Comment êtes-vous entrés dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
James : J’ai découvert la magie à six ans. Un magicien a animé ma fête d’anniversaire et j’ai tout de suite su que c’était ce que je voulais faire. L’année suivante, j’ai organisé mon propre « spectacle de magie » pour mes amis. J’ai noué un t-shirt autour du cou en guise de cape, j’ai tout préparé, tout le monde est arrivé… et personne n’a regardé. J’ai pleuré pendant des heures. C’était un début tragique, mais je n’ai jamais cessé d’aimer la magie. À partir de là, je me suis entraîné sans relâche et j’ai commencé à me produire professionnellement chez les restaurants TGI Fridays à seize ans. J’ai quitté l’école prématurément pour me consacrer pleinement à la magie, en me produisant lors d’événements d’entreprise et de soirées privées jusqu’en 2017, année où j’ai rencontré Marina. Et là, tout a basculé ! Grâce à notre mentor et consultant, David Penn, je suis passé de la magie rapprochée au mentalisme de scène à part entière, et ensemble, nous avons créé quelque chose de vraiment unique.
Marina : Je n’avais aucune expérience en magie. J’avais fait du mannequinat, quelques shootings de mode et j’avais travaillé comme hôtesse de l’air pour Fly Dubai. Quand j’ai rencontré James, il m’a montré une vidéo du duo américain Falkenstein & Willard interprétant Second Sight. J’ai été absolument époustouflé et j’ai dit : « Je veux faire ça ! » À partir de ce moment-là, nous avons commencé à nous entraîner quotidiennement et nous n’avons pas manqué un seul jour depuis.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Nous avons commencé à nous entraîner ensemble en 2017. Dès le premier jour, nous avons pratiqué l’identification de cent objets et avons rapidement compris qu’il nous fallait notre propre « système », quelque chose d’organique, qui nous soit propre, et non une simple copie de techniques anciennes. Nous avons donc construit notre méthode de A à Z. Nous nous entraînions cinq à six heures par jour, sans relâche, développant progressivement notre compréhension, notre psychologie et notre connexion. C’est un processus d’amélioration continue. Même aujourd’hui, des années plus tard, nous continuons à développer et à faire évoluer notre pratique. C’est un engagement à vie.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. À l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Nous avons eu une chance incroyable. David Penn a été essentiel, surtout lors de notre participation à la FISM 2025. Il a passé deux semaines avec nous à Dubaï, travaillant quatorze heures par jour pour peaufiner chaque instant du numéro : le rythme, la structure et la dynamique émotionnelle. Il nous a aidé à transformer une idée en un numéro de classe mondiale. Nous avons également collaboré avec certains des plus grands noms du milieu : Luis de Matos, Ken Weber, Ken Axell, Matt Edwards et Rodney James Piper, qui dirigeait l’équipe de la FISM. Nous avons même reçu les conseils de David Blaine et Criss Angel, ce qui était surréaliste. Et notre ami Gerry McCambridge, « The Mentalist » à Las Vegas, a toujours été d’une générosité et d’un soutien indéfectibles.
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos créations, spectacles et numéros
Notre véritable talent réside dans notre capacité à créer du lien. Les techniques, les systèmes de mémorisation et la psychologie sont certes importants, mais notre priorité absolue reste le public. Notre objectif est que chaque spectacle soit spontané, jamais mécanique. Nous ne voulons pas que le public ait l’impression d’assister passivement à une performance, mais qu’il s’y sente pleinement intégré. Chaque réaction, chaque respiration, fait partie intégrante du spectacle. C’est pourquoi nous disons toujours : nous sommes là pour le public, et non l’inverse.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Derren Brown, sans conteste le meilleur homme de spectacle au monde aujourd’hui. David Blaine, pour son authenticité et son courage. Criss Angel, pour son audace créative. Luis de Matos et Ken Axell, pour leur talent artistique et leur intelligence théâtrale. Nos premières sources d’inspiration furent Glenn Falkenstein & Frances Willard, et bien sûr, les légendaires Piddingtons (Sydney et Lesley Piddington). Ils ont prouvé qu’une véritable connexion et l’imagination peuvent accomplir des miracles.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
James : Le mentalisme, évidemment, mais j’aurai toujours un faible pour la magie des cartes et les numéros de jeux de hasard. Je suis fasciné par la prestidigitation et la psychologie de la tromperie. On pourrait dire que je suis un véritable « singe manipulateur ».
Marina : J’adore l’élégance des numéros de manipulation visuelle. Je me souviens avoir été hypnotisée par la performance de Juliana Chen au Mystify Magic Festival ; c’était de la pure poésie. Ce niveau artistique m’a profondément marquée.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Nos influences artistiques dépassent le cadre de la magie. Nous sommes inspirés par le cinéma, l’art de raconter des histoires et les émotions humaines. Des réalisateurs comme Christopher Nolan et Denis Villeneuve, qui savent créer une atmosphère et une profondeur uniques. Nous croyons que la grande magie doit susciter des émotions. Il ne s’agit pas de tours de passe-passe, mais de vérité dissimulée sous des apparences illusoires.
Quels conseils et quels chemins recommander à un(e) magicien(ne) débutant(e) ?
Trouvez un mentor. Croyez-moi, un regard extérieur vous épargnera des années d’essais et d’erreurs. On finit tous par être aveugles à notre propre travail. Un bon consultant saura voir ce que vous ne voyez pas et sublimera vos idées, bien au-delà de ce que vous imaginiez. Par ailleurs, ne vous focalisez jamais uniquement sur les artifices. Apprenez le théâtre, la psychologie et l’art de raconter des histoires. La magie réside dans le langage ; c’est la façon dont vous l’utilisez qui marque les esprits.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
C’est une période exaltante. La magie est plus diversifiée et créative que jamais. Nous nous sommes produits aux quatre coins du monde, du Magic Castle à Hollywood au Magic Live de Las Vegas, en passant par des festivals au Portugal, et le niveau artistique auquel nous avons assisté est phénoménal. La communauté évolue et s’affranchit des artifices et des effets faciles. De plus en plus d’artistes utilisent la magie comme un moyen d’exprimer des émotions, de raconter des histoires et de créer un lien authentique avec le public ; c’est cet avenir auquel nous aspirons.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
La culture influence tout ce que nous faisons. Se produire à l’échelle mondiale implique de s’adapter à différentes normes sociales, systèmes de croyances et façons d’exprimer les émotions. Ce qui est perçu comme intime dans un pays peut être vécu comme une intrusion dans un autre. Nous avons appris à écouter et à observer, à créer des liens au-delà des barrières linguistiques. Notre spectacle est universel car il repose sur l’empathie, la confiance et le lien humain, des valeurs qui transcendent les cultures.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
James : J’adore les documentaires sur les affaires criminelles, The Office, Friends et la pizza, idéalement tout en même temps.
Marina : Je suis passionnée par les animaux, la photographie et les voyages. Nous avons trois chiens et un chat qui nous comblent de bonheur et nous occupent beaucoup.
Ensemble, nous adorons explorer de nouvelles villes, en particulier Las Vegas et New York ; elles sont toutes deux magiques à leur manière.
Interview réalisée en octobre 2025. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Mind2Mind. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.
