Extrait de L’Illusionniste, N°6 de juin 1902
Henri Gallici est le dernier survivant de cette race d’artistes nomades qui descendent en ligne directe des bateleurs du moyen âge. Fils de Pietro Gallici, neveu de Loramus, le sujet de notre courte esquisse naquit à Dax en 1868, et nous avons tout lieu de supposer qu’une boîte à double fond remplaça pour lui le chou traditionnel. Apprenant à lire dans un livre de physique, au milieu des appareils, H. Gallici ne faillit pas aux espérances paternelles. Après des études à Paris, il débuta au théâtre à l’âge de quinze ans. Reprenant le répertoire de ses ancêtres, il le modernisa et ne tarda pas à acquérir une grande adresse et à devenir un artiste consommé, aidé en cela par une grande facilité d’élocution et un esprit très subtil. Très travailleur, chercheur infatigable, a inventé et perfectionné grand nombre de tours. Marchant avec son époque, H. Gallici a monté son théâtre en conséquence, et il n’est pas exagéré de dire qu’il a su donner à son entreprise la richesse, l’élégance qu’exigent les goûts du siècle, tout en lui conservant un mysticisme archaïque qu’il est si difficile assimiler avec notre esprit réaliste. Le théâtre « Gallici-Ranci » (raison sociale qu’a pris l’entreprise après le mariage du directeur avec Mlle Rancy) est bien connu dans toutes les grandes villes de province où sa venue est toujours attendue avec impatience.
GALLICI exécutant une lévitation.
La prestidigitation, inutile de le dire, occupe toujours la place prépondérante dans le « Palace » et toutes les grandes illusions parues ces vingt dernières années y ont été présentées. Habile imprésario autant que prestidigitateur adroit, M. Henri Gallici sait grouper autour de lui des troupes composées des meilleurs artistes connus. Pour cette année encore, On nous annonce de nouvelles merveilles, entre autres l’apparition d’un grand truc d’illusion entièrement inédit, créé par M. Gallici en collaboration avec notre directeur Caroly. Les amateurs feront bien de ne pas perdre une occasion de rendre visite à ce second temple de la magie. Et que l’on ne me taxe pas d’exagération en donnant ce qualificatif à un théâtre démontable. Il ne faut pas oublier que c’est dans une caravane que notre grand Robert-Houdin a fait ses premières armes, que c’est là qu’a vécu Torrini, le maître du grand maître. Au reste, il suffit de voir entrer en scène M. H. Gallici, empreint de son cachet d’aisance parfaite et de bonhomie correcte, pour se convaincre que l’on a devant soi un homme du monde.
Note de Didier Morax :
GALLICI Henri Loramus, né le 4 janvier 1868 à Dax dans les Landes. Fils de Pierre Jean Antoine et de Catherine Dabain, son épouse. Ne pas confondre avec GALLICI Henri Loramus, mort à Marseille le 8 janvier 1950, époux de Sabine RANCY.
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