Extrait des Aventures comiques par J.H.M (Marseille, imprimerie de Baudillon, 39 rue Coutellerie).
Ça ne tient plus un fil au bout de quatre jours. Qu’il soit comme il voudra, travaillez-le toujours. En effet, le fripier me prit soudain mesure. Vous me le promettez ? Pour demain je vous jure. Je sors, mais en jurant comme un vrai-possédé contre les scélérats qui m’avaient attrapé. Réfléchissant tout seul à mon cruel malheur.
J’arrive en promenant près d’un escamoteur. Il avait rassemblé, avec un vieux tambour, quantité de bourgeois placés à son entour. Afin de mieux voir, j’approche dans la foule. Je vis escamoter une petite boule.
Je m’étais approché, j’étais placé très-bien. Je me crevais les yeux et je ne voyais rien. Je m’écrie à l’instant : oh c’est inconcevable ! Je crois que ce faquin fait pacte avec le diable ! C’est un maudit sorcier qui s’amuse en ces lieux et qui nous jette à tous de poudre-dans les yeux.
Mais quoi ? Ce n’est pas ça. Grand Dieu ! Quelle épouvante. Je tâte mon gousset, ma montré, elle est absente !
Satre coquin de sort ! Vit-on chose pareille ! Il n’est donc plus permis de rester dans Marseille ? On vient de me souffler une montre de cuivre qui valait pour le moins plus de vingt-une livre.
Oui, c’était un bijou. Rien ne là dérangeait. Elle semblait de l’or quand on la fourbissait. Même le sacristain, qui près de chez moi loge, venait me l’emprunter pour régler son horloge. Un chacun me vantait ce bijou sans pareil. Qui, par un cas fortuit eût réglé le soleil. Et dans Marseille il faut qu’un fripon me l’enlève !
Ah ! S’il ne me la rend, de désespoir je crève. Té, té, té, suis-je sot d’avoir tant de chagrin. Voilà comment on est quand on est pas plus fin. A présent je vois bien que notre escamoteur m’a joué ce tour-là pour faire son farceur. Allons, que je lui dis : finissons de jouer parce que vous pourriez la faire déranger.
Ce n’est pas un objet qu’on trouve de rencontre. Ainsi dépêchez-vous à me rendre ma montre. Savez-vous le coquin ce qu’il me répondit ? Que j’étais un vieux fou, que je perdais l’esprit. Qu’il n’avait point touché ni montre ni pendule et de me retirer vu que je le canule.
Je soutenais toujours, vu que j’avais raison. Mais tous les assistants me soutenait que non. Je m’éloigne aussitôt de cette forêt noire car ils s’entendaient tous comme larrons en foire. Pour passer mon humeur et guérir mon envie, Je décidais de voir un peu la comédie…
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