de notre art. Avec quelques autres chercheurs, auteurs et collectionneurs, ils travaillent à reconstituer les morceaux d’un puzzle de dix mille et une pièces qui s’imbriquent, s’accordent pour écrire une histoire approfondie de la magie, nous en reparlerons dans quelques années.
En attendant, profitons de cet ouvrage passionnant écrit à quatre mains qui nous raconte la vie de cette grande figure de l’illusionnisme, tissée à partir d’un corpus de plus de 1 600 articles de presse. Mais attention, à l’instar de Mlle Bénita Anguinet, sa biographie n’est en aucune façon militante, elle raconte une artiste magicienne qui sut s’imposer et conduisit sa vie sans concession dans un monde presque exclusivement masculin. Finissons en donnant la parole à nos coauteurs, Pierre Taillefer et Thibault Ternon, qui définissent si bien Mlle Anguinet : « Dans un contexte social inhospitalier, la liberté souveraine et respectable conquise par Bénita Anguinet – artiste et entrepreneuse – témoigne d’un tempérament exceptionnel et manifeste un destin hors du commun de femme puissante. » « Elle cultive le bon goût à la fois de ses tenues et de sa présentation des effets classiques du répertoire magique qu’elle interprète avec brio et humour, tout en se montrant généreuse et bienfaitrice.
Introduction de Pierre Taillefer et Thibault Ternon (extrait)
Notre enquête vise à sortir de l’oubli la vie et la carrière de Bénita Anguinet, mais aussi, au-delà de son destin particulier, à mieux cerner la place des femmes artistes dans la vie théâtrale au XIXe siècle, les conditions de vie et de représentation des artistes de curiosités dans les théâtres à Paris, en province et à l’étranger, ou encore à mieux appréhender l’émergence d’une forme de spectacle « décoratif », en écho au développement du commerce des instruments de prestidigitation. Nous nous proposons de développer ces éléments en quatre temps. Les trois premières parties sont conçues chronologiquement de sorte à embrasser toute la carrière de Bénita Anguinet : ses débuts dans le giron paternel et lors des tournées européennes de la jeunesse (I), sa consécration parisienne au Pré-Catelan (II), et enfin sa longue carrière dans la péninsule ibérique jusqu’à sa mort (III). La quatrième partie emprunte des éléments à l’ensemble de la vie de Bénita Anguinet pour en donner une vision synthétique, par l’analyse des caractéristiques de sa pratique artistique (IV). Entre ces quatre parties viennent s’intercaler des cahiers consacrés au répertoire de la prestidigitatrice et à son évolution progressive. Enfin, les annexes offrent aux chercheurs une documentation plus détaillée et systématique sur sa vie et sa carrière : recensement de ses passages dans les théâtres de toute l’Europe (annexe I), arbre généalogique (annexe II) et transcription d’une sélection de documents d’archives (annexe III). L’ouvrage se poursuit par la reproduction de quelques créations artistiques inspirées par Bénita Anguinet : théâtre, poésie et journal de voyage (annexe IV), pour s’achever en musique (annexe V).
Que trouve-t-on dans le livre ?
C’est un ouvrage très dense en informations, annotations et annexes. Les auteurs retracent la carrière exceptionnelle de Bénita Anguinet (1819-1887). Ses débuts sur scène avec son père (artiste dramatique et physicien) en 1827 à l’âge de sept ans, son premier spectacle seule en scène en 1839, sa consécration parisienne au Théâtre de magie du Pré-Catelan de 1856 à 1858, son exil espagnol et sa grande carrière ibérique de 1864 à 1887. Grâce à un corpus de plus de mille-six-cents articles de presse dans plusieurs langues, d’affiches, d’affichettes, de lettres manuscrites, de bordereaux de recettes et de dépenses, nous pouvons suivre la magicienne année par année, mois par mois (dans l’annexe I de la chronologie détaillée). Une carte d’Europe met en lumière ses tournées en France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Suisse, Algérie, Espagne et Portugal. Enfin, différentes parties sont consacrées à son répertoire des débuts, sur la scène du Pré-Catelan et lors de sa période espagnole.
Le livre nous dévoile une magicienne très influencée par Jean-Eugène Robert-Houdin, dont elle reprend une grande majorité de son répertoire et de son matériel (fabriqué par André Voisin et Alexandre-François Roujol) mais aussi le décor calqué sur celui du Théâtre des Soirées Fantastiques. Malgré ces emprunts esthétiques, Bénita Anguinet n’en reste pas moins une formidable interprète, une bonne comédienne généreuse (qui participera à diverses pièces de théâtre en parallèle à ses représentations de prestidigitation) et une femme de caractère qui a su s’imposer dans une contexte patriarcal dominé par de grandes figures de l’art magique : Philippe, Robert-Houdin, Marius Cazeneuve, Faure Nicolay, Henri Robin. Un modèle et une voie ouverte pour d’autres magiciennes en quête d’indépendance…
Pour qui est fait ce livre ?
Ce livre est destiné aux amoureux de l’histoire de l’art magique et des portraits bibliographiques d’artistes singuliers et méconnus.
Sommaire
- REMERCIEMENTS
- PRÉFACE
- INTRODUCTION
- I. LES DÉBUTS DE LA « PREMIÈRE PHYSICIENNE DE FRANCE » / CAHIER RÉPERTOIRE
- II. LA CONSÉCRATION DE LA « PRESTIDIGITATRICE DU PRÉ-CATELAN » / CAHIER RÉPERTOIRE
- III. LE TRIOMPHE ESPAGNOL DE LA « CÉLÈBRE PRESTIDIGITADORA » / CAHIER RÉPERTOIRE
- IV. LE « PHÉNOMÈNE ANGUINET » OU LES COULISSES DU SUCCÈS
- CONCLUSION
- ANNEXES / I. CHRONOLOGIE DÉTAILLÉE / II. ARBRE GÉNÉALOGIQUE / III. TRANSCRIPTION DE DOCUMENTS D’ARCHIVES / IV. THÉÂTRE, POÉSIE ET JOURNAL DE VOYAGE AUTOUR DE BÉNITA ANGUINET / V. MUSIQUE COMPOSÉE POUR BÉNITA ANGUINET / VI. CARTE DES VOYAGES DE BÉNITA ANGUINET
- INDEX DES NOMS
- INDEX DES LIEUX
Pour commander le livre : Bénita Anguinet – Le Cabinet d’Illusions (lecabinetdillusions.fr)
Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Thibault Ternon, Le Cabinet d’Illusions. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.