Après ta longue aventure à la Maison de la Magie Robert-Houdin, c’est un nouveau challenge pour toi, une sorte de renaissance… Pourquoi souhaitais-tu rester dans le domaine « magique » et comment as-tu eu l’idée de ce nouveau projet artistique ?
L’univers magique fait partie intégrante de ma personnalité et les vingt ans d’aventures créatives à la Maison de la Magie Robert-Houdin me l’ont confirmé au fil du temps. Subir dans le même temps une coupure brutale et une grande injustice ne me laissait que deux alternatives : tourner définitivement la page de cette partie de ma vie ou continuer d’approfondir mes connaissances dans ce domaine. J’ai choisi de poursuivre ce chemin magique, malgré les aléas et les incertitudes. Mais, pour reprendre les paroles de l’inspirante Simone Veil, je préfère « vivre dans l’inconfort plutôt que dans le mensonge ». Tout au long de ces derniers mois, il me fallait reprendre confiance en moi et le seul fait de me reconstruire une identité magique personnelle m’y a beaucoup aidé.
Peux-tu nous parler du beau logo conçu par ton complice le Dr. Pêche ? Que voulais-tu exprimer à travers cette nouvelle identité visuelle et cette magicienne mythologique ?
La déesse grecque Circé, à travers Les Magies de CirCé, symbolise pour moi la magie dans sa plénitude et sa pluralité. Le choix d’une figure puissante de la mythologie féminine me semblait mieux correspondre à l’idée de métamorphoses permanentes inhérentes à la magie. Dans l’Odyssée d’Homère, Circé est bannie de l’Olympe et s’exile sur l’île d’Ééa, où elle découvre, petit à petit, ses pouvoirs sur les mortels, la faune et la flore. La féminité associée à la magie et à la nature, inscrite dans le cercle de la vie, ont guidé ma réflexion pour aboutir à la création du talentueux Dr. Pêche. Par ailleurs, l’ambivalence entre l’image de la sorcière et celle de la magicienne, qui a traversé l’histoire des femmes, est un thème identitaire brûlant d’actualité. Il restait à choisir la tonalité du logo. Le violet est une couleur apaisante et énigmatique, qui évoque, dans sa force positive, la spiritualité, le rêve et le surnaturel.
Quelles sont les prestations que tu proposes et à quel public elles s’adressent ?
Les prestations des Magies de CirCé se placent au croisement des arts, des sciences et des techniques, tel un centre de rayonnement et de diffusion des connaissances magiques. Elles s’adressent au plus large public, profane mais curieux de découvrir cet univers. Raconter ou conter la longue histoire de la magie, à travers ses personnages hauts en couleur, ses anecdotes surprenantes et ses découvertes innovantes constitue le socle de cette activité principale. Pour le moment, onze conférences variées sont présentées, vivantes et illustrées, deux expositions itinérantes et des visites guidées en déambulation, dans le « Paris magique ». Les Magies de CirCé peut également concevoir des animations sur-mesure autour de ses thèmes de prédilection et s’associer à divers artistes pour des événements plus conséquents. Les rencontres et les projets futurs viendront enrichir et affiner le contenu de ces propositions.
Quelles sont les personnes qui travaillent avec toi dans la mise en place des conférences, des expositions, des animations et des événements magiques ?
Les Magies de CirCé est officiellement né le 1er novembre 2022, une toute jeune structure qui va s’appuyer sur le réseau culturel, magique et amical développé depuis une vingtaine d’années. À la base, cela représente bien-sûr beaucoup de travail personnel, de préparation et d’écriture, croisé avec les recherches des personnalités intéressées par l’histoire de l’art magique et de ses collections. Dans cette renaissance, au-delà du soutien important de ma famille et de mes amis proches, je remercie particulièrement Georges Proust, directeur du Musée de la Magie à Paris, et Fãnch Guillemin, grand défricheur des traditions magiques sur les différents continents, pour leur sollicitude, leur droiture et leur sens de l’amitié. Les collaborations diverses vont se dessiner petit à petit, dans un climat de confiance et de partage, préalable indispensable à tout projet épanouissant.
Comment vois-tu la suite de ton projet ? Souhaites-tu le faire évoluer ? As-tu de nouvelles idées que tu voudrais mettre en place ?
Les sujets de la place des femmes dans l’histoire de la magie et du lien « naturel » des femmes avec la magie, me tiennent particulièrement à cœur. Ils guideront une partie de mes créations dans les mois qui viennent. J’aimerais continuer à faire dialoguer la magie avec toutes les autres disciplines artistiques car je pense que c’est la voie la plus propice pour d’heureuses découvertes et expérimentations. Par ailleurs, les processus d’innovation et de créativité dans le domaine de la magie font toujours partie de mes centres d’intérêt. Dans notre société hyperconnectée aux immenses possibilités technologiques, mais soumise à des contraintes climatiques, épidémiques et énergétiques inédites, il sera très intéressant d’étudier de quelle manière l’art magique peut se repositionner et continuer d’apporter un regard tout à la fois alerte et enchanteur sur le monde.
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Interview réalisée en décembre 2022. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Céline Noulin / S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.
