Robert-Houdin avait donné à cet automate le nom de Diavolo Antonio, célèbre acrobate dont il avait cherché à imiter les périlleux exercices. Seulement l’original était un homme et la copie n’avait que la taille et les traits d’un enfant. Il apportait son jeune artiste de bois entre ses bras comme il l’eût fait pour un être vivant, puis le posait sur le bâton d’un trapèze, et là, lui adressait quelques questions auxquelles l’automate répondait par des signes de tête.
– « Vous ne craignez pas de tomber ? »
– « Non »
– « Etes-vous bien disposé à faire vos exercices ? »
– « Oui »
Alors, aux premières mesures de l’orchestre le petit bonhomme saluait gracieusement les spectateurs en se tournant vers toutes les parties de la salle, puis se suspendant par les bras et suivant la mesure de la musique il se faisait balancer avec une vigueur extrême.
(Document : Collection Christian Fechner)
Venait ensuite un instant de repos pendant lequel il fumait sa pipe, après quoi il exécutait des tours de force sur le trapèze, tels que de se soulever à la force des bras et de se tenir la tête en bas tandis qu’il exécutait avec les jambes des évolutions télégraphiques. Pour prouver que son existence mécanique était en lui-même, le petit Diavolo abandonnait la corde avec ses mains, se pendait par les pieds et quittait bientôt entièrement le trapèze. Robert-Houdin fit paraître cet automate pour la première fois sur son théâtre le 1er octobre 1849. Par conséquent, il est aujourd’hui, âgé de 55 ans et malgré son demi-siècle se porte comme un charme et fait encore l’admiration et la joie des grands et des petits qui vont lui rendre visite.
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