Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Je pratique la magie depuis l’âge de 4 ans, après avoir vu une émission spéciale de Siegfried and Roy. En les voyant, je savais que je devais absolument devenir magicienne ! J’ai commencé à « diriger » mon entreprise à l’âge de 6 ans, après avoir été embauchée dans un parc local.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
À 4 ans, j’ai reçu une boîte de magie pour Noël et après avoir appris les trucs qu’elle contenait, mes parents et moi avons déniché tous les livres de magie que notre bibliothèque municipale possédait. Ma mère me lisait les livres et mon père m’aidait à fabriquer les accessoires.
Photo : Saverio Truglia.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Mes parents sont les personnes les plus formidables et les plus solidaires au monde et je ne cesse de m’émerveiller de leur passion et de leur enthousiasme envers mon travail ! Ils sont tous deux entrepreneurs et ils m’ont offert beaucoup d’aide et de soutien, mais ne m’ont pas aidé financièrement. Par contre, ils m’ont guidé dans la manière d’être financièrement responsable et pour créer une entreprise.
Après avoir été embauchée pour mon premier spectacle (pour lequel j’ai été payée 10 $), je ne pouvais pas être plus excitée ! Il y avait un livre de magie que je voulais absolument et qui coutait 30 $, alors mes parents m’ont dit qu’après avoir fait deux autres spectacles, qui allaient me rapporter au total 30 $, ils seraient heureux de me conduire au magasin, acheter ce livre et m’aider à le lire et travailler les tours. Ce fut le début de mon éducation sur la façon de gérer une entreprise en faisant de la magie ! (aucun de mes parents n’est dans le domaine magique, ma mère est graphiste indépendante et mon père est gérant d’un centre sportif de fitness).
A l’âge de 5 ans, nous avons senti que nous manquions de ressources pour l’apprentissage de la magie (Internet n’existait pas encore !). Ma mère a lu un article de journal sur un magicien local où il mentionnait qu’il donnait des cours. Il s’est avéré qu’il était le grand-neveu de Howard Thurston !
Ce magicien, Ralph Beck, est devenu mon professeur de magie quand j’avais 5 ans (il avait 80 ans). J’ai travaillé avec lui jusqu’à son décès, vers l’âge de 12 ans. Il avait été très diligent pour me conseiller d’autres mentors qui pourraient m’aider après son décès, dont beaucoup sont restés en contact avec moi aujourd’hui.
J’ai eu beaucoup de chance d’avoir reçu des conseils de maîtres absolument incroyables, notamment : Eugene Burger, Simon Aronson, George Parker et beaucoup d’autres !
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je gagne ma vie en travaillant pour des événements d’entreprise et sociaux, soit en faisant de la magie de cocktail, soit en condition de salon pour des soirées spéciales. Les performances publiques que je réalise ont toutes lieu dans le monde de l’art et des institutions culturelles.
Photo : Michael Sullivan.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Quand j’avais 4 ans, j’ai vu en vidéo le numéro de Topas avec les clochettes et les lunettes de soleil. J’étais complètement époustouflé par les manipulations qu’il faisait. J’avais l’impression que si quelqu’un avait vraiment des pouvoirs magiques et faisait apparaître et disparaitre des objets, cela ressemblerait vraiment à cela. Aucune confusion dans ce numéro mais juste une manière directe et simple de faire de la magie. Je pense que ces idées sont des choses qui ont vraiment pris racine en moi, et ce type de pensée a façonné la manière dont je travaille ma propre magie aujourd’hui.
Photo : David Linsell.
J’ai aussi un top 10 de mes magiciens préférés : Robert-Houdin, Teller, Topas, Tommy Wonder, Max Maven, Siegfried and Roy, Eugene Burger, Arthur Trace et Simon Aronson.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Mon style de magie est ancré dans la magie de salons du XIXe siècle. Je pense qu’il a une belle esthétique, à la fois visuellement, mais aussi psychologiquement.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je suis très influencée par la performance et le théâtre contemporain, ainsi que par la recherche scientifique. J’aime apprendre de ces choses et j’aime les intégrer à mes présentations.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
C’est une question difficile… même si je suis magicien depuis 24 ans et que je mange, dors et respire magie 24h/24, J’ai l’impression que je ne fais qu’effleurer l’apprentissage de la magie… Je devrais vivre environ 500 ans pour commencer à apprendre. Je pense que la magie exige une curiosité acharnée. Et heureusement, c’est une discipline qui cultive cela.
Je pense que le meilleur conseil que j’ai reçu m’a été partagé par Arthur Trace vers l’âge de 14 ans… Il m’a dit de ne pas écouter ce que les autres disaient de faire et de toujours suivre son instinct. Ecoutez vos propres conseils. J’ai ri et sarcastiquement répondu : « ça veut dire que je ne devrais pas t’écouter me donner ce conseil ? » et il a répondu : « non, c’était le seul conseil que tu dois écouter ! »
Photo : Nikki Hedrick.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je suis ravie de voir qu’il y a beaucoup d’enthousiasme et de soutien du public pour la magie. Je pense que plus les gens verront de la bonne magie, plus ils seront inspirés pour chercher d’autres bonnes performances magiques. Je pense que tous les magiciens doivent continuer à élever le niveau de notre art !
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Pour moi, la culture est d’une importance capitale et est essentielle dans mes créations. Notre société évolue rapidement, et bien que la plupart des numéros de magie que je réalise sont inspirés des années 1800 et du début des années 1900, j’essaie de les lier aux sciences et aux événements actuels pour les rendre plus accessibles au public moderne. De plus, les auditoires contemporains ont des capacités d’attention incroyablement courtes, alors j’essaie de produire un travail avec des durées variables et une stimulation qui, espérons-le, sera constante.
Illustration : Cornelia Li.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La magie consomme presque 100% de mon temps, mais si je ne joue pas, si je ne répète pas, si je ne travaille pas sur de nouveau matériel ou le côté commercial de mes performances ; vous me trouverez probablement dans des musées et des galeries d’art, ou en train de lire des publications scientifiques, ou avec des amis et ma famille, ou en train de manger des carottes.
– Interview réalisée en septembre 2018.
A visiter :
– Le site de Jeanette Andrews.
Crédit photos : David Linsell, Michael Sullivan, Nikki Hedrick, Saverio Truglia. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.