Pouvez-vous nous parler de votre enfance et de votre première rencontre avec la magie ?
Je suis né le 20 février 1995, à Montpellier. Je suis l’ainé de six frères et sœurs. Mes parents ont divorcé lorsque j’étais très jeune. Ma mère et mon père ont chacun refait leur vie de leur côté. Je vivais chez ma mère et passait un week-end sur deux chez mon père. Cela ne m’a pas (je pense) traumatisé plus que ça. Ce rythme de vie était normal pour l’enfant que j’étais. Concernant ma première rencontre avec la magie, je pense que c’était lorsque j’étais enfant dans un centre commercial. J’accompagnais ma mère pour faire les courses, et il y avait ce jours-là une animation dans la galerie marchande : des magiciens un peu partout qui présentaient leurs numéros. Je me souviens que nous étions à la caisse, il y avait du monde, et juste en face, l’un des magiciens qui faisait du close-up. Je me suis approché de sa petite table, et il m’a alors présenté un tour de cartes. Je ne me souviens plus du tout de la routine (quelque chose avec des cartes qui deviennent blanches et qui se transforment), mais je me rappelle très bien l’émotion magique que j’ai ressenti à ce moment-là ! Je ne me suis cependant pas intéressé à la magie plus que ça. C’est bien plus tard que j’ai commencé à pratiquer. J’ai eu une mallette de magie à Noël et j’ai adoré ! Je me suis amusé avec un long moment avant de la laisser de côté ! Mon truc à l’époque, c’était la jonglerie. Je passais mon temps à jongler avec tout et n’importe quoi. Je n’avais pas de balles au départ, donc je jonglais avec des citrons ! Au bout de quelques semaines, les citrons avaient complètement moisi, mais je continuais de jongler avec ! Mon père, dépité, m’a alors offert mes premières vraies balles de jongleries, ainsi que des massues. Je m’entrainais énormément, j’étais passionné ! A onze ans, j’arrivais à jongler avec cinq balles sans soucis ! Mais à douze ans, j’avais beaucoup de problème de dos (le duo scoliose/cyphose). Rien de grave, mais le médecin m’a bien fait comprendre que la jonglerie n’aidait pas, et qu’elle m’était fortement déconseillée. Mince ! Que faire de mes dix doigts maintenant ? Moi qui passais tout mon temps libre à jongler ! J’ai alors ressorti ma boite de magie. Je pense que l’agilité acquise via la jonglerie m’a beaucoup aidé. C’est là que je suis véritablement tombé amoureux de la magie.
Parlez-nous de votre carrière professionnelle et magique ?
J’ai suivi un parcours scolaire plutôt simple. Après le collège j’ai fait un bac pro vente, et mis fin à mes études lors de mon année de première. L’école n’était pas faite pour moi, et je n’étais pas fait pour elle. J’ai ensuite suivi une formation d’animateur en village de vacances, à la suite de quoi j’ai eu la chance de partir travailler à l’étranger en tant qu’animateur polyvalent dans des hôtels club. Très vite, j’ai réalisé que je ne voulais faire QUE de la magie. Je suis donc rentré en France à dix-neuf ans pour me lancer à mon compte en tant que magicien.
Quelles est votre vision de l’art magique ?
La magie est, avant tout, un moyen d’expression, un support. Je l’utilise pour raconter des histoires et partager des émotions. Je suis passionné par le close-up, particulièrement en situation de spectacle. Je considère la magie comme un art, et je fais tout mon possible pour essayer de lui apporter autant que ce qu’elle me donne ! J’aime quand la magie vient soi-disant des objets et non du magicien. Je passe énormément de temps sur les vides greniers et les brocantes, à la recherche de la prochaine curiosité que je pourrais faire vivre sous les yeux de mes spectateurs.
Comment est né le Magienarium ? Quelles difficultés avez-vous rencontré ? Quelle a été l’accueil du public ?
Le Magienarium est tout d’abord né du besoin de jouer mes spectacles en public. Je pratique principalement des spectacles de magie de proximité, et c’est un format compliqué à vendre. En effet, ces spectacles sont trop petits pour être joué dans des théâtres « normaux », ou bien avec un écran géant pour retranscrire en direct ce qu’il se passe sur le tapis. Mais cela va à l’encontre de ma vision du close-up, qui est une magie intimiste et faite pour être vécue de très près. La seule solution pour faire ce que j’aime, a donc été de créer mon propre théâtre. Une salle de spectacle miniature, limitée à treize places, et spécialement adaptée à la magie de proximité. Au Magienarium, tous les spectateurs sont au premier rang, au plus près des artistes. Ils peuvent échanger avec eux à la fin d’un spectacle, discuter, faire des rencontres et partager leurs expériences magiques autour d’un verre. C’est un lieu intimiste et convivial, presque familiale. Les difficultés ont d’abord été de trouver l’endroit, puis évidemment toute la gestion administrative. Ce n’est pas simple de créer une salle de spectacle, même si ce n’est que pour treize spectateurs. Heureusement, ma femme et moi nous sommes battus pour y arriver ! C’est comme ça la vie de toute manière, il faut se battre pour pouvoir faire ce que l’on aime. Le Magienarium n’est pas encore officiellement ouvert. En effet, ma femme et moi venons d’avoir un bébé, une jolie petite fille, ce qui a forcément bien ralentit notre projet professionnel. Sans parler évidemment du Covid qui nous as mis de grands bâtons dans les roues. Mais aujourd’hui la salle est prête, et nous avons déjà ouvert les portes officieusement pour quelques soirées tests. Nous devrions lancer tout cela sérieusement début 2023 ! Nos premiers spectateurs ont été ravis et ont très bien accueillis les spectacles ! La plupart ne connaissaient pas bien la magie de proximité, encore moins en situation de spectacle. Tous ont été particulièrement surpris d’être si proche de l’artiste, de devenirs eux-mêmes acteurs du spectacle. La plupart attendent déjà avec impatience l’ouverture pour revenir avec des amis. C’est ça la force du Magienarium, la convivialité et le partage. Vivre un spectacle et non simplement le regarder. C’est très motivant pour nous !
Comment s’est passé votre premier projet d’édition Spectacle en couleurs ? Pourquoi avoir choisi Le Cabinet d’Illusions pour être édité ?
Tout s’est très bien passé ! Je suis ravi d’avoir pu concrétiser ce projet. Lorsque j’ai commencé à écrire, c’était à la base un simple exercice personnel. Un moyen de conscientiser ma façon de créer mes spectacles, une introspection sur mon travail. Jamais je n’aurais cru que cela deviendrait un livre, et encore moins que ça intéresserait mes confrères ! J’ai choisi Le Cabinet d’Illusions pour deux raisons. Premièrement pour ses valeurs. J’aime le côté artisanal, le soutien au jeune créateur. Je ne sais pas pourquoi, mais chez Le Cabinet d’Illusions il y a quelque chose de « local ». Comme si c’était une petite librairie cachée dans un coin de rue, chez qui on pourrais venir échanger et partager ses créations magiques. C’est ce qui m’a plu et poussé à les contacter. La seconde est l’un des bouquins qu’ils ont déjà publiés : Le magicien boiteux. J’ai adoré ce livre, très inspirant et tellement différents de ce que l’on voit d’habitude ! C’est un ouvrage qui m’a beaucoup touché, et je voulais être édité par ceux qui l’ont publié !
Quels magiciens vous inspirent le plus ?
Je pense évidemment à Dominique Duvivier. Je n’ai jamais eu la chance de le rencontrer ni d’assister à l’un de ces spectacles au Double Fond, mais c’est lui qui m’a transmis sans le savoir la passion pour le close-up en situation de spectacle ! Il y a aussi Christian Chelman. J’aime beaucoup sa magie, ses objets et ses histoires. Il y a pleins d’autres artistes qui m’inspirent énormément. David Parr, Arthur Trace, Yann Frisch, Mario Lopez, Étienne Saglio, David Roth, Carisa Hendrix et tant d’autres ! Je suis fasciné par la construction des routines et leurs mises en scène. Je m’inspire donc beaucoup du travail de mes confères, mais aussi et surtout énormément des autres disciplines artistiques : le théâtre, le cinéma, la jonglerie bien sûr, la peinture, la littérature…
Vous investissez-vous dans d’autres projets ou associations liés à l’art magique ?
Je suis membre du club de magie Close-up monthly, à la Haye Fouassière dans le 44.
Quels sont vos projets à venir ?
Il y en a beaucoup. Je travaille en permanence sur des nouveaux spectacles et la création de nouvelles routines ! Il y aura dans un premier temps l’ouverture du Magienarium. Je souhaiterais aussi publier quelques-unes de mes routines, et je suis également en cours d’écriture de mon prochain bouquin.
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Interview réalisée en novembre 2022. Copyright : Jonathan Renoux. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayant droits, et dans ce cas seraient retirés.