Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Je travaillais en radio sur Voltage quand un animateur nommé Laurent Artufel m’a fait le tour du FP avec un simple foulard. On était en 2000. J’avais 28 ans et j’étais à l’antenne tous les jours. Pendant une semaine je me suis creusé les méninges pour essayer de comprendre en vain et chaque jour il me le refaisait. A l’époque on n’avait pas encore le réflexe Internet pour aller voir la solution. Et même, je ne suis pas sûr que les débinages étaient déjà aussi facilement accessibles sur la toile.
Au bout d’une semaine de recherche et de propositions farfelues il m’a expliqué le truc. J’ai été tellement déçu. Je n’avais jamais eu de boite de magie. Jamais je n’ai fait de tours de magie à mes amis. Bref complètement novice candide et très très déçu donc. Et là, il me dit mais c’est pas le truc qui fait le tour c’est la présentation. Je me suis dit : je présente tous les jours des émissions. Si le truc est aussi simple, à moi les tours de magie.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Je me suis précipité dans une boutique à l’enseigne historique mais l’accueil a été tellement glacial que je me suis demandé si je pourrais un jour intégrer ce milieu. Puis je suis allé chez Carlos Cardoso qui tenait une boutique de trucs et astuces. Il m’a accueilli à bras ouverts avec son associé de l’époque Stéphane Corréas. Ils m’ont tout expliqué et tout appris. Je passais des après-midi entier dans le magasin. J’ai tout acheté. Puis je me suis lancé directement dans le grand bain du table à table.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Ensuite je suis allé chez Magic Dream. J’ai fait beaucoup de rencontres intéressantes avec des gens ouverts d’esprit. J’ai encore une fois tout acheté chez eux. J’étais boulimique de savoir magique. Et ma décision était prise, je voulais devenir magicien pro. Mais étant perfectionniste et surtout très en retard niveau savoir je passais mes journées et mes nuits à enchainer les DVD de L&L Publishing.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je suis fier de dire que je pense avoir travaillé vraiment dans toutes les conditions. En 2008 avec la fameuse crise, j’ai perdu beaucoup de client. Je me suis donc remis en question. Puis un ami m’a invité à venir voir sa pièce de théâtre. Le soir même j’ai sympathisé avec le directeur de l’établissement qui me proposait de venir faire un essai. Mental Expert était né.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
David Copperfield. Quelle claque. Cet homme a tout compris.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime la magie décalée et loufoque, comme Amazing Jonathan ou Otto Wessely. Mais j’aime aussi les beaux numéros de colombes. Je suis un fan absolu de Marko Karvo et de Lance Burton. Ils ont des présentations à l’opposé de la mienne mais tellement magiques.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je trouve que les magiciens sont trop axés sur le truc. Ils font la présentation du truc puis la réalisation du truc et enfin l’examen du truc. Ça me fout en boule quand j’entends un mentaliste demander qu’on vérifie que son dictionnaire est un vrai. Ça doit être implicitement interdit de faire examiner les trucs. On devrait en faire une règle d’or. Si Gandalf le Gris avait dit avant de faire écrouler le pont des mines de la Moria : « veuillez vérifier s’il vous plait que ce pont est bien solide. Sauter dessus à pieds joins si vous le souhaiter », ça aurait eu moins de gueule !
J’ai beaucoup regardé les DVD de L&L Publishing. Puis ensuite, lu énormément de choses dans les bibles du mentalisme. Et le travail de Harry Lorayne.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Je lui conseillerai de faire ses tours dans les pires conditions du monde. Au restaurant par exemple. Ça te fait progresser tellement vite.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Il y a énormément de possibilités avec l’électronique. J’aime la faculté d’adaptation et de recherche des magiciens. Ils sont en avance sur tout. Je ne suis pas du tout inquiet pour la magie. Elle saura toujours se renouveler car étonner notre prochain est une vocation humaine.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Les plus belles présentations magiques sont issues d’une grande culture générale ou même spécifique. Derren Brown en est le parfait exemple. Et j’adore les présentations de Christian Chelman qui avec une simple petite astuce ou forçage te fait partir sans espoir de retour.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Je lis beaucoup et pas seulement des livres de magie. Bien qu’en ce moment je suis sur le livre The green neck de Gabriel Werlen qui est extra. C’est tellement astucieux. J’adore.
– Interview réalisée en septembre 2018.
A visiter :
– Le site de Giorgio.
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