Après avoir grandi en Australie, Jean Hugard passa ses premières années à travailler comme employé de banque et conditionneur de viande. Il s’intéressa à la magie après avoir vu Louis Haselmayer effectuer des tours et son premier livre de magie fut Secrets of Conjuring and Magic du professeur Hoffmann, une traduction du livre de Robert-Houdin.
A 24 ans, son intérêt pour la magie l’amena finalement à monter un numéro sous le nom de Oscar Kellmann, puis Hugarde. Il fit ensuite cinq tournées en Australie et trois en Nouvelle-Zélande comme Jean Hugard. Il arriva aux Etats-Unis en 1916, déguisé en magicien oriental sous les traits de Chin Sun Loo et Ching Ling Foo, suivant la mode des magiciens « chinois », avec un numéro muet qu’il faisait tourner dans les music-halls.
Il ouvrit ensuite son propre théâtre à Coney Island, présentant de nombreuses illusions dans son spectacle intitulé « Jean Hugard et ses miracles modernes » de 1919 à 1926. En 1928, Il apparut dans The Squealer, un spectacle de Broadway donné au Forrest Theatre.
Un de ses tours favoris était celui qui consiste à attraper une balle tirée par une arme à feu (The Great Rifle Feat, bullet catch routine1), pour lequel Hugard invitait sur scène des tireurs d’élite volontaires avec leurs propres armes à feu et leurs balles, à tirer sur lui. Hugard n’étant protégé que par une étoffe de velours noir de 60 centimètres carrés avec un petit cœur rouge en relief brodé dessus. Il fut blessé une fois par ce tour, ayant plus de chance que son collègue Chung Ling Soo.
Hugard présentait également La naissance de la nymphe marine (vers 1920), où une femme apparaissait dans une huitre géante. Un tour inspiré par La naissance de la perle, inventé des années plus tôt, par William Ellsworth Robinson, alias Chung Ling Soo !
Hugard écrivit et publia plus de trente ouvrages sur la magie, qui restent des classiques dans ce domaine comme Close-up Magic for the Night Club Magician (1934), Coin Magic (1935), Encyclopedia of Card Tricks (1937), Expert Card Technique (1940) avec Frederick Braue, ou Houdini’s Unmasking (1957). Devenant aveugle durant les 6 dernières années de sa vie, Hugard édita, jusqu’à sa mort, sa revue Hugard’s Magic Monthly, qu’il avait lancée en 1943.
Note :
1 « L’homme invulnérable » est généralement crédité au magicien, maître écuyer et fondateur du cirque moderne, l’anglais Philip Astley en 1762 (même si on en trouve des traces en 1631 avec un magicien nommé Coulen, décrit par le révérend Thomas Beard).
Cet article a été publié pour la première fois dans le MAGICUS magazine n°212 (juillet-août 2018). Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : State Library of Victoria et Collection S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.