Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai en réalité eu deux déclics envers la magie. Le premier, en 2003, à la convention européenne de jonglage de Svendborg, où j’ai rencontré Xavier Mortimer qui faisait apparaître des balles acryliques dans des bulles de savon. Après quelques discussions avec lui, il me
conseille d’acheter le livre La magie des boules de billard, ouvrage que je n’ai jamais trouvé, j’ai donc laissé cette idée de m’initier à l’illusionnisme de côté.
Quelques années plus tard, lors d’un rassemblement de passionnés de jeux vidéo, je rencontre une personne qui me fait quelques tours de cartes, et ensuite mon meilleur ami me montre les vidéos de Mindfreak de Criss Angel. C’est ce qui a attisé ma curiosité et donné envie de m’initier vraiment.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Je suis entré dans ma première boutique de magie en 2006. Je décide donc d’acheter mon premier jeu de cartes Bicycle et le DVD La
magie par les cartes de Bernard Bilis. Puis, dans la foulée, un collègue de travail me dit qu’il connaît un magicien champion de France qui va ouvrir une École de magie à Lyon, c’est à ce moment-là que je fais la rencontre d’Yves Doumergue. Et je comprends rapidement que la magie va devenir beaucoup plus qu’une passion. Je prends alors plusieurs années de cours à ses côtés, et devient un vrai boulimique d’illusionnisme.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Il est évident que ma rencontre avec Yves Doumergue a été une excellente opportunité et elle m’a permis d’avoir une approche de
l’art magique qui m’aurait certainement pris des années sans son aide et celles des autres intervenants de cette école, je pense entre autres à Sylvain Castor, Thibaut Martinent, et mon ami Christian Rood. Je peux également citer Étienne Pradier qui m’a énormément apporté lors de notre rencontre. Je pourrais citer d’autres amis magiciens avec qui j’échange beaucoup mais la liste serait longue.
Côté freins, ils viennent principalement de moi plus que d’une tierce personne. J’ai souvent tendance à remettre les choses en question, à vouloir à tout prix perfectionner mes tours ou numéros avant de les présenter et mon manque de confiance et de légitimité sont à la fois une faiblesse et une force pour développer mon activité de magicien mentaliste.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je suis ce que l’on appelle un magicien « corporate », je travaille principalement dans le milieu de l’événementiel, pour les entreprises qui souhaitent animer tout type d’événements. J’interviens également auprès des particuliers lors de leurs événements familiaux. Et depuis quelques années je me tourne vers la scène pour y jouer mon spectacle de mentalisme Transmission.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Je me souviens, comme si c’était hier, la première fois que j’ai vu Frédéric Da Silva jouer son spectacle de mentalisme à Lyon. Il avait le charisme, le rythme et des effets percutants. Il est devenu une de mes références pendant plusieurs années. J’aime aussi beaucoup le travail de Derren Brown qui a su rendre grandiose les spectacles de mentalisme. Je pourrais également citer David Blaine et plus récemment la découverte du spectacle In & Of Itself de Derek DelGaudio.
En dehors de la magie, j’aime beaucoup les spectacles de rue (notamment la compagnie Les Trois points de Suspension et leur spectacle
Voyage en bordure du bout du monde, les Kaldéras…), et j’apprécie aussi différents artistes musicaux.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’adore le close-up, où l’on donne l’impression au public que l’on fait des choses complètement impossibles avec trois fois rien, et cette proximité avec le public qui permet de créer de beaux moments d’échange et de partage (ce qui me manque en cette période de Covid).
J’adore la magie qui utilise des objets du quotidien, tout le monde a déjà eu entre les mains un jeu de cartes, une pièce de monnaie, un téléphone, et a rêvé un jour de lire dans les pensées ou d’influencer d’autres personnes. Ça rend aux yeux des spectateurs les choses encore plus surprenantes.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je vais chercher l’inspiration un peu partout, aussi bien au cinéma que dans la musique. Je regarde beaucoup de conférences sur tout type de
sujet et aussi étrange que cela puisse paraître le monde du développement personnel m’a beaucoup apporté artistiquement. Je lis également beaucoup de résumés d’études scientifiques ou autre, je trouve que c’est toujours très inspirant pour créer mes numéros.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
C’est très dur de répondre à cette question, la magie s’étant tellement démocratisée ces dernières années ! Je lui dirai que le savoir-faire c’est un mélange de théorie et de pratique, donc à mon sens il doit étudier et pratiquer le plus souvent possible. Même si ses tours ne sont pas encore parfaits, je lui conseillerais d’écouter son cœur, de se lancer, d’oser pour arriver à faire ce qui lui plaît. Je lui conseillerais aussi de lire des livres !
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
D’une manière générale, on voit de plus en plus de magie à la télévision, sur Internet, que ce soit sur YouTube, Facebook, Instagram… la magie se démocratise.
Au premier abord on pourrait avoir peur de ces tendances. De mon côté je pense que c’est une très bonne chose. Le public s’habitue à voir
de la magie et devient plus critique, ce qui nous pousse à être toujours meilleurs dans nos performances. L’un des gros avantages avec
l’illusionnisme c’est que le virtuel ne peut pas remplacer le réel, le public pensera toujours qu’il y a un trucage de vidéo, un changement de champ, une coupe au montage…
Un des autres avantages de la démocratisation de notre art, c’est que l’on a de plus en plus de traduction d’ouvrages et de nouvelles publications (vous aurez compris, j’adore les livres). Le revers de la médaille c’est que, chaque semaine, il y a des dizaines de nouveaux
produits qui sortent sur le marché de la magie. On est un peu perdu dans cette jungle et on doit souvent se fier à des vidéos de démonstration qui ne sont pas toujours très honnêtes, et la magie devient un produit de consommation.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
J’aime bien ce principe qui dit qu’on est tous pareils et à la fois tous différents. Il se vérifie dans beaucoup de domaines et je trouve que ça se prête très bien aux magiciens. On fait finalement à peu près tous la même chose et pourtant en fonction de notre vécu, nos ressentis, notre culture, en découle notre singularité.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
J’aime particulièrement le développement personnel, les neurosciences, la spiritualité, et tout ce qui touche à l’entreprenariat et à la communication.
Paradoxalement, je suis passionné par les jeux vidéo ; et ça depuis que je suis gamin ; et plus particulièrement les jeux multi-joueurs où on s’affronte les uns contre les autres.
– Interview réalisée en mars 2021.
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