Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
Quand j’étais jeune j’adorais voir des magiciens, mais il y en avait peu en Israël. Seulement une fois par an nous y avions accès, car nous étions isolés, loin de l’Europe et des États-Unis. La magie que je voyais était très basique et il n’y avait pas de close-up. Par la suite, j’ai découvert de plus en plus de magiciens, puis, avec mon père nous avons fondé un magasin de magie où nous avons vendu quelques tours nous permettant de gagner un peu d’argent. J’appréciais la magie, cependant, je n’aimais pas pratiquer, j’aimais comprendre comment cela fonctionnait, car mes autres hobbies étaient l’électronique, les mathématiques, l’innovation et les sciences. Pour moi, la magie était un puzzle.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai d’abord acheté quelques tours, puis à douze ans, j’ai présenté un spectacle pour ma classe. L’année suivante, j’ai de nouveau monté un show pour ma classe de musique, mais j’avais toujours le trac. Par la suite, j’ai arrêté la magie, et c’est à seulement vingt-quatre ans, alors que j’étudiais à l’université les sciences informatiques, lors de ma première année, que j’ai fait la rencontre d’un magicien. J’ai alors découvert la convention israélienne de magie. Après plusieurs années à suivre des conférences, j’ai pu rencontrer beaucoup d’illusionnistes de close-up, de scène, etc. L’un d’eux Roni Shachnaey (fondateur de l’I.S.P.A.M, la Société Israélienne pour la Promotion de l’Art Magique) est devenu mon professeur et mon mentor. J’espérais finir mes études pour ensuite intégrer une entreprise high-tech, mais je me suis rendu compte que je m’intéressais de plus en plus à la magie. Au même moment, Roni Shachnaey m’a encouragé à lire des livres de magie dans sa bibliothèque, puis j’ai commencé à visionner des vidéos de Patrick Page, de Fred Kaps faisant des manipulations, Shimada, etc. Mais, très vite j’ai compris que je ne ressemblais ni à Richard Ross, ni à Gérard Majax, ni aux autres manipulateurs. J’ai donc commencé à faire de la magie humoristique, une sorte de stand-up magique, mélangeant gags et comédie. Puis, très vite, j’ai présenté du mentalisme. C’était une discipline très populaire qui faisait l’objet de beaucoup de demandes à l’époque.
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos créations, spectacles et numéros.
J’ai validé un premier, puis un second diplôme en sciences, mathématiques, informatique et, en parallèle, je gagnais bien ma vie en présentant des spectacles. J’ai alors décidé de continuer la magie, puis rapidement la plus importante entreprise d’Israël m’a sollicité, afin que je fasse des conférences et que je sois aussi annonceur. J’ai donc commencé à incarner le rôle de maître de cérémonie pour de nombreuses conventions high-tech, j’intervenais cinq minutes entre chaque présentation afin de mettre en avant un logiciel, du matériel informatique, etc. J’ai commencé à développer beaucoup d’effets magiques, qui avaient un sens bien particulier, dans les conventions et les salons professionnels. Je peux dire que j’ai influencé beaucoup de gens à faire des conférences pour entreprise et du sur-mesure en magie comme les effets Talk To The Screen, The Selfie Card Trick, The Big Trivia Game, The Mobile Opener et bien évidemment ma routine signature Invisible touches (PK Touch), reprise notamment par David Blaine et Derren Brown.
Beaucoup d’idées peuvent être un substitut à la magie en permettant de transmettre un message. D’ailleurs, toutes les plus grandes entreprises, souhaitent transmettre un message à leurs employés et à leurs clients. C’est pourquoi j’ai développé un style de magie et de mentalisme adapté. C’est ce que je fais et ce que j’enseigne à mon équipe. J’ai aussi animé beaucoup d’ateliers en lien avec ces thématiques en petit groupe de vingt personnes. Souvent pour des professionnels de haut niveau, mais aussi pour des personnes plus amatrices.
Vous êtes aussi une personnalité de la télévision israélienne. Quand, comment et pourquoi a commencé cette aventure ?
J’ai d’abord présenté une émission à la télévision d’une heure sous la forme de keynote. En 1993, lors d’un passage de cinq minutes, un producteur m’a repéré et m’a proposé d’être l’invité principal d’un talk-show dans lequel je participais chaque semaine. Auparavant, personne ne faisait ce genre de chose, d’autant plus qu’à l’époque il n’y avait que deux chaînes en Israël. Grace à cette médiatisation, je suis devenu très célèbre. Début 1994, j’ai été reconnu comme la révélation de la loterie à la télévision. Tout le monde connaissait cette émission car il y avait de gros prix à gagner. D’ailleurs un jour avant le tirage, j’ai donné ma prédiction à un avocat, puis mon enveloppe a été ouverte en direct, révélant ainsi le numéro que j’avais prédit et qui correspondait à celui du jour. Très rapidement, mon cachet a été multiplié par dix du seul fait que j’apparaissais à la télévision. J’ai ensuite eu deux ans pour créer ma propre émission spéciale. Ceci m’a permis de produire quatorze émissions d’une demi-heure qui étaient un mélange de magie, de mentalisme et lors desquelles j’avais des invités spéciaux. J’ai travaillé à la télévision jusqu’en 2000, puis j’ai arrêté car cela faisait six ans que j’étais presque chaque semaine à l’écran.
Parlez-nous de vos interventions dans le monde entier comme conférencier pour différentes entreprises high-tech ?
Ma période préférée a commencé en 1997, lorsque j’ai pu voyager dans le monde entier, à l’invitation d’entreprises de haute technologie comme HP, IBM, Checkpoint, Abbot, MSD, Applied Materials, etc., pour participer à des salons et des séminaires de lancements de produits. Je voyageais parfois deux fois dans la même semaine. Par exemple, une fois je suis allé en Chine pour une conférence sur la robotique, puis à partir de Shanghai j’ai pris un vol pour New York. De New York je me suis rendu à Houston. Et au bout de huit jours, je suis rentré à Tel Aviv, un véritable voyage autour du monde ! J’ai aussi participé à une conférence de l’entreprise ConverseNow, spécialisée dans le courrier vocal lors d’un salon qui s’est tenu à Marrakech, au Maroc. Enfin, je suis allé à Chicago pour présenter les presses numériques HP Indigo. J’ai également participer à la conférence de l’Union européenne à Londres. Tout ceci en une semaine avant de retourner en Israël. Aujourd’hui, cela fait vingt-sept ans que je voyage partout dans le monde et j’ai mon propre siège d’avion réservé au nom de « 1A all the way ».
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Durant de nombreuses années, j’ai fait l’impasse sur les conventions magiques, puis j’ai commencé à me rendre régulièrement à la P.E.A, Psychic Entertainers Association, fondée en 1978. J’y ai rencontré beaucoup d’amis comme Ken Weber, Bob Baker, Tim Conover, Gary Kurtz, Anthony Blake, Brett Barry et beaucoup d’autres. Toutes ces personnes sont devenues des amis très proches, dans ma vie quotidienne. J’ai été beaucoup influencé par l’humour de Juan Tamariz, de Tom Mullica, j’aime leur magie mais la plupart du temps je pratique le mentalisme. Toutefois, j’aime regarder Dani DaOrtiz faire ses tours de cartes, car moi je n’en fais pas.
Quels conseils et quels chemins conseiller à un magicien débutant ?
Aujourd’hui j’ai soixante-deux ans, je commence à faire de plus en plus de conventions magiques, car depuis six ans, je suis le président de la Société de Magie Israélienne. Nous sommes maintenant deux cent quarante, et nous organisons chaque mois des réunions, où nous réunissons entre quatre-vingt-dix et cent participants. Nous faisons généralement venir une conférence d’Europe ou des États-Unis, nous permettant de rencontrer tous les grands noms de la magie mondiale. C’est un genre de petite convention réunissant aussi cinq/six vendeurs et un marché d’occasion. Nous donnons également des conseils pour les débutants concernant le matériel. Mais aujourd’hui tout a changé car les jeunes magiciens apprennent directement sur YouTube. C’est pour cela que nous avons créé une section pour ces jeunes afin qu’ils puissent progresser, améliorer leur présentation, etc. Ils sont invités mensuellement à cet événement, ce qui leur permet d’apprendre beaucoup plus vite en présentiel.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
De nos jours, les jeunes magiciens lisent peu. Malgré tout, nous voyons de très bons artistes progresser. La situation actuelle est la suivante : chaque jour, un nouveau tour de magie est vendu dans le monde entier, ce qui est vraiment incroyable, alors qu’il y a vingt ans, vous aviez un catalogue, chaque année où c’était presque les mêmes choses. Puis, il y a eu un« boom », avec tellement d’innovations et de diffusions via Internet.
Vos hobbies en-dehors de la magie ?
Mes passions sont de jouer du piano et de résoudre des puzzles. J’aime aussi aller au musée, prendre l’avion, voyager. J’ai aussi définitivement arrêté de faire de l’électronique.
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Interview réalisée en octobre 2024. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : © Lior Manor / Nati Levie. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.