Ce célèbre tableau de Hamon avait subit de nombreuses détériorations dues au temps et il n’était plus présenté depuis des années. Le Musée des Beaux-arts de Nantes l’a fait restauré et il vient d’être présenté au Musée Ingres de Montauban dans l’exposition : LA LYRE D’IVOIRE, Henry-Pierre Picou et les Néo-Grecs du 21 février au 18 mai 2014.
L’œuvre
Fiche d’œuvre / Service des Publics Julie Capuano / Musée des Beaux-arts de Nantes (Octobre 2013). L’escamoteur, quart d’heure de Rabelais (1861) de Jean-Louis Hamon, (Plouha, 1821 – Saint Raphaël, 1874). Huile sur toile, 149 x 310 cm. Nantes, Musée des Beaux-arts.
Deux œuvres se distinguent dans l’ensemble de la production de Jean-Louis Hamon, La Comédie humaine, réalisée entre 1851 et 1852, conservée aujourd’hui au musée d’Orsay et son pendant, L’Escamoteur ou Le quart d’heure de Rabelais, peint dix ans plus tard et acheté la même année par le musée des Beaux-arts de Nantes au salon de Nantes. Si La comédie humaine est réalisée en pleine apogée du mouvement Néo-Grec, son pendant nantais correspond lui aux dernières heures du style qui a fini par lasser les critiques. Alors que d’autres membres du groupe se tournent vers une peinture différente, Hamon affirme sa constante fidélité au style Néo-Grec jusqu’à son départ en Italie en 1863.
Un format hors du commun
Ces deux peintures se remarquent tout d’abord par leur format très horizontal et leurs dimensions imposantes (149 x 310 cm).
Le tableau d’Orsay est la première œuvre ambitieuse que réalise Hamon. Le choix d’un format traditionnellement réservé au genre historique laisse à penser qu’il mesure ainsi son talent à celui de ses aînés et espère sans doute une acquisition de l’Etat. Hamon reprend plus tard ce même format pour le tableau de Nantes.
Un sujet anecdotique et moral
Concernant L’escamoteur et son sujet, les critiques du salon 1861 sont partagées : Théophile Gautier, pourtant premier défenseur du style néo-grec, lui reproche son manque de clarté mais loue « les détails amusants et curieux dans cette énigme qui nous impatiente et nous retient ». Dans L’escamoteur, les inspirations antiques, chères aux artistes néo-grecs, ne sont qu’un prétexte à la représentation d’un sujet anecdotique et léger. Il s’agit d’une réflexion morale, traitée de manière ironique, sur la sagesse et le divertissement. Un homme, vêtu d’une tunique rouge et coiffé d’un bonnet, interpelle l’assistance. Il est placé devant un attirail de potions et de poisons dont l’efficacité est attestée par les cadavres de rats suspendus autour d’une affiche très explicite.
L’escamoteur distrait une assemblée de femmes et d’enfants en faisant apparaître un scarabée noir sous un gobelet, pendant qu’une veille femme fait la quête en récoltant de l’argent dans son tambourin. Le titre du tableau prend ici tout son sens puisque « le quart d’heure de Rabelais » signifie « l’heure de payer la note ». Dans la moitié droite, un précepteur détourne les écoliers du spectacle du bonimenteur, des philosophes dissertent, index levé, et un astrologue scrute le ciel avec une longue-vue improvisée. Ce dernier personnage, à la barbe longue, n’est autre que Hamon lui-même.
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