3ème journée française d’histoire de la Magie
La troisième édition du French Magic History Day se déroule dans un nouveau lieu : le théâtre Oh 20ème! , un espace très agréable et intimiste à la décoration ultra moderne. Nous notons tout de suite que l’évènement n’a mobilisé qu’une soixantaine de passionnés et parmi eux trop peu de jeunes.
1- APERITIF
Une fois tout le monde installé, un écran vidéo commence par diffuser quatre saynètes, réalisées par Jean-Luc Muller (Auteur du film Robert-Houdin, une vie de magicien), ayant pour sujet les numéros « spécial magie » de Pif Gadget.
Pierre Switon présente trois des six numéros spéciaux qui constituent, à l’époque, un « grand livre de la magie » pour le grand public, dont les effets sont décrits par Jean Delaude.
– Le passe-passe (1973) : un appareil en plastique où une pièce peut disparaître, apparaître ou se transformer en une autre grâce à un système de tirette. NdR : Jacques Delord reprendra cette routine en l’expliquant dans le Pif Gadget 396 sous le titre Sois magicien avec le passe-passe de Houdini en 1976.
– La vitre magique (1971) est une grande illusion miniaturisée tenant dans une poche. Elle reprend un tour du répertoire que certains magiciens présentaient encore dans les music-halls à l’époque : La glace de Belzébuth. Une carte est placée sur une vitre en plastique puis celle-ci est transpercée de part en part par un stylo. Après avoir retiré la carte trouée, la vitre est montrée intacte.
– L’imprimerie magique (1973) ou comment transformer une simple feuille de papier en un billet de banque. Le rêve de l’avare à la portée de tous. Un tour déjà expliqué par Robert-Houdin au XIXe siècle.
D’où viennent les gadgets magiques ?
Ils datent vraisemblablement du XVII et XVIIIe siècles, on peut les retrouver parmi les tours de physique amusante.
Par exemple on retrouve en 1694, dans le livre d’Ozanam, la trace du fameux tour du coquetier, (présenté dans un autre numéro de Pif gadget par José Garcimore).
Les assiettes aux pièces existaient dès la première moitié du XIXe siècle et deviennent dans Pif Gadget le plateau multiplicateur à apparition de pièces sous le nom de la soucoupe magique en 1973 par Jean Delaude et de la soucoupe de la fortune en 1976 par Jacques Delord.
Après cette petite mise en bouche sympathique et rafraichissante, Jean Merlin ouvre le bal en remerciant les partenaires ainsi que les personnes qui ont participé de près à la préparation de cette journée. En première ligne, Valérie, Solange Fechner, Bernard Bilis et Georges Proust.
Il nous annonce l’absence regrettée de deux intervenants importants: Mr. Proust et Friaut. Mais Jean Merlin qui a d’autres tours dans son sac nous réservera une surprise compensatrice au cours de la journée.
Il précise enfin que les exposés seront volontairement un peu « survolés », cette journée se voulant une projection foisonnante de beaux souvenirs dans le style « Affiches » sans entrer dans les détails.
– Richiardi Junior
Avant d’attaquer le programme officiel, Jean Merlin nous propose une vidéo d’Aldo Richiardi Junior dans son fameux numéro de suspension sur un balai. Nous apprécions le travail de mise en scène et constatons que chaque geste est justifié pour rendre l’effet vraiment magique et impossible. Ce numéro scénarisé est un modèle de détournement d’attention dans lequel les détails et le rythme ont une importance capitale.
2- DOUG HENNING
Jean Régil, en grand passionné communicatif, présente Doug Henning avec de nombreux extraits vidéo de ses shows télé inédits.
C’est à six ans que ce canadien décide de devenir magicien. A quatorze ans, il présentait déjà des spectacles dans les écoles. Il obtient ensuite une bourse pour étudier la magie, prend des cours avec Tony Slydini et Dai Vernon, pas moins, et produit son premier show nommé Spellbound à Toronto. Si le spectacle bat des records d’entrées, l’ensemble reste approximatif. C’est alors que des producteurs new-yorkais le repèrent et lui proposent de monter un grand show.
Ce sera The Magic Show, une comédie magique et musicale influencée par Hair qui fait un tabac sur Broadway pendant quatre années. Grâce à Doug Henning, la magie de scène redevient une affaire viable.
– Extrait vidéo (montage) du spectacle The Magic Show. Le tout jeune Doug Henning est en compétition avec un vieux magicien ringard qui lui donne comme conseil d’« avoir du style ». Un producteur doit ainsi choisir entre ces deux personnalités. En décidant d’être lui-même, Doug gagne la bataille et l’amour d’une fille.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic (1975) : Pour sa première apparition à la télévision, Doug Henning réalise en direct une manipulation extrêmement difficile filmée en gros plan. Une pièce qui disparaît de sa main sur un principe de John Cornelius.
Avant de monter sur scène l’artiste gérait son stress en pratiquant la méditation transcendantale !
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic (1978) : Henning fait apparaître une petite malle dans ses mains montrées vides, puis une grande malle apparaît sur une table en bois massif (John Caughan). De la malle sort Brooke Shields (Box production).
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic : Celestial Elevator. Apparition de Doug Henning dans un ascenseur (Jim Steinmeyer).
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic : Anamorphose. Sur une table est dessinée une anamorphose géante. Un tube réfléchissant est placé au centre de l’illusion pour en reconstituer l’image. Le tube est retiré et laisse apparaître Doug Henning (sur un principe de Guy Jarrett).
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic : Sur le thème de l’enfance, Doug Henning joue dans des saynètes où s’enchaînent les illusions construites par John Caughan dont :
Le manche d’un balai qui devient une canne volante.
Une formidable apparition d’une danseuse dans une structure représentant une étagère et des boites de jeu.
La routine de foulards dansant de Ralph Adams.
L’illusion du toboggan, où la danseuse adulte se transforme en petite fille.
La cabine à réduction, où Doug Henning adulte redevient enfant.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. Mime et magie dans un numéro en duo avec un mime professionnel qui est « manipulé » par le magicien, Henning lui-même prenant vie d’une affiche promotionnelle.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. NB : Doug Henning a été le pionnier dans l’utilisation des grands écrans pour proposer à de grandes salles des effets de close-up comme la reconstitution d’une feuille de cigarette.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic (1978). Le show n° 4 aura été le plus catastrophique en incidents de tous genres : la disparition ratée d’un gong et de Doug Henning himself, puis une apparition finale d’animaux éprouvante pour les pauvres bêtes !
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. Transformation de Doug Henning en requin dans un aquarium géant.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. Jarrett box. La spectaculaire apparition de vingt et une pom-pom girls et d’un invité surprise dans une cabine. La subtilité d’utiliser des pompons pour occuper apparemment plus de place renforce l’impossibilité du tour.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. Transformation d’une personne dans un tissu tendu sur scène. Effet idéal pour débuter un show permettant l’apparition du magicien ou d’un invité à peu de frais. Cette grande illusion est décrite dans le livre Greater Magic de John Northern Hilliard (1938)
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. L’aiguille à travers le ballon.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. Le nœud qui se déplace de Paul Curry. Une spectatrice est invitée à couper une corde tendue par deux assistants. Un nœud est constitué à l’emplacement choisi librement. Le nœud se déplace alors magiquement sur la corde et est ensuite défait.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. Le bouchon sauteur de Fred Kaps.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. Réflexion d’une pièce de Paul Harris.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. Chink a Chink avec des coquillages et en final l’apparition de « Georges » une mini tortue.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. Le billet dans le citron. Un billet emprunté, signé, est mis dans une enveloppe. Celle-ci est brûlée avec le billet à l’intérieur. Un citron attaché à un parachute descend ensuite du haut de la scène. Le magicien coupe le citron en deux et retrouve le billet emprunté.
– Extrait vidéo de l’émission World of Magic. Une boite est ouverte et contient une autre boite qui se révèle être de la même taille que la première. Ensuite la boîte initiale est placée dans la deuxième. Contenant et contenu sont interchangeables. Une création de Lubor Fiedler. Et pour finir, c’est une femme qui sort de la boîte.
JEAN REGIL
Jean Régil exécute en direct un tour que présentait Doug Henning. Trois bagues sont empruntées dans la salle et placées sur un plateau. Elles sont ensuite détruites et retrouvées au milieu d’un petit pain. Ce pain était situé dans une malle suspendue au regard de tous et entourée d’un ruban. Pour compliquer un peu, le ruban traverse la malle et les bagues ! A la fin, le ruban est coupé et chaque segment est noué autour de chaque bague. Celles-ci sont authentifiées et redonnées aux spectateurs.
3- ORSON WELLES : The Magic Show (1976 – 1982)
Merlin nous propose de visionner le Magic Show d’Orson Welles, un montage de vingt-six minutes regroupant des saynètes magiques qui devaient, à l’origine, constituer un film entier. Nous devons à Oja Kodar, la femme d’Orson Welles, cette exhumation de films inédits qui nous éclairent sur la passion du cinéaste à l’égard de la reine des arts.
Ici, les tours classiques du répertoire sont mis en scène d’une façon intelligente. Chaque illusion est traitée comme un court-métrage. Nous apprécions la mise en scène, le scénario ainsi que le jeu de l’acteur qui sont pensés dans les moindres détails et laissent le spectateur hypnotisé. Il faut dire que le talent de conteur du réalisateur y est pour beaucoup.
– Lire le compte-rendu complet du Magic Show dans le dossier consacré à Orson Welles.
4- FLIP
Flip dans les années 1970
Jean Merlin nous avait promis une surprise pour pallier aux absences de certains intervenants. Celle-ci fut de taille puisque le grand Flip lui-même a accepté à la dernière minute de venir nous présenter quelques tours de sa nouvelle conférence. (Juste après son passage sur la péniche de Jean Madd).
Le thème étant le flexing, une nouvelle sorte d’effets praticables debout combinant le sleeving et le pocketing sans préparation.
La devise « pack small, play big », c’est-à-dire faire de la magie avec un minimum de matériel pour un maximum d’impact a été respectée.
– Flip Stick
Flip commence avec une nouvelle routine d’apparition et de disparitions utilisant son célèbre mouvement de baguette magique, qui peut être substituée par une flûte ou par tout autre objet longitudinal. Il nous raconte d’ailleurs qu’il a trouvé sa fameuse passe le Flip Stick Move en manipulant un pinceau en bambou quand il étudiait la peinture aux Beaux-arts, il y a de cela… plus de quarante ans !
Les effets s’enchaînent donc à cent à l’heure dans une chorégraphie où chaque mouvement est étudié créant ainsi des temps faibles et des temps forts nécessaires à la fluidité globale. Les petits mouvements sont cachés par des grands pour réaliser des disparitions incroyables comme celle avec le foulard. Ici le mouvement en spirale est allié au Stick Move. Flip s’autorise même un passage « baguette zombie » et finit par la baguette qui rétrécit et disparaît complètement. A la fin de cette routine, il est reset pour la table suivante !
– Foulards
Voici une routine d’enchaînements d’effets classiques dus à Dai Vernon, G.W. Hunter et également décrits dans le Tarbell Course in Magic .
Flip présente un foulard orange (de la couleur de l’équipe de foot Hollandaise) qui se dédouble. Les deux foulards sont noués ensemble puis dénoués magiquement par l’intervention de deux spectatrices invitées sur scène (par un « coup de karaté » et par un souffle magique). Flip réalise ensuite sur le foulard un nœud sans lâcher les bouts puis un nœud instantané. Il finit par une transposition de nœuds dans le dos des deux spectatrices.
– Corde
Sur le thème de la corde à sauter, Flip exécute une routine où le nœud se déplace magiquement.
– Corde-anneau
La routine que Flip présente depuis quarante ans avec quelques passes nouvelles.
Référence : Flip’s Truly Magical Rope Magic (L & L Publishing, 2002).
5- LES APPAREILS HISTORIQUES par Jean Merlin
– La tourterelle savante est un automate à pédales du XIXe siècle fabriqué par Alexandre Roujol, le célèbre marchand de trucs de l’époque. Le modèle que nous présente Jean Merlin est l’original et a appartenu à J-E Robert-Houdin. Ce tour redeviendra à la mode en 1936 lorsque Laurie Ireland (le magicien et marchand de trucs de Chicago) commercialisera une version intitulée Otto, the Automaton Duck.
Après avoir fait choisir une carte, le magicien place le jeu dans un compartiment à hauteur de la tourterelle. Le mécanisme actionné, celle-ci attrape dans son bec la carte choisie.
L’automate sera décliné dans le temps en canard pêcheur de carte. Un tour qui faisait partie du répertoire de nombreux magiciens.
– La quille au verre bleu (1830) est un tour de transposition qui donna naissance à l’effet Le Dé au chapeau.
Merlin nous fait une présentation décalée et surréaliste de ce tour sans queue ni tête constitué d’une quille rouge, d’un verre bleu, d’un verre d’eau, d’un cornet, d’une soucoupe, d’un chapeau claque, d’un citron et d’un sous-bock (donc effectivement sans queue ni tête). Un méli-mélo proche des expériences de physique amusante.
On retrouve une version décrite par Caroly sous le titre La Quille, la balle et le verre d’eau dans le numéro 103 de l’Illusionniste de juin 1910.
Le principe utilisé donnera également naissance aux bouteilles passe-passe.
6- LA SAGA DES TOURTERELLES par Jean Merlin
De tout temps, les magiciens se sont fortement inspirés, voire ont copiés et imités leurs confrères jusqu’à en devenir des clones.
NdR : Ricky Jay lui–même a dit en 1993 qu’ « on ne peut prétendre être un bon magicien sans connaître l’Histoire de notre profession, et qu’il n’existe pas de nouveaux tours sous le soleil mais uniquement des variantes. »
Riche de cette observation, c’est au travers du numéro mythique de tourterelles de Channing Pollock que Jean Merlin commence son exposé. Ou plutôt montre comment ce numéro novateur a déclenché une avalanche de copieurs en tout genre, avides de reproduire le succès du magicien américain.
Channing Pollock dans Judex de Georges Franju.
Pour illustrer le sujet, Bernard Bilis a exhumé des vidéos introuvables. Merci à lui pour ces archives inédites qui nous permettent de découvrir ou redécouvrir des artistes oubliés et non moins talentueux.
– Silvan
D’origine italienne, Silvan travailla entre autre au bal du Moulin Rouge puis à l’Alhambra de Paris.
Avec sa posture hiératique et ses gestes très lents, nous observons les maladresses de Silvan dans ses apparitions de colombes. En revanche il manipule remarquablement les cartes en exécutant notamment un joli back and front.
– Harry Vendryes
Homme aux mains incroyables, avec des doigts d’une longueur vertigineuse qui permettent à Vendryes de manipuler ses tourterelles d’une manière déconcertante. Il est le premier à jouer avec une tourterelle, placée sur un anneau qui est transformé en carré. Dans cet extrait de la Piste aux Étoiles, il exécute également une routine de foulards XXe siècle et des apparitions de flûtes de champagne.
– Shimada
Ce serait la réplique japonaise de Pollock. Des gestes lents et sûrs doublés d’un final unique avec la disparition de deux tourterelles transformées en deux foulards. Dans le même numéro, il pratique une routine de cigarettes et de foulards ainsi qu’une remarquable production de cartes.
– Kazuo Hatta
Ce japonais était le préparateur de Shimada. Il s’est spécialisé dans la magie du feu. Il a travaillé un temps à l’Olympia avec Jean Merlin qui lui a fabriqué une partie de son matériel de scène (le parapluie en feu et le support à coupelles). Ses apparitions de tourterelles lancées sont originales. Il commençait son numéro par les gants en feu avec des flammes incroyables et durant un long moment. Ensuite il faisait apparaître ses colombes et continuait par l’apparition de coupelles enflammées derrière des foulards ! Il réalisait également la réduction puis la disparition d’un éventail et des multiplications de bougies excelsior entre ses doigts avec de très grandes bougies.
– Lance Burton
Le tout jeune Lance Burton fait preuve d’une assurance remarquable dans ce numéro de scène où il ne regarde jamais ce qu’il fait ! En « hypnotisant » son public, cette gueule d’ange exécute parfaitement l’apparition des tourterelles et la transformation de la bougie en colombe (reprise de Kasuo Hatta). Vient ensuite la production de bougies excelsior (Nous remarquons qu’elles sont beaucoup plus petites comparées à celles de Hatta), la production de cigarettes, de foulards et d’éventails de cartes pour finir sur une boule zombie.
– Toreno
Présenté par Jean Merlin comme le plus fort après Pollock, ce suédois arrivait sur la Piste aux Étoiles avec sa canne et son chapeau qui se transformaient en guéridon comme dans le numéro de Fred Kaps. Son idée de tenir une colombe en catalepsie dans sa main et de lui redonner la vie était d’une grande force poétique. Il réalisait aussi l’écharpe à la manche, des éventails de cartes qui changeaient de couleurs, le classique back and front et terminait par sa fameuse transformation de son écharpe en cape, un effet qui a aussi été repris aussitôt par plusieurs magiciens mais pas Salvano qui a également trouvé l’idée indépendamment.
– The Great Tomsoni et Pamela
Une version comique de manipulation de tourterelles indémodable et mythique. Le polonais Johnny Thompson, immigré aux USA, réalise avec sa partenaire un moment d’anthologie constitué d’images fortes comme la chemise qui dépasse de la braguette, la tourterelle qui s’exprime sur sa veste ou les chewing-gums collés sur son revers.
7- XAVIER MORRIS
Ce français d’origine italienne né à Monte Carlo, parle quatre langues. Il fut le leader français de la transmission de pensée pendant plusieurs décennies. A leur grande époque, X. Morris et sa partenaire Véronica travaillaient dans sept cabarets différents chaque soir ! Leur excellent numéro leur a permis de se produire dans l’Europe entière car ils pouvaient en plus présenter leur show en trois langues.
Jean Merlin et Pierre Switon font défiler les documents et photos inédites du couple et Xavier Morris commente rapidement.
On le voit dès l’âge de 24 ans avec un éventail de cartes. Un autre document le présente accompagné de sa partenaire et petite amie Véronique, qui s’appellera Véronica pour les expériences de transmission. Ils réalisaient aussi tous les deux un numéro de tourterelles. Et oui, c’était vraiment à la mode à l’époque !
En 1953, Morris présente une des premières versions aériennes de la carte à l’épée en Europe.
Référence : Dès 1769 nous trouvons une description de la carte retrouvée à la pointe d’une épée dans le livre de Gilles-Edme Guillot Les Nouvelles Récréations physiques et mathématiques , page 222. Dans cette première version, après le choix des cartes, le jeu est éparpillé par terre. On bande les yeux du magicien et ce dernier, tenant une épée dans chaque main (et un verre dans la troisième comme l’écrivit si bien Alexandre Dumas ou Eugène Sue) transperce les bonnes cartes.
Une photo le montre en train d’exécuter la classique disparition d’un poste de radio, au cours d’un spectacle de cabaret en plein air, ce qui était d’usage en Espagne et au Portugal à l’époque.
Petite anecdote inénarrable qui en fait l’est (narrable). Lors de son audition d’embauche, dans un cabaret espagnol, il lança en l’air l’étoffe recouvrant le poste. Celle-ci heurta le haut d’une tonnelle sur laquelle dormait un chat. Déséquilibré, ce dernier chuta et sembla donc apparaître à la place de la radio. Le directeur, un instant en pleine médusance*, re reprit et dit : « Parfait, vous êtes engagé. Mais surtout, n’oubliez pas de faire le coup du chat pour terminer votre numéro. »
* Ne cherchez pas ce mot, nous venons de l’inventer.
Vient ensuite les documents relatifs à leur grand numéro de transmission de pensée qu’ils ont présenté entre autre devant le prince Rainier III de Monaco et la princesse Grace Kelly. Xavier Morris a repensé les codes de l’époque, pour se constituer des temps d’avances et anticiper sur les affirmations du public et non sur leurs interrogations. Leur numéro y gagnait en intérêt et en rythme avec des effets qui allaient crescendo : une divination d’objet, de numéro de billet, des tests de pseudo psychométrie* avec cinq enveloppes, et plusieurs cartes devinées.
Le duo finissait par une incompréhensible télépathie directe utilisant un bottin téléphonique. Un spectateur était invité à choisir n’importe quel numéro dans l’annuaire et de l’écrire sur une ardoise gardée par lui. A distance, Véronica écrivait le numéro les yeux bandés, chiffre par chiffre. Xavier Morris, qui n’avait pas bougé depuis le début, faisait constater à la fin, les correspondances sans aucun geste suspect.
* Le terme Pseudo psychométrie a été trouvé par Ted Annemann. Son tour est décrit page 36 de sa revue The Jinx , numéro 9 de juin 1935 mais l’effet est beaucoup plus vieux et vient sûrement des « spiritualistes ».
La rencontre, se finissant, Merlin annonce à Xavier Morris que Bernard Bilis a retrouvé un documentaire que l’on croyait perdu. Fort des ses relations télévisuelles et de ses contacts avec l’INA, Bernard Bilis comble l’assistance en présentant LE numéro de Xavier Morris et Véronica lors d’une Piste aux Étoiles dans les années 1960. La cerise sur le gâteau !
8- TOM MULLICA
En hommage à Tom Mullica, actuellement très malade, Jean Régil nous propose de redécouvrir ce grand comique à travers ses tours de close-up.
Tom Mullica qui est surtout reconnu pour sa routine de cigarettes, présentait jusqu’à trois séances de close-up par soir dans son bar, le Tom Foolery.
Voici les extraits :
– Routine de cigarettes avalées.
– Clip nous présentant le Tom Foolery bar.
– Saynète du chewing-gum et de la sculpture sur ballon.
Tom Mullica doit 50 % de son talent à l’acteur comique américain Red Skelton, lequel semble aussi avoir quelque peu influencé Fernand Raynaud.
Jean Régil nous remémore quelques numéros de Skelton à travers quatre documents :
– « Comment monter et descendre un escalier de différentes façons » (le mondain, le couple amoureux, le couple établit, le saoul, etc.) Par Skelton. Hilarant !
– « La vie d’une plante » mimée par Skelton.
– Une séquence avec Skelton et le tout jeune mime Marceau.
– Un sketch de Freddy the freeloader, le personnage créé par Skelton.
Pour terminer, Jean Régil évoque le dernier spectacle de Tom Mullica qui rend hommage à Red Skelton : Tribute to Red Skelton.
Le mimétisme est impressionnant entre les deux hommes. Tom Mullica incarne littéralement le comique et montre tout son talent d’acteur après s’être retiré du monde de la magie il y a une dizaine d’années.
C’est en pleine tournée 2009 que cet artiste hors norme s’est effondré sur scène, en pleine représentation. Souhaitons-lui du courage pour affronter cette terrible épreuve.
9- SURPRISE de Bernard Bilis
Pour clôturer la journée, Merlin remercie les participants et le public. Bernard Bilis monte alors sur scène et nous offre une dernière surprise qui vise directement Jean Merlin : un document rarissime sorti de sa malle magique nous présentant le jeune Merlin exécutant une routine de dés à jouer, amalgame de passes empruntées à Georges Schlick, John Scarne (Stars of Magic) et Dai Vernon. On y voit même Georges, le père d’Antoine de Caunes.
Référence : page 227 du livre The Jean Merlin’s Book of Magic illustré par James Hodges. 1995. Mephisto Edition.
A lire :
– Le JEAN MERLIN MAGIC HISTORY DAY 4
Crédits photos – Documents – Copyrights : Jean Merlin et S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayant droits, et dans ce cas seraient retirés.