Comment êtes-vous entrée dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai commencé la magie à l’âge de 8 ans. J’étais à une fête d’anniversaire et il y avait un magicien. Il a réalisé un tour appelé Run Rabbit Run et ça m’a époustouflé. Ce n’est pas ce magicien qui m’a fait tomber amoureuse de la magie, ce n’est pas non plus son tour. C’est le moment où je me suis rendu compte de la réaction des autres enfants qui s’amusaient terriblement. Quand ma mère est venue me chercher après le spectacle, je lui ai dit que je voulais devenir magicienne pour que les gens ressentent la même chose.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Après avoir découvert la magie, j’en suis devenue obsédée. Ma mère me donnait de l’argent de poche à dépenser dans les boutiques de magie Davenports et Hamleys pour m’acheter des tours. Je passais des heures et des heures à m’entraîner avec mon jeu de cartes, j’aimais aussi la magie des pièces et des gobelets. Ma magie préférée était celle qui se pratique de très près, elle l’est encore aujourd’hui.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
J’ai quitté la maison et l’école quand j’avais 15 ans. Je n’avais pas d’argent et j’étais sans abri, la magie était la seule chose cohérente dans ma vie et à bien des égards, elle m’a sauvé. À l’âge de 18 ans, j’ai dû prendre la décision de concentrer toute mon attention sur cette discipline, ou je me serais trompée de voix et attirée des ennuis.
Laura London en 2003.
Laura London en 2005.
J’ai donc passé des auditions pour être membre du Magic Circle de Londres et j’ai été admise dans la semaine qui a suivi, ce qui a fait de moi la plus jeune magicienne à cette époque. Dans la foulé, j’ai rencontré des gens formidables qui m’ont énormément aidé au début comme Fay Presto, Ali Bongo, Richard McDougall et Patrick Page. Au cours de mes 20 années de professionnalisme, j’ai eu la chance de rencontrer certains de mes magiciens préférés et je suis très heureuse de rester en contact avec eux aujourd’hui. Un événement dont je suis très fier est d’avoir joué pour la Reine Elisabeth II et le Prince Charles à plusieurs reprises.
Laura London avec le Prince Charles et le magicien Etienne Pradier en 2013.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je suis une magicienne de close-up spécialisée dans les manipulations de cartes. Je joue principalement lors d’événements corporatifs et de soirées privées. J’ai également un spectacle solo intitulé Laura London: CHEAT, qui inclut des démonstrations de triche aux cartes. Il s’agit de l’histoire de Geraldine Hartmann, une tricheuse des années 1920. J’ai eu la chance de réaliser ce spectacle en France à plusieurs reprises, notamment lors du Magic Wip 2020 de Thierry Collet.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Je suis une grande fan de Ricky Jay et Bill Malone. J’adore les grands magiciens cartomanes mais je suis aussi énormément influencée par l’histoire de la magie. Je connais sur le bout des doigts l’histoire de Mercedes Talma, la première artiste féminine en manipulations de cartes. Houdini a même déclaré qu’elle était la plus grande du monde.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Mon style de magie préféré est le close-up et les techniques de triche.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Mes influences viennent de nombreux domaines, pas seulement de la magie, mais aussi de la musique. J’adore le jazz, le blues, le rock and roll, le classique ; j’adore les vieux trucs. J’aime aussi les films, en particulier les autobiographies. Je suis extrêmement inspirée par le monde, ses habitants et sa beauté.
Laura London lors de son passage à l’émission Fool Us de Penn & Teller en 2011.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Ne vous contentez pas de vous asseoir derrière un ordinateur pour regarder des tutoriels magiques et apprendre des tours. Lisez des livres et intéressez-vous à l’histoire de la magie. Vous y trouverez un monde de connaissances. Mais surtout, sortez et pratiquez. Pratiquez devant le maximum de monde. La magie est un cadeau que vous partagez avec votre public. Vous ne pouvez devenir bon que lorsque vous l’utilisez et la partagez avec d’autres. Vous retrouverez votre style une fois que vous commencerez à jouer en public. Il ne s’agit pas simplement de magie, mais de VOUS.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Le monde de la magie change constamment, et nous devons avancer avec lui si nous voulons évoluer. J’adore la magie, ancienne et actuelle. Nous devons cependant être prudents pour ne pas oublier pourquoi nous faisons ce métier. Cela ne devrait pas être pour la gloire ou l’argent, comme sur YouTube ou pour « emballer » des femmes (ou des hommes)… Avant tout autre chose la magie est amusante, alors profitez-en.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La magie est mon tout. C’est mon travail, mon hobby et mon premier amour. Quand je ne pratique pas, n’écris pas ou ne joue pas, je m’intéresse à la vidéo, au montage et à la photographie.
– Interview réalisée en juin 2020.
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Crédit photos : Laura London. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.