Johan Decaix (né en 1984) vit et travaille à Paris. Diplômé en arts et en cinéma, il travaille sur les fines frontières entre le réel et l’imaginaire. Artiste pluridisciplinaire, son travail se développe en vidéo, en installation, en action ou encore en sculpture. En 2014, lors du 75ème salon Jeune Création, il est lauréat du Prix Résidence Palais des Paris / Japon et part l’année suivante à Takasaki pour une résidence de 3 mois. Il décide, là-bas, d’effectuer un voyage vers la Lune. En 2017, il réitère ses aventures spatiales et décide de s’envoler en ballon stratosphérique pour prendre en photo la courbure de la terre avec l’appareil de son grand-père. Cette aventure fut présentée à l’occasion de la Nuit Blanche 2017 au CNES et fait partie de la collection de l’Observatoire de L’Espace/CNES. Actuellement, il travaille sur le monde merveilleux de la magie et de ses magiciens.
SMOKE and MIRRORS par Alice Santiago
Le travail de Johan Decaix se nourrit de ses rêves d’enfants, riches de mythologies, fictions et autres aventures personnelles, qu’il transfère dans la réalité pour jouer avec notre perception et nos croyances d’adultes. Passionné de magie, il rêvait de surprendre et d’émerveiller le public. C’est l’aspect inexplicable de la magie qui lui plait : elle trouble la réalité et désoriente le spectateur. Pourtant, il n’est pas devenu magicien. Lors d’une représentation en public, la sortie inopinée d’un lapin pendant un tour, constitue pour lui un véritable échec qui met immédiatement fin à sa très courte carrière. Cet événement marque le début d’une toute nouvelle relation entre l’artiste en devenir et la magie.
Davino. Installation-sculpture 58 x 98, détail de l’oeuvre Bois, papier, verre, bougie, système d’éclairage (2018).
Vingt ans plus tard, Johan Decaix porte sur cet univers un regard plus distant, un brin ironique, bien que toujours très admiratif. Smoke and mirrors évoque son traumatisme de jeunesse en le contournant mais surtout en jouant avec. Ainsi, pour sa première exposition personnelle, l’artiste use de multiples subterfuges pour dresser un portrait du magicien qu’il n’est pas devenu. Il questionne l’essence de la magie et sa résonance dans le monde d’aujourd’hui en provoquant des rencontres avec des magiciens aux pratiques diverses. Une approche documentaire qui lui permet de construire son récit et de s’affirmer en tant qu’artiste.
(Sans titre) Moulages. Série de moulages de mains de magiciens en plâtre. vue du travail en cours (2017-2018).
Il nous plonge dans le monde merveilleux de son enfance à travers une mise en scène qui s’articule autour des six catégories d’effets de magie : lévitation, apparition, disparition, transformation, invulnérabilité, mentalisme ; nous proposant sa propre réinterprétation de cette discipline. Sur la dizaine de pièces présentées, chacune évoque une pratique de magie : fakirisme, ventriloquie, hypnose ou encore grande illusion, et intègre des fragments de vie ou de choses réelles, l’ensemble créant alors un véritable scénario, une auto-fiction. Johan Decaix s’empare du langage magique, questionne la place du merveilleux dans nos sociétés contemporaines, et, tel un enfant, compose son propre langage.
« SMOKE AND MIRRORS, c’est une expression qui signifie beaucoup de choses. D’abord la fumée et les miroirs, ce sont les artifices des magiciens, une espèce de trucage. J’aime bien cette idée-là. Mes pièces parlent également de la réalité fictionnée. J’appelle ça la réalité-fiction. Je me base toujours sur une légende ou bien sur un imaginaire collectif. J’utilise soit la réalité pour raconter une fiction, soit la fiction pour raconter une réalité. Donc, cette expression SMOKE AND MIRRORS correspond totalement à mon travail. » Johan Decaix
A visiter :
– Le site de Johan Decaix.
L’ exposition Smoke and Mirrors de Johan Decaix s’est tenue du 8 au 31 mars 2018 à la Progress gallery (Paris, 11ème). Crédits photos – Copyrights avec l’aimable autorisation de l’artiste : Johan Decaix. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayant droits, et dans ce cas seraient retirés.