Extrait de la revue L’Illusionniste, N°106 d octobre 1910
Ce n’est ni le talent ni la célébrité qui règlent l’ordre dans lequel nous publions ici la biographie des prestidigitateurs; sans quoi il y a longtemps que serait venu, le tour d’Harmington qui fut pendant 5 ans le pensionnaire du théâtre Robert-Houdin. Tous ceux qui eurent l’occasion de le voir se souviennent de la gaité franche et communicative qui animait ses séances, si bien qu’il n’était pas rare de voir les spectateurs en rire encore sur le boulevard. Possédant une nature exubérante de méridional, sa verve, mise en valeur par le comique froid de Marius, contribuait beaucoup a son succès.
Charles Fauque alias Harmington en 1889 (Photo : Metropolitan museum of art).
Qui de nous ne se souvient du tour du Dessèchement cabalistique transformé par ces deux artistes en une farce épique. On se tordait tellement que les charges les plus audacieuses, les changements les plus risqués passaient inaperçus.
Ses dialogues avec Marius sont encore présents à mon esprit, à un certain moment l’artiste mécontent de son servant lui disait :
– « Allez au Diable. »
– Marius : « Je ne sais pas où c’est. »
– Harmington : « Je vais vous le dire… Vous sortez de scène, vous tournez à droite, vous descendez trois marches, vous en remontez huit, vous prenez le couloir, passez la sixième porte, en face montez l’ascenseur et traversez le souterrain ; vous rencontrez une mare vous la franchissez à la nage et vous trouvez derrière une porte sur laquelle vous lirez Belzebut. »
– Marius : « La Belle Zébut ? »
– Harmington : « Oui, c’est la allez-y . . »
Harmington et son assistant Jules David alias Marius (à gauche) en 1888 pour une expérience type cabine spirite.
On n’en finirait pas s’il fallait relater toutes les blagues dans lesquelles il excellait. Le théâtre Robert-Houdin a donné pendant le séjour d’Harmington des pièces magiques et comiques qu’il aurait été difficile de réaliser avec un autre artiste. Lorsqu’il quitta cette établissement, il entreprit de grandes tournées, accompagné partout du plus constant succès. Agréé à la présidence, fêté chez l’empereur du Brésil, comblé d’éloges chez le roi de Serbie, il peut montrer une énorme quantité de lettres et certificats élogieux attestant ses triomphes passés et qui nous font bien augurer de ceux que l’avenir lui réserve encore.
J.C
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