Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Mon premier déclic a eu lieu à l’âge de 6 ans, en effet dans mon école, un magicien de renom, était venu faire son spectacle et cela a bouleversé le cour de ma vie, j’ai encore certaines images devant les yeux, 40 ans plus tard, c’est vous dire…
J’ai demandé une boite de magie au noël suivant et se fut le début d’une passion dévorante.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’avais environ 14 ans, quand le centre sociaux culturel de mon quartier m’a fait confiance pour la première fois, pour un cachet de 100 francs, j’ai pu mesurer toutes les difficultés de mon métier, et me remis vite à travailler encore plus dure. Ma culture magique, je la doit essentiellement aux livres et uniquement à cela. Le livre développe énormément votre imagination et vous rend beaucoup plus créatif. Mon livre de chevet a été très longtemps La magie du XXe siècle de John Norhern Hilliard. Il m’arrive de relire des passages de ce livre encore aujourd’hui.
La chose également à ne pas oublier, c’est le fait de se retrouver souvent sur scène, cela vous rend forcement meilleur, vous pouvez affiner de gala en gala, essayer des choses.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Au début ma maman m’a beaucoup aidé, en effet, il y a de nombreux moments de découragement, et le fait de savoir que vos proches croient en vous cela vous rend plus fort. Plus tard ma collaboration avec James Hodges m’a permis de franchir un cap. J’ai adoré et on ne regarde plus son art de la même façon après cela.
Tous les problèmes d’ordre privé, on tendance à vous freiner, il n’est pas facile de donner du rêve à votre public, quand vous vous êtes en plein cauchemar. Mais tout ce qui ne vous tue pas, vous rend plus fort.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je suis artiste professionnel depuis 28 ans, je change d’endroit pratiquement à chaque prestation, c’est l’aventure, on découvre des gens nouveaux à chaque fois et j’ai développé durant toutes ces années une grande faculté d’adaptation, c’est à ce prix qu’un artiste professionnel peut vivre de son art.
La quantité de spectateurs est variable suivant mes shows. Je peux très bien me produire en formule Close-up devant 10 personnes, et le lendemain être sur une grande scène devant 1000 ou 2000 personnes, mes prestations vont d’une valise et une personne à 3 camions et 10 personnes. De quoi s’occuper et ne pas s’ennuyer. Je pense être un artiste complet, je passe d’une formule à l’autre avec un plaisir sans bornes.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
La prestation qui m’a le plus marqué est sans aucun doute possible celle de Vito Lupo, j’adore cet artiste et même si je ne partage pas le même univers que lui, j’adore vraiment sa magie. Et sa nonchalance. Des artistes comme Pierre Brahma ou Richard Ross chacun dans leur style, sont remarquable. J’ai eu la chance de les côtoyer. QUE DU BONHEUR.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’ai une préférence pour la grande illusion, mais j’aime tous les styles de magie à partir du moment où cela est bien fait. Dans le domaine de la grande illusion, il y a encore plein de choses à faire. Alors oui cela à ma préférence, mais j’aime aussi les moments intimes que je partage avec le public en close-up ou avec mon numéro de transmission de pensée. Il y a un vrai échange avec le public. N’est ce pas ce que l’on demande à un artiste, de créer une émotion…
Quelles sont vos influences artistiques ?
J’essaie justement de ne pas trop voir de choses, afin de pouvoir garder ma propre identité, en effet mes shows sont proche du one man show. Ma personnalité et l’humour ont une place très importantes. Même si la technique doit être parfaite, et pour moi l’originalité compte beaucoup également. Il arrive que des spectateurs viennent me voir à la fin de mes shows et me disent ceci : je n’aime pas la magie mais j’adore ce que vous faites. Un paradoxe énorme !
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Travailler, travailler et encore travailler, ne pas faire de la magie pour l’argent mais par passion et si ce jeune homme ou cette jeune femme a une vrai personnalité, alors il ou elle sera forcément récompensé. Sans oublié de ce remettre en question ; l’art évolue très vite, n’oublions pas que c’est un art vivant.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je considère que les années 1950 resteront l’âge d’or de la magie. Mais aujourd’hui nous sommes à l’âge de platine, et je suis heureux d’en être.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
L’art magique est le parent pauvre de la culture, nous sommes mal, voir pas considéré comme des artistes à part entière. A nous de démontrer aux autres disciplines artistique que c’est faux. Un artiste magicien talentueux doit avoir de multiples compétences : être un excellent comédien, un bon mime, savoir bouger, etc. S’il utilise le texte, une excellente diction, etc.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Le sport. Pour durer un artiste se doit d’être bien dans son corps. Je pratique le tennis à un niveau respectable, je m’entraine 2 fois par semaine minimum, je pratique également un peu la musculation, et le footing pour le fond. Pour être bien dans sa tête, il faut être bien dans son corps.
Merci de m’avoir donné la parole et sachez que je compare mon art à une femme que je me dois de séduire tous les matins quand je me lève et que je la veux toujours plus belle. Alors vive l’art MAGIQUE.
– Interview réalisée en juin 2015.
A visiter :
– Le site de Mickael Ross.
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