Auteur : Jacques Delord
Éditeur : Magicus magazine
Date de parution : Septembre 2024
Nombre de pages : 158
Nombre d’exemplaires : 300
Format : 21,5 cm x 30 cm
Autres caractéristiques : Couverture rigide cartonnée, broché
Présentation de l’éditeur
Rassembler dans un livre Les Chroniques de Jacques Delord publiées dans Magicus magazine (1987-2006) était un désir, devenu une nécessité tant il nous semble qu’il dit des choses aussi essentielles qu’intemporelles. Les magiciens, pressés par la performance, indifférents à l’émotion d’un public trop souvent agressé, oublient que c’est l’amour et l’aura quasi mystique qu’ils dégagent que le public attend avec un besoin légitime de merveilleux, trop négligé par notre société rationnelle formatée dès l’école par les seuls savoirs et connaissances, au détriment de l’intuition et de l’émotion. Permettez-nous de rêver un peu et de nous interroger plutôt que d’affirmer péremptoirement ce que nous imposent les sachants et les dominants.
Jacques Delord insiste sur le visible et l’invisible, le réel et l’irréel, le vrai et le faux, la raison et la croyance en empruntant des chemins mystiques – mais pas obscurs – où la « vraie » Magie n’est pas reniée mais soupçonnée d’une présence aussi poétique que rassurante. Ne partez pas ! Notre Éternel Magicien parvient, par la poésie du geste et du langage, à nous faire traverser le miroir opaque de nos certitudes, confrontés à l’essence même de l’art magique. Il croit aux liens réels ou spirituels entre les humains, la nature, les animaux, les plantes et les pierres mais n’affirme jamais rien même s’il réclame des prestidigitateurs – ou exige – une écoute subtile de tous les instants, animée par tous les sens corporels et spirituels. C’est pour lui le seul chemin digne de l’acteur magicien.
Il livre dans ces pages le douloureux accouchement de sa trilogie (Sois le Magicien, Sois L’Enchanteur, L’Éternel Magicien), dans les années 70, pour obtenir une forme originale et une mise en page inédite ; il évoque aussi les tournages télévisés des Ateliers du Magicien où il a délicatement imposé une pédagogie qu’aucune télévision exhibitionniste actuelle n’accepterait. Il raconte sur de nombreuses pages savoureuses et avec pudeur ses voyages en Asie et en Afrique principalement, en nous faisant partager ses aventures, affrontant des scènes improbables et des publics différents qu’il faut savoir prendre par la main pour les conduire dans le monde enchanté d’un art ancestral qui relève du masque du théâtre sous des couverts enfouis de pratiques spirites originelles. Jacques Delord rappelle toujours au lecteur qu’il faut faire remonter l’art magique (retomber en enfance ? Non : remonter en enfance !) à la source des origines qui sont le fondement incontournable de la prestidigitation d’aujourd’hui.
Préface de Didier Puech
La trilogie de Jacques Delord (Sois le Magicien, Sois l’Enchanteur, L’Éternel Magicien) m’avait donné un premier frisson juvénile littéraire, ravivé par l’émission Les Ateliers du Magicien (FR3) ; mon enthousiasme me fera imaginer, présomptueusement, une imminente carrière de prestidigitateur, du haut de mes treize ans… Je n’en serai qu’un modeste amateur jusqu’à mes vingt ans, peu après avoir fondé Magicus Journal en 1979. Nos échanges de courriers ne cesseront jamais, ils passeront de « Cher Monsieur » à « Mon cher Didier ». Il avait toujours la délicatesse de répondre à mes lettres avec une belle plume à l’encre bleue, m’adressant toujours des encouragements mais sans me cacher la réalité des choses sur mes ambitions de magicien : « Pousses au plus tes études ! ». J’envisageais déjà de « monter à Paris » pour intégrer l’École de Magie à L’Olympia, initiée par Carla et Jean-Claude Haslé. Il ne m’en dira que du bien.
Je ne le rencontrerai, physiquement, qu’en 1989. Je suis assez fier d’avoir eu l’audace de l’engager en conférence à notre Festival toulousain, contre l’avis d’un de mes proches collaborateurs : « Avec Delord on va se planter royalement ! ». Bien au contraire : ce sera un grand moment. Delord me dira plus tard : « Finalement, Didier, vous m’avez un peu remis le pied à l’étrier en France ». Je n’apprendrais que bien plus tard qu’il rentrait d’Afrique et n’était pas au mieux de sa forme, sans doute perturbé par le passage d’une civilisation à l’autre. Pourtant, à Toulouse, il était d’humeur égale : puis j’étais tellement impressionné de le voir « en vrai »…
Peu après, Hugues Protat et François Normag, l’engageront dans leur Festival en Normandie et ils se lieront d’amitié avec, en plus, cette dimension supplémentaire qui est leur amour commun du théâtre. Hugues, dans ses formations pédagogiques, sera et reste toujours l’un des meilleurs portes-parole de l’univers delorien.
Revenons à son implication dans Magicus Journal. Je le sollicitais fin 1986 pour signer une rubrique, après avoir longtemps hésité car il m’impressionnait (il m’a d’ailleurs toujours impressionné et, malgré ses demandes régulières, je ne suis jamais parvenu à le tutoyer). Sa réponse, souriante, sera spontanée : « Je vais y réfléchir (il aimait bien se faire prier…) mais, je vous préviens : je vais écrire des choses qui risquent de choquer ! ». Bienvenue au club Magicus Journal ! Il aura carte blanche et signera un premier papier en 1987 puis régulièrement de 1990 à 2006, pas moins de soixante-dix chroniques rassemblées dans ce livre.
Je recevais ses articles et redoutais, chaque fois un peu plus, son appel téléphonique, le jour même ou le lendemain… Il m’était difficile d’être à la hauteur de ma « fonction de directeur de la publication » (!) qui doit donner son avis à un tel artiste. Je ne pouvais m’y soustraire.
Peu à peu, notre amitié étant renforcée, je me permettais de lui suggérer de changer de titre ou de développer tel ou tel passage. Il marquera chaque fois un silence au téléphone – l’ai-je vexé ? – puis il acceptera mes propositions, somme toute de petites retouches ne changeant rien sur le fond. Les dernières années je constatais qu’il ne mettait plus du tout de titre. Vexé que je lui en propose d’autres ?
« Vous n’avez pas mis de titre ? ».
« Didier, vous êtes très fort pour cela, et je vous en confie la charge… »
Comme l’a souvent souligné l’ami Protat, les textes de Jacques Delord auraient pu être écrits hier, tellement ils collent à l’actualité, à ce monde agité. Visionnaire ? Il était un peu « sorcier » – qualificatif qui ne l’aurait pas dérangé, au contraire – et voyait la « vie » dans toutes choses, même les objets. Lors d’un déjeuner au Due Torri, place de la Nation à Paris, il désignait un verre et me disait : « Vous voyez, Didier, pour moi ce verre est vivant ! ». Et là, je décrochais un peu, intellectuellement, de cette perception mystique. Et me retenais de rire. Il le verra et me dira : « Ne riez pas, il y a de la vie dans tout objet… »
Dans ce même ordre d’idée, il était convaincu que, à force de pratiquer des gestes, comme par exemple les manipulations de boules, la main n’avait plus besoin d’être « commandée » par le cerveau et que, dès lors, la « vraie Magie » opérait. Il va encore me falloir un bon siècle pour m’en persuader…
Delord était ailleurs. Le poète, comédien-magicien, était parfois perçu avec une désagréable condescendance par le monde magique. Aujourd’hui, les addicts convulsifs, en rien artistes mais techniciens, ne donneraient pas un gimmick pour lire trois lignes de celui qu’ils qualifient de « ringard ». Finalement, s’il était ailleurs et à la lecture de tout ce qu’il a écrit dans sa trilogie et dans les présentes Chroniques, on peut lui accorder d’avoir bel et bien été… en avance.
Que trouve-t-on dans le livre ?
Nous retrouvons dans cet ouvrage les 70 chroniques de Jacques Delord publiées dans Magicus magazine de 1987 à 2006, précédemment regroupées sous forme de photocopies, en noir et blanc, reliées et éditées en 2010. L’actuelle publication vient rendre hommage aux écrits intemporels de « l’éternel magicien » dans une nouvelle mise en page agrémentée d’une cinquantaine de photos, pour la plupart inédites.
Pour qui est fait ce livre ?
Pour les personnes qui souhaitent savoir ce qui se cache derrière la « véritable magie ». Pour comprendre comment le merveilleux se produit et passer de l’autre côté du miroir des apparences.
Sommaire
- Préface de Didier Puech
- La nostalgie du merveilleux
- Que dire de la magie des années 80 ?
- J’aime l’Afrique
- Je ne suis pas Magicien Jasmin
- Entretien avec Variété
- Le langage de la main
- C’est toujours à la magie qu’il faut en revenir
- La petite valise
- Le temps est suspendu à ton geste
- Éclaircissement
- Jean Delaude nous entraîne au-delà de nous-même
- L’illusionnisme est un art d’interprétation et de création
- Rien n’est plus difficile que d’être Magicien
- L’animal n’est pas une bête de scène
- La magie du bonheur
- Manuscrit dactylographié de La Magie du bonheur
- Rien que le silence
- Le magicien de grand chemin (Kassagi)
- On ne badine pas avec la Magie
- La télévision, à sa naissance, collait si bien à la vie
- Le creuset alchimique de la tourmente
- Le guili-guili Blanc
- Magie, à vos ordres
- Le Paradis de mes Désirs
- À la belle étoile
- Cercles et cordes
- Cherchez l’illusion au théâtre ou dans le monde
- 13 rue Olier
- Une main de magicien
- Le goût de la magie
- L’ombrelle du Négus
- Enthousiasme, transport divin
- Propos sous le choc
- Aphorismes
- Peu de choses
- Pas commode tout cela
- Les clones
- En attendant le XXIème siècle
- Vertige
- Les petits bonshommes de Paul
- L’enfance, l’âge d’avant toute perversion
- La Magie a-t-elle un avenir ?
- Sans tambours ni trompettes
- Paris-Strasbourg
- Rouler dans les étoiles
- Pour une nouvelle résistance
- De l’art du malentendu
- Il était une fois FR3
- Le rare
- Au risque de mourir idiot Métier d’artiste
- La Formule
- Le temple qui respire
- Un guérisseur à Brazzaville
- Subversif mais fier de l’être
- Un magicien réalisé
- La Belle au bois dormant
Pour commander le livre : https://www.magicus.org/les-chroniques-de-delord/
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