Né de parents allemands à Cleveland dans l’Ohio, Charles Mattmueller prit le nom de Karl Germain à l’âge de dix-huit ans quand il fit sa première tournée avec les fameux circuits Lyceum. Il joua dans chaque ville ayant l’équipement nécessaire aux Etats-Unis et au Canada de 1898 à 1905 ; puis il fit la même chose en Grande-Bretagne et en Irlande de 1905 à 1907. Il passa également au Saint-George’s Hall, le Théâtre du mystère de Maskelyne et Devant à Londres. Il retourna aux Etats-Unis au Canada pour trois ans de tournées dans le circuit Chautauqua.
Germain était artiste jusqu’aux bouts des ongles. Ses accessoires et ses tenues étaient méticuleusement entretenus et ses affiches toujours d’une élégance extrême. Tôt dans sa carrière, il orthographia son nom « Germaine », puis abandonna le « e » final après une tournée en Angleterre.
L’éclosion de fleurs (1905).
Germain présentait son numéro de la fleur comme un authentique miracle hindou. Il expliquait à son public : « Le manguier n’étant pas très joli, je l’ai remplacé par une branche de rosier. » Le rosier grandissait peu à peu, ses branches se ramifiaient et des fleurs apparaissaient sous le regard médusé des spectateurs. Comme beaucoup de magiciens, Germain céda à l’engouement international pour le spiritisme et inclut une armoire aux esprits dans son spectacle (1910). Le but de son affiche promotionnelle de 2 mètres de haut était de convaincre le public que tout ce qui le séparait d’une rencontre avec l’au-delà était le prix d’un billet de théâtre.
Au faite de sa carrière, il abandonna tout pour se consacrer à l’étude des lois. Il monta les échelons de la Western Reserve Law School et fut admis au barreau de l’Ohio en 1914. Malheureusement en quelques années, une tumeur au cerveau lui fit perdre la vue malgré les opérations successives, et il passa quarante ans de sa vie aveugle. Alors il se consacra à l’étude de la philosophie et de la poésie, écrivant souvent des vers pour le plaisir de s’exprimer et non pour les publier.
Parfois il inventait un nouveau tour de magie et le donnait à un ami magicien qui jouait encore. Il dit une fois : « Le métier de magicien est le seul qui soit absolument honnête, le magicien promet de tromper son public et le fait. »
Cet article a été publié pour la première fois dans le MAGICUS magazine n°204 (mars-avril 2017). Crédits photos – Documents – Copyrights : Ken Klosterman collection / Christian Fechner / Collection S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.