L’un des plus ingénieux et incontestablement des plus spirituels représentants de l’art magique au XIXe siècle fut Johann Hofzinser, né le 19 juillet 1806, à Vienne, où il mourut le 11 mars 1875. Nous possédons peu de renseignements sur sa jeunesse. Nous savons seulement qu’il fut, tout enfant, un prodige musical et qu’après avoir fait de brillantes études à l’Université de Vienne, il obtint le grade de docteur en philosophie. Il fut ensuite attaché comme officier en chef au Ministère des Finances d’Autriche. A quel moment le docteur Hofzinser fut-il pris d’intérêt pour la Magie ? C’est ce qu’il est assez difficile d’établir exactement. Dans ses lettres, nous apprenons cependant qu’il s’en était déjà occupé en 1828 et que beaucoup des idées qu’il mit plus tard a exécution prirent naissance à cette époque. Il subit aussi sans nul doute l’influence du magicien Ludwig Dobler qui se trouvait alors à l’apogée de sa gloire. Plus tard il fut lié d’amitié avec le célèbre prestidigitateur Compars Herrmann.
Pendant plus de quarante ans, Hofzinser fut le favori de la haute société viennoise, mais le comble de sa réputation fut atteint lorsqu’il fonda son « Salon Hofzinser », où il donnait trois fois par semaine des soirées magiques sous le titre : Une heure de déception (tromperie). Au début de sa carrière de prestidigitateur, Hofzinser trouva la magie dans un état assez primitif et de suite il commença à perfectionner les expériences existantes. Plus tard, il inventa lui-même des tours nouveaux. Ce qu’il a créé est unique dans l’histoire de l’art magique qui lui doit une grande part de ses plus belles expériences. Nous ne mentionnerons que les tours suivants, qui sont tous des inventions originales du docteur Hofzinser : le Miroir à la rosé, le Coffre aux balles, le Bocal à l’encre, la Lanterne de Diogène, les Bâtons flottant dans l’espace, le Cadre aux cartes, le Bocal aux fleurs, la Quille au verre bleu, le Rosier à la carte, l’Aiguille au contre-poids, etc., enfin près de cinquante tours, tous basés sur des principes nouveaux et inconnus avant lui.
Il excella surtout dans les tours de cartes : ici se développaient tous ses talents ; et tout son esprit créateur s’appliqua à cette catégorie d’expériences. Il en inventa plus de soixante, toutes différentes et d’une incomparable valeur, aussi bien comme combinaisons que comme effets. Malheureusement, peu de ces expériences passèrent à la postérité ! Hofzinzer fut très jaloux de son art et de ses inventions et fort peu de ses amis furent initiés à quelques uns de ses secrets. Nous avons eu par ceux-ci, la connaissance de plusieurs grandes créations d’Hofzinser mais rien lui ayant personnellement appartenu n’est demeuré, puisque dans son testament il demanda que tous ses appareils et manuscrits concernant l’art magique fussent anéantis. Sa veuve remplit ce dernier désir et c’est pourquoi nous ne possédons rien de ses plus grandioses créations. Malgré sa position sociale et ses succès artistiques, Hofzinser ne fut pas, sur ses derniers jours, exempt de soucis, et nous le voyons sur la fin de sa vie exposé aux privations de la misère. La mort charitable vint heureusement mettre fin à sa triste existence : sa dépouille repose maintenant au cimetière central de Vienne. Un tombeau modeste désigne seul la place où un grand maître de son art est enterré.
Texte de O.Fischer (M.M.C.). Crédits photos – Documents – Copyrights : Collection S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.