Création et interprétation : Bertran Lotth. Direction artistique et mise en scène : Raphaël Navarro. Consultants en magie : Nestor Hato et Christophe Minaud. Musique : Nino Vella.
Bertran Lotth est le magicien résident du Futuroscope1 depuis 2002 dans son théâtre IMagic. Son précédent spectacle IMagic avait été créé en 2012 et mis en scène par Arthur Jugnot. IllusiO2 créé en 2017, d’une durée de 30 minutes, est joué jusqu’à six fois par jour et environ huit cent cinquante fois par an !
Avant de rentrer dans la salle de spectacle, les enfants sont invités à faire leur plus belle grimace et d’envoyer leur photo, sur une adresse électronique, pour qu’ils aient une chance d’être sélectionnés pour réaliser un tour sur scène. Une fois installé, le spectacle commence avec l’arrivée d’une narratrice (interprétée par Angélique Philibert), sur un balcon côté cour, qui raconte l’histoire du petit Bertan Lotth, fan de voiture et de magie. Une vidéo nous montre une photo de lui enfant avec son père devant une voiture de course, puis la caméra dézoome et nous retrouvons Bertan endormi dans son lit, rêvant de magie et sortant d’une grosse boîte (chapeau et canne à la main). Sur scène se trouvent des éléments intérieurs d’une maison avec un lit, un cadre de fenêtre, des voilages, un abat-jour et une malle. Bertran Lotth est assis sur le lit et tout à coup, l’abat-jour se met à léviter, la fenêtre s’escamote dans les cintres et les voilages partent en coulisse, provoquant l’ouverture de la malle. On découvre à l’intérieur des photos accrochées, un costume de magicien et différents accessoires classiques de prestidigitation avec lesquels l’illusionniste exécute des tours : le foulard transformé en canne, les Anneaux chinois, etc.


Bertran Lotth se dirige ensuite au milieu de la scène derrière un écran transparent où l’on voit apparaître des traces virtuelles dans l’espace suivant ses mouvements. Il dessine une chaise avec son doigt et s’assoie en équilibre impossible dessus. Il dessine ensuite une voiture et celle-ci apparait en vrai sur scène ! Deux spectateurs volontaires, un homme et une femme (des comédiens que l’on découvrira complices) sont invités sur scène à vérifier deux grosses boîtes montées sur un socle sur roulettes. S’en suit des moments comiques avec l’homme, complètement à l’ouest, qui craque son pantalon dans l’entre-jambe en essayant de retenir une boîte qui se faisait « la malle ». Pendant que les deux compères sont occupés à vérifier le matériel, Bertran Lotth rentre secrètement dans l’une des boîtes par le devant de scène. La deuxième boîte est placée dans la première, comme une boîte gigogne, grâce à un câble élévateur. On aperçoit la main du magicien qui dépasse d’une trappe et tout à coup, c’est la narratrice qui apparait à sa place et Bertran Lotth surgit en haut du balcon à cour.

Sept enfants sont choisis, parmi les participants du jeu des grimaces (réalisé en préambule dans le hall d’accueil). Une fillette sélectionne des visages sur la tablette de magicien, qui sont aussi retransmis sur un grand écran. Le groupe d’enfants monte sur une passerelle surélevée du sol au milieu de la scène, accompagné du couple de comédiens. Bertran Lotth annonce que tout le monde va voyager vers une destination au choix d’un enfant ; ce sera l’Italie. Alors, un voile est monté autour de la structure et en moins de dix secondes les faisceaux des lampes torches s’éteignent et tout le monde disparait ! On voit une projection vidéo du groupe en Italie (en toile de fond) avec des glaces à la main.
Bertran Lotth invite une petite fille à le rejoindre sur scène et lui confie une télécommande d’un petit avion qui vole au-dessus des spectateurs dans la salle et sur la scène pour ensuite disparaître en coulisse et laisser apparaître en vrai avion au milieu du plateau. La porte de l’appareil s’ouvre et tous les enfants « disparus » sortent de l’avion accompagnés des deux adultes et de pizzas. C’est la fin de ce petit spectacle très bien construit avec une variété d’effets, de répertoires et un fil conducteur scénarisé simple mais impactant qui parle à toutes les générations de spectateur. Une réussite artistique.
Notes :
1 Le Futuroscope est un parc d’attractions unique en son genre, créé en 1987, ayant pour thème les technologies, la science et l’innovation centré sur des expériences immersives et sensorielles de l’image. De jour comme de nuit, le site ne brille pas par son esthétique bétonnée assez laide, ne laissant pas beaucoup de place aux espaces verts. À première vue, on se croit dans un parc d’attractions des pays de l’est dans les années 1980. La Gyrotour (une tour panoramique et rotative qui s’élève à 45 mètres de haut) accentue encore plus cette impression de grisaille ambiante. Passée cette première impression, la majorité des attractions sont aussi déconseillées aux personnes ayant le vertige, le mal du transport, des problèmes cervicaux ou musculosquelettique, des problèmes cardiaques, en situation de handicap, aux femmes enceintes… de nombreuses restrictions qui réduisent l’accès à pas mal de personnes. Le parc avec ses vingt attractions et ses trois spectacles offre une expérience mitigée, du très bon à l’anecdotique.


Parmi le meilleur : L’Extraordinaire voyage (2016), véritable merveille visuelle et olfactive autour des cinq continents, les pieds dans le vide devant un immense écran incurvé. Chasseurs de tornades (2022), un blockbuster 100% français qui embarque les spectateurs dans une salle circulaire à plateau rotatif incroyable, constituant le plus grand écran LED indoor au monde. La machine à voyager dans le temps (2013) des Lapins Crétins (développée par Ubisoft) est un parcours drôlissime dans l’histoire de l’humanité revisitée avec humour et subtilité aussi bien pour les petits que pour les grands. Étincelle : La Malédiction de l’Opale Noire (2023), est une superhéroïne française qui va combattre le méchant Ténèbre dans une projection d’un court métrage en 4D (avec lunettes) tout à fait original et rafraichissant, mettant en lumière les premiers superhéros français au début du XXe siècle.


Au fils des années, et après la baisse de fréquentation liée au Covid, le parc a été obligé de se diversifier avec des manèges à sensations type roller-coster comme le sympathique Objectif Mars (2020), une Danse avec les robots (2012) très ludique sur les rythmes du DJ Martin Solveig, ou la renversante visite de la Maison à l’envers (2023). Les spectacles « vivants » mélangés aux technologies de l’image sont inégaux. Du ratage artistique d’Eclipse (un robotic show avec mapping vidéo, laser, danse et robot perdu dans une salle démesurée) à l’excellent IllusiO de Bertran Lotth, en passant par l’honnête son et lumière (aquatique et pyrotechnique) du soir La Clé des Songes. À noter enfin l’ouverture en juillet 2024 d’un centre aquatique novateur l’Aquascope où les baigneurs évoluent dans des projections d’images grâce au mapping vidéo.
2 IllusiO, un destin magique, a été élu Meilleur Grand Spectacle de magie de la saison en 2017 par la Fédération Française des Artistes Prestidigitateurs (FFAP).
Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Bertran Lotth / Parc du Futoroscope / S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.