Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai commencé la magie quand j’avais 6 ans avec trois minuscules petits livres qui étaient donnés en cadeau dans les paquets de céréales pour le petit déjeuner ! On m’a ensuite offert un coffret de magie et un très bon livre sur le sujet (que j’ai encore à ce jour) qui révélait les secrets de nombreux classiques tels que les anneaux chinois et la carte ambitieuse. Cela m’a vraiment scotché.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Quand j’étais jeune, dans les années 1960, il était très difficile d’obtenir des informations sur la magie. Aujourd’hui, avec Internet tout devient si simple, mais à l’époque c’était le parcours du combattant. Je ne savais rien des marchands de trucs de l’époque et j’essayais d’inventer mes tours. J’ai gardé ce mode opératoire jusqu’à aujourd’hui, ce qui m’a aidé à construire une carrière professionnelle et inventer de nouvelles idées.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Le moment décisif pour moi est arrivé à l’âge de 18 ans quand je suis allé à l’université et que j’ai rencontré un autre élève appelé Chris Payne qui était aussi un magicien. Il était très avancé par rapport à moi en termes de connaissances et d’expériences. Il fut très généreux et m’apprit beaucoup de principes et d’idées en close-up. Une fois que j’ai eu ces connaissances, j’ai rapidement commencé à les utiliser pour arriver à tout un tas de routines et développer mes propres idées. Rencontrer Chris fut une chance pour moi. Aujourd’hui, nous sommes toujours les meilleurs amis, 35 ans plus tard.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je suis fondamentalement un magicien ambulant. Je travaille de manière professionnelle avec une magie facilement transportable et faisable en condition entourée ; pour des soirées privées, des mariages, des réceptions, des événements d’entreprise, des salons professionnels, etc.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
J’ai tendance à apprécier la magie d’artistes qui sont créatifs et qui « pensent » à travers leurs idées. Donc, je suis un grand fan du travail de Tommy Wonder (c’est une tragédie qu’il n’est plus parmi nous) et aussi de John Bannon. J’admire aussi la façon dont Aldo Colombini a pu prendre une idée et la tordre dans tous les sens pour en produire une multitude de variations.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime le close-up, j’ai toujours aimé ça. Même si j’apprécie la magie de scène et les grandes illusions si elles sont bien faites, je ne suis pas attiré par ces genres de représentation. J’apprécie tout de même le mentalisme et les artistes comme Graham Jolley, Andy Nyman, Derren Brown et Marc Paul. Je pense qu’il est très facile de devenir un mentaliste ennuyeux si vous ne savez pas comment mettre tout cela en scène, dans une forme divertissante.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Quand j’avais une vingtaine d’années, j’ai passé beaucoup de temps avec Tony Griffith. Il avait 20 ans de plus que moi, Tony était, et est toujours, brillant pour se débarrasser des mouvements inutiles qui polluent un effet magique et privilégie la simplicité ; ce qui a un fort impact au final sur les gens. J’ai toujours été influencé par l’approche de Tony et j’essaie d’appliquer ces principes dans mon travail.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Passez du temps à perfectionner votre personnalité et votre style plutôt que d’apprendre toujours de plus et plus de tours. Vous avez évidemment besoin de tours, mais ce n’est pas le nombre de techniques, ni de manipulations que vous connaissez qui sont importantes mais bien la façon dont vous présentez vos routines. Une bonne présentation est déterminante dans la réussite finale du tour.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Il me semble que le monde magique est assez dynamique. L’Internet a provoqué une explosion d’échange de connaissances, qui à son tour a conduit à un flux sans fin de nouvelles idées. Malheureusement, beaucoup de ces idées sont développées pour le marché commercial, mais je suppose que c’était inévitable. La cote des meilleurs magiciens est incroyablement élevée à mon avis, et la magie connaît actuellement un regain de popularité avec les laïcs.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Les différences culturelles dans la magie sont peut-être en train de s’éroder en raison de la nature très internationale de la magie de ces derniers temps. Nous avons la possibilité de regarder n’importe quel magicien de n’importe quelle partie du monde sur YouTube. Il est facile de comprendre pourquoi les principaux magiciens et leur style sont copiés partout dans le monde. Lorsque les magiciens russes sont venus pour la première fois travailler à l’Ouest, à la fin de la guerre froide, leur style était extrêmement différent des autres parce qu’ils étaient protégés par des influences uniques et se reposaient naturellement sur leur propre culture pour créer leur magie.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La magie est à la fois un travail pour moi, mais aussi et toujours une passion et un intérêt. Mais quand je fais quelque chose qui n’est pas lié à la magie (ce qui n’est pas souvent le cas pour être honnête !), j’aime regarder le football, jouer au tennis de table, au golf, et faire des promenades ou des balades à vélo avec ma femme.
– Interview réalisée en septembre 2014.
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A visiter :
– Le site de Mark Leveridge.