Création et interprétation : Étienne Saglio. Dramaturgie et regard extérieur : Valentine Losseau. Regard extérieur : Raphaël Navarro. Scénographie : Benjamin Gabrié. Musique : Madeleine Cazenave. Création et régie lumière : Alexandre Dujardin. Création : septembre 2019.
Auteur associé au Théâtre du Rond-Point à Paris, jongleur et magicien, Étienne Saglio a été formé par Raphaël Navarro. C’est, comme il dit, « un spectacle en forme de conte » d’abord dans une grande salle au carrelage noir assez bizarre. Le magicien balaye quelques feuilles mortes qui renaissent sans arrêt, toujours plus nombreuses. Une grande plante verte sort de son pot, et au fond, une porte étroite comme dans les contes de fées où on aperçoit la silhouette d’un géant très inquiétant.
Etienne Saglio attrape un gros rat qu’il remet dans la coulisse mais le même rat se retrouve aussitôt sur une étagère et il le croquera en recrachant la longue queue du dit rat…. La scénographie de Benjamin Gabrié relève de l’excellence et, en quelques secondes, nous allons passer de cet inquiétant espace clos tout en perspective, à une forêt envoûtante avec tapis de feuilles mortes et une vingtaine de gros arbres majestueux… Il y a successivement un adulte et un enfant pareillement habillés d’un pantalon rouge, des chants d’oiseaux plus vrais que nature, un loup qui vient rôder auprès d’un corps tombé des cintres, et au fond, une forêt avec un beau cerf qui se tourne vers nous. C’est à la fois absolument invraisemblable et d’un réalisme absolu dans un cocktail espace-temps très réussi. Il y a une véritable merveille : un renard qui marche sur deux pattes et se balade au début en bord de scène avec un écriteau où est inscrit le logo : « Interdiction de portable »… Tout cela sur les mélodies au piano de Madeleine Cazenave. Renard espiègle et sautillant que l’on retrouvera plusieurs fois tout au long du spectacle comme cette plante à silhouette humaine qui enserre de ses bars l’homme seul en scène.
Utopie ou réalité ? On ne sait jamais trop et le spectacle a toute la saveur inimitable de l’imaginaire d’un beau livre pour enfants, de ceux qui favorisent les rêves. Et il y a vers la fin, des coups de tonnerre là-aussi hyperréalistes. L’enfant et le loup mais aussi le cerf et cet incroyable renard qui cabotine un peu… Nous ne vous dévoilerons pas les mécanismes de magie grâce auxquels Etienne Saglio parvient à donner une dimension aussi onirique à ce spectacle d’une heure vingt qui dure le temps d’un rêve éveillé de quelques minutes. Le tout est d’une exceptionnelle qualité artistique.
Bien entendu, pour que tout univers fonctionne et qu’Etienne Saglio arrive à créer cet imaginaire collectif avec des personnages mythiques proches du petite chaperon rouge, du Géant, des grands et petits animaux de la forêt, il y faut un grand et long travail en amont mais aussi le savoir-faire de toute une équipe en matière de magie : création informatique et technologies, téléguidage, conception d’un plateau spécial, prestidigitation et illusionnisme, direction des trois acteurs seulement, création lumière et son… Tout ici est très impressionnant et le public a salué debout cette performance exceptionnelle d’Etienne Saglio, Bastien Lambert, en alternance avec Murielle Martinelli, et Guillaume Delaunay, Émile, Boston. Ne ratez pas surtout ce spectacle qui est sans aucun doute le meilleur et le plus poétique de cette rentrée 2021.
– Source : Le Théâtre du Blog.
À voir :
– Étienne Saglio, l’illusion du réel. Documentaire de Chloé Gwinner sur la création du spectacle Le Bruit des Loups (Simone et Raymond Productions – Aligal Productions, 2020)
À lire :
– Le silence du monde.
– Les Limbes.
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